Le nouveau champion national a découvert hier le nouveau maillot qu’il portera sur le Tour de France, à partir de samedi à Bilbao.
Hier à Bilbao, où sera donné samedi le départ du Tour 2023, Alex Kirsch a reçu son nouveau tricot de champion national avec le nouveau design Lidl-Trek, puisque l’équipe change de sponsor principal et de couleur, tout en conservant, bien entendu, le même cadre.
Sur le prochain Tour de France, la formation Lidl-Trek avance trois atouts majeurs. L’ancien champion danois Mads Pedersen, auquel Alex Kirsch est très lié. Sportivement et amicalement. Le Danois Mattias Skjelmose pour le classement général. Et Giulio Ciccone pour des gains d’étapes en montagne. Entretien…
Comment avez-vous passé votre journée de lundi, au lendemain de votre titre national acquis à Berbourg?
Alex Kirsch : J’étais bien fatigué. J’avais un long entraînement encore à faire, mais c’était bien.
Vous y avez repensé un peu?
Oui, bien sûr. Mais, franchement, j’ai surtout savouré dimanche. Lundi, j’avais déjà la tête au Tour de France, qui arrive vite.
Venons-en à ce Tour justement. Que pensez-vous du tracé?
C’est un tracé atypique, avec ce départ en Espagne et la traversée des Pyrénées. C’est inhabituel de commencer avec une première étape si dure. Avec la combinaison du stress et la dureté des montées. Puis on va passer les Pyrénées sans vraiment y entrer. Cela fait bizarre. Après, il y a pas mal d’étapes de sprint. Je pense que tous les coureurs seront satisfaits avec ce parcours. Bien sûr, c’est dur, mais il y a peut-être un peu moins d’étapes qu’on peut qualifier de très dures. Il y a beaucoup de dénivelé, beaucoup d’étapes clés.
Beaucoup d’étapes pourraient convenir à Mads Pedersen, votre leader…
Oui, justement, il y a quatre étapes de plaine et pas mal d’étapes vallonnées, ce qui correspond encore mieux à Mads.
Mieux que les sprints massifs?
Oui, encore que cette année, on a un bon train, ce qui est appréciable pour les étapes de plat.
Justement, pouvez-vous décrire votre train?
Pour le dernier kilomètre, il y aura Jasper Stuyven et moi. Nous deux, on fait partie des meilleurs coureurs pour ça. On aura également Tony Gallopin, qui a l’expérience. Il peut aider partout pour l’approche. Quinn Simmons également, il est fort. Sur le Tour, c’est un peu plus compliqué, il faut beaucoup de force pour se placer.
C’est plus brutal?
Le dernier kilomètre reste la même chose, mais avant ce dernier kilomètre, il faut être placé et avoir des coureurs qui prennent du vent. Le rôle de Tony (Gallopin) sera important.
Expliquez-nous comment se passe le dernier kilomètre. Comment décidez-vous quel coureur va être le dernier lanceur de Mads Pedersen?
Il faut avoir eu des discussions là-dessus et je ne sais pas encore qui, de moi ou de Jasper (Stuyven), sera le dernier lanceur. Cela fait un an que je suis le lanceur de Mads et j’ai trouvé mes repères, alors que traditionnellement Jasper est celui-là. On aura une décision là-dessus. Mais, à la fin, ça ne change pas grand-chose. Souvent, le dernier lanceur est plus explosif. L’avant-dernier prend plus de décisions. Il faut remonter, l’effort est plus long. Nous deux, on est capables de faire ça. Jasper est très intelligent, il voit bien les choses. On a à peu près la même vitesse.
Ce qu’on fait généralement, c’est crier le nom! Moi, je crie « Mads ». Il me répond « oui ». Juste pour que je sache qu’il est derrière moi
Quels sont les chiffres à retenir sur un dernier kilomètre?
Cela dépend du profil. C’est ça la différence entre l’avant-dernier et le dernier poisson-pilote. Le dernier lance vraiment le sprint, mais il faut juste faire attention à ne pas sprinter trop fort non plus. Mon sprint est nettement moins explosif que celui de Mads. Il faut doser. Tout dépend du profil du dernier kilomètre et des virages. L’avant-dernier ne fait pas vraiment un grand effort. Il décide du placement, doit prendre les bonnes trajectoires, évaluer le vent.
En cas de vent de face, il faut rester un peu plus derrière. Avec un vent de dos, il faut commencer tôt. En termes de watts, on arrive à une minute à 700 watts. Si on lance en dernier, c’est entre une quinzaine et une vingtaine de secondes à 1 000 watts. En kilométrage, tout dépend. Si c’est plat avec vent de dos, on va à 70 km/h. Les sprints vont très vite aujourd’hui.
Il y a des mots que vous échangez dans le vacarme d’un sprint?
Pas nécessairement. Ce qu’on fait généralement, c’est crier le nom! Moi, je crie « Mads ». Il me répond « oui ». Juste pour que je sache qu’il est derrière moi. Regarder derrière, c’est trop dangereux, on ne le fait pas, on évite. Mais lorsqu’on a l’habitude de rouler ensemble, on décide en fonction du parcours, des éléments, si on commence de devant, de derrière. On décide où on veut se trouver au kilomètre. C’est l’instinct qui joue aussi un grand rôle.
Il faut du courage?
(Il réfléchit) À un certain point, oui. Si on a une équipe forte, on est rassuré. On évite surtout de se retrouver dans la boule du peloton. On garde toujours une porte de sortie. On évite de prendre des risques. On entend souvent des coureurs dire qu’ils ont peur. Pourtant, une fois qu’ils font partie du train, ils viennent au bus et disent qu’ils sont surpris de constater que c’est moins dangereux que de se retrouver au cœur du peloton.
Sur le dernier Giro, on se souvient des reproches que Remco Evenepoel avaient formulés envers vous et Mads Pedersen, après sa chute dans la 5e étape, avant de présenter ses excuses…
Cet incident a montré que les coureurs du classement général prennent trop de risques. C’est dangereux pour eux. C’est le problème de cette règle des trois kilomètres qui a changé la course. On ne voyait pas ça il y a dix ans de cela. Aujourd’hui, les équipiers de sprinteurs profitent du travail des équipes du classement général. À trois kilomètres de la ligne, il y a ce changement où les équipes de sprinteurs prennent place. C’est stressant.
Le coureur de classement général est tellement concentré qu’il se laisse aller au point où la vitesse est la plus haute. Il y a des chutes à cause de ça. C’est ce qui est arrivé à Remco ce jour-là. Il était gentil, il voulait faire de la place pour les sprinteurs, mais il a perdu son équilibre. Après, d’accord, j’avais peut-être une trajectoire agressive. Mais on était à deux, je devais épargner mes forces. J’étais malheureux pour lui. On s’entend bien, il respecte notre équipe. On s’est excusés tous les deux, c’est oublié.
Par rapport à votre abandon pour maladie dans la 6e étape du Tour l’an dernier, êtes-vous animé d’un petit sentiment de revanche avec l’envie de voir Paris pour votre deuxième participation?
Je ne dirais pas revanche, car cela peut arriver. Je suis plus mature et j’ai une forte envie. Je me suis aperçu l’an passé que le Tour est différent des autres courses. Je ne savais pas ce qui m’attendait, et là, je peux dire que je suis prêt pour ces trois semaines.
Avez-vous bien récupéré des efforts du Giro?
Je n’ai pas terminé cramé. Physiquement, on récupère vite. Comme c’était le plan dès décembre, je savais que je ne me relâcherais pas après le Giro. J’ai bien récupéré à la maison. Je me sens encore frais. Je récupère bien après un grand tour.