L’OGBL n’hésite pas à qualifier le système de pension du Luxembourg d’«un des meilleurs au monde». En effet, le principe de financement tripartite (État, salariés, patronat) a permis au fil des décennies de verser des retraites généreuses. Le dernier décompte fait état d’une réserve de 24 milliards d’euros, un montant suffisant pour verser pendant cinq ans l’ensemble des prestations, bien entendu, sans qu’un seul euro de cotisation supplémentaire ne soit versé. Les investissements – toujours partiellement controversés – du Fonds de compensation ont largement contribué à établir cette manne financière qui, à première vue, est assez confortable.
En avril 2022, l’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS) a estimé que l’assurance pension allait rester dans le vert jusqu’en 2041. Selon les scénarios établis, la pression va cependant augmenter à partir de 2027. Les choses pourraient se corser avec le déséquilibre financier rendant obligatoire un recours à la réserve. Cette même réserve serait, sans aucun ajustement du système, épuisée fin 2047.
Ce sont notamment ces projections qui amènent la Chambre de commerce à réclamer dès 2024 des «décisions courageuses» de la part du prochain gouvernement afin de pérenniser le système. L’OGBL se veut, lui, moins alarmiste et considère que l’unique but du camp patronal est de s’attaquer au niveau des pensions, voire de repousser l’âge de départ à la retraite. Pour l’instant, des revendications plus détaillées font encore défaut. Les moyens d’intervention sont toutefois limités. Une hausse des cotisations n’est également pas à exclure, d’autant plus que le déséquilibre se renforce entre cotisants et bénéficiaires.
La sécurité sociale dans son ensemble se trouve à un moment charnière. Si l’état de santé de l’assurance pension est encore stable, l’assurance maladie nécessite des soins à plus court terme. Avec un nouveau déficit de 40 millions d’euros, la réserve globale est passée de 903,2 millions d’euros en 2021 à 861,6 millions d’euros en 2022. La tendance est négative.
Au-delà des questions de sécurité intérieure et de logement, la future coalition devra, en priorité, s’atteler à la préservation de l’État providence, sans quoi l’insécurité sociale risque de s’installer au Luxembourg.