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Un homme de Mont-Saint-Martin entre la vie et la mort : un tir du Raid en cause ?


L’homme de 25 est actuellement à l’hôpital Saint-Joseph à Arlon. Photo : Claudy Petit 

Un homme de Mont-Saint-Martin est dans le coma à l’hôpital d’Arlon. Il aurait été la victime d’un tir du Raid. Sa famille rejette l’amalgame avec les émeutiers.

Aimène Bahouh, un homme de 25 ans résidant à Mont-Saint-Martin (France), est actuellement entre la vie et la mort à l’hôpital Saint-Joseph à Arlon. Il a été gravement touché à la tête par une munition non létale, en marge des violences urbaines qui secouaient cette ville de Meurthe-et-Moselle, indiquent nos confrères de France Bleu Lorraine Nord.

Il pourrait avoir été victime d’un tir de « bean-bag » d’un policier du Raid. Aimène Bahouh, 25 ans, se déplaçait en voiture, vitre ouverte, « pour aller se ravitailler à la pompe à essence au Grand-Duché de Luxembourg » après sa journée de travail, lorsqu’il « a reçu un projectile du Raid, un bean bag sur la tempe » dans la nuit de jeudi à vendredi, a déclaré un membre de sa famille.

Celle-ci « rejette tout amalgame entre Aimène et les émeutiers ». « C’est quelqu’un qui travaille, il fait 40 heures par semaine en tant qu’agent de sécurité au Grand-Duché de Luxembourg, ce n’est pas du tout un délinquant », a affirmé la même source.

La même nuit, le jeune homme a été opéré « pendant près de six heures » à l’hôpital d’Arlon, situé à deux kilomètres de Mont-Saint-Martin, les émeutes et les mauvaises conditions météorologiques cette nuit-là n’ayant pas permis son transfert par hélicoptère au CHRU de Nancy. Il a depuis été placé dans un coma artificiel.

« J’espère qu’il restera parmi nous, mais nous avons peur qu’il garde des séquelles », a confié un proche. Sa famille a donc porté plainte pour « violence volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique ». Son avocat, Me Yassine Bouzrou, veut ajouter une plainte pour « tentative d’homicide volontaire » et demander l’ouverture d’une information judiciaire.

Balle perdue ou pas ?

Après une précédente nuit émaillée par des destructions, « le Raid était présent en protection des personnes et des biens et avait été pris à parti, destinataire de jets de pierres, a déclaré la procureure de Val-de-Briey, Catherine Galen. Dans ces circonstances, le Raid a fait usage d’armes intermédiaires, des LBD et des lanceurs de bean-bags ».

« Est-ce une balle perdue ou un tir parce qu’on soupçonne des auteurs de violences urbaines, cela reste à déterminer, a-t-elle ajouté. On est sur une scène de nuit, avec de nombreux tirs, des jets de lacrymo, des mortiers, ça reste confus. À la fin de son intervention, le Raid ne savait pas qu’il y avait une victime grave ».

Enquête confiée à l’IGPN

Une enquête a été confiée le vendredi 30 juin à l’antenne de l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) de Metz. D’autres personnes ont également été blessées plus légèrement par des tirs selon des témoignages obtenus, confirmés par le parquet.

Selon la procureure, Aimène Bahouh n’était pas connu de la justice. La famille a tenu à saluer « l’écoute » dont elle a bénéficié auprès du personnel judiciaire et auprès des policiers du commissariat local. Elle a réclamé que « justice soit faite » et a appelé à « l’apaisement ».

Selon une étude de l’Université du Texas publiée en septembre 2020 par le New England Journal of Medecine, les « beanbags », en français « sacs de pois », sont des munitions « censées être moins létales et qui ne devraient pas causer de blessures pénétrantes lorsqu’elles sont utilisées à des distances appropriées ».

Mais elles « peuvent causer des dommages graves et ne sont pas appropriées pour une utilisation dans le contrôle des foules », soutiennent les universitaires. « Il existe un risque de mort inhérent à l’usage de ces armes, explique l’universitaire Paul Rocher, auteur de »Gazer, mutiler, soumettre. Politique de l’arme non létale ».

Le caractère soi-disant non létal de l’arme incite à une utilisation moins prudente et plus abondante, rendant ces munitions plus dangereuses que par exemple les balles en caoutchouc ».

« Justice pour Aimène », a réclamé dans un communiqué Martine Etienne, la députée (LFI) de la circonscription, dénonçant un tir « sans sommation », sur une personne ne présentant aucun « danger apparent ».