Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Jean-Marc Schlink (caves Schlink, à Machtum) est le premier vigneron luxembourgeois à s’être lancé dans les vins sans alcool. Après un premier vin tranquille l’année dernière, il vient de sortir un mousseux.
Le produit
Pour l’instant, il s’agit d’une niche, mais elle semble faire son trou sur le marché mondial du vin et l’offre en vins sans alcool ne cesse de s’élargir. «C’est en rendant visite à des amis vignerons allemands que je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose à faire, explique le jeune vigneron. Ils sont de plus en plus nombreux à produire des vins sans alcool. J’en ai goûté, certains n’étaient pas vraiment ce que j’ai pu boire de meilleur, mais d’autres possédaient des qualités quand même très intéressantes.»
Qu’un vigneron produise du vin sans alcool peut sembler étrange au premier abord, car l’alcool n’est pas que la porte vers l’ivresse, il est aussi un élément essentiel qui contribue à l’équilibre gustatif et à l’expression des arômes. Mais une tendance « NoLo » (contraction de « no alcohol/low alcohol ») émerge un peu partout, portée principalement par la jeune génération. C’est aux États-Unis qu’elle est la plus répandue, mais l’Europe s’y met également, petit à petit. En France, depuis 2021, elle augmente de 4 à 5 % chaque année et les spécialistes s’attendent à ce que ce rythme perdure.
Et il n’y a pas que les jeunes. «Dans ma famille, plusieurs personnes ne peuvent plus boire d’alcool à cause de traitements médicaux et ces vins sont pour elles une nouvelle alternative, une opportunité de retrouver des goûts auxquels elles n’avaient plus accès», illustre le vigneron. Les femmes enceintes, les personnes souhaitant respecter un interdit religieux… : voilà d’autres consommateurs potentiels.
Mais comment arrive-t-on à produire du vin sans alcool ? Tout d’abord, il faut faire du vin le plus normalement du monde et réfléchir à l’assemblage. «Pour la première cuvée, j’ai utilisé des cépages fruités, avec de la fraîcheur et de l’acidité : du riesling, du chardonnay et du gewurztraminer», précise le vigneron qui a changé son fusil d’épaule pour la nouvelle cuvée. «Le dernier vin est complètement différent, c’est en faisant qu’on apprend et grâce à l’expérience acquise, j’ai adapté mes choix, glisse-t-il. Cette fois, l’assemblage comprend beaucoup plus de cépages et je trouve que le vin est encore meilleur, plus vineux ! Il faut dire que ce millésime était bien plus favorable que le précédent.» C’est cette cuvée qui est aujourd’hui en vente.
Pour éliminer l’éthanol (la molécule de l’alcool), Jean-Marc Schlink a choisi la solution de la désalcoolisation sous vide à basse température. Le vin est chauffé à 30 °C environ et le fait d’être sous vide permet d’obtenir rapidement le point d’évaporation de l’alcool, plus volatil. Cette étape est réalisée par une firme allemande située dans le Rheingau. L’évaporation provoque la perte de 10 à 15 % du volume de vin, ce dont il faut tenir compte dans la composition de l’assemblage initial.
Cette année, pour la première fois, Jean-Marc Schlink a aussi produit un vin mousseux. Il a élaboré un assemblage spécifique, bien différent du vin tranquille, l’a fait désalcooliser selon le même procédé, puis le vin a été gazéifié.
Le producteur
Jean-Marc Schlink a repris le domaine familial en 2021, succédant à son père René. Les caves Schlink se trouvent à Machtum, au nord de la Moselle luxembourgeoise. Sa Wäistuff (bar à vin) Déisermillen, où l’on peut déguster toute sa production en regardant les péniches passer sur la Moselle, est toujours très fréquentée. Il faut dire que le domaine possède, à juste titre, une belle réputation. Il produit de jolis vins de terroir, ainsi que des crémants toujours très bien construits.
Les caves Schlink travaillent 12,8 ha de vignes, toutes plantées dans la moitié nord de la Moselle. Cette superficie va augmenter l’année prochaine puisque Jean-Marc vient d’acquérir 1,5 hectare de vignes à Machtum, contiguës à des parcelles qu’il possède déjà. «C’était une belle opportunité qu’il fallait saisir!», sourit-il.
Formé à la fois en France (lycée viticole d’Avize, en Champagne) et en Allemagne (Bernkastel-Kues), Jean-Marc Schlink est un des vignerons qu’il faut suivre au Grand-Duché. Créatif et rigoureux, il conduit avec talent une maison fondée en 1911.
Où les trouver ?
Comme toute la gamme, les vins sans alcool sont disponibles à la Wäistuff (85, route du Vin à Machtum), où il est également possible de les déguster. Elle est ouverte du mercredi au dimanche (et les jours fériés) de 14 h à 21 h. En journée et en semaine, on peut venir acheter les vins à la cave (1, rue de l’Église à Machtum) de 8 h à 12 h et de 13 h à 17 h.
On peut aussi se les procurer en passant par la boutique en ligne qui se charge de la livraison ou sur le site www.letzshop.lu.
Le vin tranquille sans alcool est également disponible dans les supermarchés Cactus. «Ils m’ont contacté dès la première publication sur les réseaux sociaux !», sourit Jean-Marc Schlink.
À retenir
· Pour la deuxième année, Jean-Marc Schlink produit un vin sans alcool à partir d’un assemblage spécifique. L’alcool disparaît en faisant chauffer le vin à 30 °C sous vide grâce à un outil spécifique. Les molécules d’alcool, plus volatiles, s’évaporent les premières. Cette année, un mousseux sans alcool complète la gamme.
· Les caves Schlink, fondées en 1911, sont une valeur sûre de la Moselle luxembourgeoise. Jean-Marc, au domaine depuis 2011, a pris la suite de son père René en 2021. Il possède 12,8 hectares de vignes, toutes situées dans la moitié nord de la Moselle luxembourgeoise. Une superficie qui va augmenter l’année prochaine.
· On peut se procurer le vin et le mousseux sans alcool directement à la cave ou à la Wäistuff (bar à vin) Déisermillen (entre Machtum et Grevenmacher). La boutique en ligne (www.caves-schlink.lu) et www.letzshop.lu sont deux autres options. Le vin sans alcool est également en vente dans les supermarchés Cactus.
