En 2023, la participation des femmes à la vie politique ne coule toujours pas de source : à l’issue des élections, les conseils communaux du pays restent à 70 % masculins.
Quelques semaines après le verdict des urnes, l’Observatoire des élections au sein du Conseil national des femmes du Luxembourg (CNFL) peaufine son analyse du scrutin communal du 11 juin. Si l’organisation, qui milite pour la parité femmes-hommes en politique, note une tendance encourageante sur certains points, elle dénonce surtout l’important retard du Grand-Duché en matière d’égalité au pouvoir.
Moins d’un tiers de femmes siègeront à la table des conseils communaux pour les six années à venir, loin d’une représentation égalitaire à 50-50. Mais il y a tout de même du mieux, puisque la part d’élues ne dépassait pas les 25 % en 2017. Le taux de réussite des candidates qui tentent leur chance, quant à lui, plafonne toujours à 22 %, soit l’équivalent de celui observé en 2017.
Parmi le positif à retenir, Monique Stein, responsable du service Politique communale d’égalité entre femmes et hommes au CNFL, souligne que, dans 42 communes sur la centaine que compte le Luxembourg, la part de candidates a dépassé les 40 %. La parité a même été atteinte à Strassen, Walferdange, Dalheim, Contern, Manternach et Beaufort. Le pourcentage global de femmes en lice a aussi grimpé dans la région Nord, passant de 25 à 31%.
«Certains partis et listes ont pris l’initiative de dépasser les 40 % de candidates en augmentant volontairement la participation féminine, ce qui est louable.» C’est notamment le cas du CSV, du LSAP, de déi gréng et déi Lénk, avec une conclusion implacable : «Les statistiques montrent que l’effort des partis pour augmenter leur nombre de candidates accroît la probabilité de voir plus de femmes élues. Cela est particulièrement marqué pour le LSAP et le CSV», ajoute-t-elle.
En revanche, beaucoup de partis et listes ont placé les femmes en minorité : dans 58 communes, elles représentaient moins de 40 % des candidats, quand certaines n’avaient tout simplement aucune femme candidate. Un reflet du retard accumulé en matière de participation des femmes en politique, estime Monique Stein, qui signale qu’en comparaison avec d’autres pays en Europe, le Luxembourg est clairement à la traîne : «Il est essentiel d’identifier les causes de cette lenteur et de trouver des moyens efficaces pour encourager l’intérêt des femmes pour la vie politique», revendique-t-elle, insistant sur l’importance de «l’implication active des hommes dans le soutien de ces efforts».
Des efforts locaux portent leurs fruits
Bien sûr, tout ne dépend pas des partis : au final, ce sont les citoyens qui cochent les cases du bulletin de vote. D’où l’importance du discours tenu par les formations politiques et des actions en faveur de l’égalité menées dans les communes. Car un lien est clairement établi avec le nombre de femmes prêtes à se lancer en politique : «Les deux variables sont corrélées. Plus la commune porte le thème de l’égalité, plus le nombre de candidates sur les listes est élevé. On l’observe à Strassen, Mamer, Steinfort, Bettembourg, Walferdange ou Pétange.»
À l’inverse, là où aucune mesure en faveur d’une société plus égalitaire n’est mise en œuvre, la barre des 40 % de femmes candidates n’a pas été atteinte : à Waldbredimus, Esch-sur-Sûre, Redange, ou Vallée de l’Ernz, cite Monique Stein. «Dans la majorité des communes, les listes étaient, une fois encore, largement masculines. Le point de vue des femmes reste exclu, tout comme leurs priorités pour l’avenir des communautés locales, alors qu’elles représentent la moitié des résidents», déplore-t-elle.
La situation sera différente dans trois mois, aux élections législatives, alors que la loi impose un quota de 40 % de candidates aux partis. Le CNFL a bon espoir d’assister à une augmentation significative des femmes en lice, et plus globalement de leur participation à la vie politique. Il soutient un vote 50-50 : «Nous devons modifier les perceptions et préjugés qui entravent la progression des femmes en politique, encourager les discussions et l’éducation, pour une démocratie plus équilibrée et représentative.»