Bousculée mais pas détrônée : Iga Swiatek, sacrée pour la troisième fois en quatre ans à Roland-Garros samedi, a réaffirmé sa domination sur terre battue, son terrain de jeu préféré, et son statut de n° 1 mondiale, malgré la résistance spectaculaire de Karolina Muchova (43e).
Swiatek a si énergiquement soulevé la coupe Suzanne-Lenglen qu’elle en a fait tomber le couvercle sur l’ocre du court Central. C’est que Muchova, l’invitée surprise de la finale, au jeu délicieux devenu une rareté, fait de variations et volontiers orienté vers le filet, venait de la pousser dans ses retranchements : la Tchèque a compté à deux reprises un break d’avance dans le set décisif, après avoir été menée 6-2, 3-0.
La Polonaise s’en est finalement sortie 6-2, 5-7, 6-4 après 2 h 46 min de match, sur une double faute de Muchova. L’émotion a été si forte qu’elle en est tombée à genoux, secouée par les larmes, et a dû s’accroupir une nouvelle fois quelques mètres plus loin avant de rejoindre son entourage en tribunes.
Depuis sa révélation Porte d’Auteuil en 2020, quand Swiatek avait triomphé pour la première fois en Grand Chelem, à 19 ans, la Tchèque Barbora Krejcikova est la seule autre joueuse à avoir inscrit son nom au palmarès du Grand Chelem sur terre battue.
À 22 ans – fêtés pendant le tournoi – la Polonaise compte désormais quatre trophées en Grand Chelem à son palmarès.
Ce qui lui permet d’inscrire un peu plus son nom dans l’histoire du tennis, et en bonne compagnie.
4 sur 4 en finale majeure
Elle devient la plus jeune à remporter quatre titres majeurs depuis Serena Williams en 2002 (21 ans à l’US Open). Elle rejoint également Monica Seles et Naomi Osaka dans le club très fermé des joueuses victorieuses de leurs quatre premières finales en Grand Chelem dans l’ère Open (depuis 1968).
« L’année dernière, c’était une confirmation que mon premier titre n’était pas un concours de circonstances. Celui-là, il a été un peu plus difficile à aller chercher à cause des blessures (NDLR : depuis le début de la saison), de la pression et du fait que je défendais mon titre », apprécie la N.1 mondiale.
Il y a un an, Swiatek avait débarqué en ultra favorite à Paris, invaincue depuis la mi-février, sur une série de 26 matches gagnés et cinq titres, dont deux sur ocre.
Cette fois, elle se présentait moins souveraine – sa place de N.1 était en danger -, tant Aryna Sabalenka et Elena Rybakina lui ont mené la vie dure jusque sur son terrain de jeu favori, puisque la première l’avait renversée en finale à Madrid et qu’elle avait abandonné contre la seconde en quarts à Rome, cuisse douloureuse.
Mais une fois remis les pieds sur les courts de la Porte d’Auteuil, Swiatek a donné l’impression de se sentir comme chez elle. En tout cas jusqu’à sa perte de contrôle inattendue en finale, finalement sans conséquence, si ce n’est son seul set perdu, quand elle semblait toucher au but.
Avenir à la Nadal ?
« C’est évidemment toujours beaucoup de pression, mais sur terre battue, je sens que j’ai plus d’armes que sur surface rapide », explique-t-elle.
Elle devient ainsi la première à s’imposer deux années consécutives à Paris depuis la Belge Justine Henin (triplé entre 2005 et 2007).
Faut-il imaginer pour la Polonaise un avenir à la Nadal à Roland-Garros, elle qui a justement un faible pour le champion espagnol ?
« Je ne me suis jamais dit que c’était possible pour moi, évacue-t-elle. C’est complètement hors d’atteinte. Je ne me fixe pas à moi-même de records ou d’objectifs fous. Ce qui fonctionne le mieux pour moi, c’est de rester cool ».
Pour le moment débarrassée des blessures qui l’avaient fait plonger au-delà de la 200e place mondiale à l’été 2022, Muchova va, elle, grimper aux portes du top 15 (16e) lundi, son meilleur classement à 26 ans.