En Moselle Nord, les communes ne sont pas logées à la même enseigne en ce qui concerne le nombre de naissances. Plusieurs facteurs l’expliquent.
L’Insee calcule chaque année le taux de natalité d’une commune. Il s’agit du nombre de naissances enregistrées dans une commune (c’est le lieu de résidence de la mère qui est retenu et pas du lieu de l’accouchement), rapporté à la population totale. Si cet indicateur, généralement exprimé en «naissances pour mille habitants» est pertinent pour évaluer le niveau de natalité d’une population nombreuse, il est beaucoup moins adapté pour les petites communes. Nous avons voulu mesurer le dynamisme démographique des communes sur le long terme. Nous avons donc additionné le nombre de naissances enregistrées dans les communes du Nord mosellan sur une période de 10 ans, de l’année 2005 à l’année 2014. Ces données viennent d’être rendues publiques par l’Insee.
Nous avons ensuite comparé la somme de ces naissances à la population actuelle des communes concernées, pour aboutir à un ratio, exprimé en nombre de naissances pour cent habitants. Ce calcul n’a pas de prétention scientifique. Il a une seule vocation : donner un aperçu le plus fidèle possible du dynamisme démographique de nos communes.
Quelles conclusions en tirer?
Un constat global, d’abord : le niveau de natalité dans le Nord mosellan (26 503 naissances entre 2004 et 2014, ratio population/naissance : 11 %) se situe dans la moyenne nationale. Mais certaines villes contribuent beaucoup plus que d’autres à ce résultat. Car à la lecture du tableau, ce qui frappe, c’est la différence entre les communes. Celle-ci se mesure à travers le ratio entre le nombre de naissances et la population. Elle peut aussi être appréhendée beaucoup plus lisiblement en comparant des communes de taille similaire. Prenez Kanfen, 1 087 habitants au dernier recensement et Apach, 1 004 habitants. Dans la première, il n’y a eu que 74 naissances en dix ans. Dans la seconde, il y en a eu 116, donc 42 de plus.
Comment peut-on expliquer de tels écarts? Y aurait-il des microclimats plus favorables à la procréation? Des climats, non. Mais des choix urbanistiques, oui. Car pour voir naître des enfants dans une commune, il faut attirer des jeunes couples susceptibles d’en faire. Et pour les inciter à s’installer, il faut leur proposer des logements. Logiquement, les communes dans lesquelles on a aménagé des lotissements, des résidences neuves ou mieux, des logements à prix maîtrisés, affichent les meilleurs taux de natalité. À l’inverse, les communes vieillissantes, avec un faible renouvellement de leur population, ont accueilli moins de bébés…
Pourquoi les communes doivent-elles faire attention à leur natalité?
Afficher une bonne natalité, c’est d’abord un signe de dynamisme démographique. Cela permet à une commune d’assurer le renouvellement de sa population. Celui-ci est nécessaire pour prétendre au maintien des services et des commerces de proximité.
Des bébés, ce sont aussi de futurs écoliers. Ils rempliront les écoles trois ans plus tard et permettront ainsi à la commune en question de sauver des classes, d’ouvrir un service d’accueil périscolaire ou une cantine. Des services qui rendront, ensuite, la commune encore plus attractive pour les jeunes ménages ou les jeunes parents. C’est un peu le paradoxe de la poule et de l’œuf, mais quand le cercle vertueux est en marche, il offre de formidables opportunités de développement.
Anthony Villeneuve (Le Républicain lorrain)
Rédange veut rajeunir
Rédange affiche le plus mauvais ratio de natalité (41 naissances en dix ans) de tout le Nord mosellan. Ça ne surprend pas le maire Daniel Cimarelli, élu en mars 2014. « Notre commune souffre d’un vieillissement de la population , constate-t-il. Comme d’autres anciennes cités minières, de très nombreux logements sont occupés par des personnes âgées, notamment des veuves. Le renouvellement de la population est donc un peu plus lent qu’ailleurs… »
Mais la pyramide des âges de la commune pourrait évoluer dans les années à venir. « Un lotissement de cinquante maisons va bientôt voir le jour , indique le maire. Depuis quelques mois, nous bénéficions du développement rapide d’Esch-Belval. De nombreuses familles viennent s’installer chez nous. Elles ne feront peut-être pas progresser notre natalité, car ces couples ont déjà des enfants lorsqu’ils s’installent, mais c’est tout aussi positif pour la commune. » Autre signe positif : Redange vient d’ouvrir une classe de maternelle.
Baby-boom à Metzervisse
Trois cent deux naissances en dix ans! Pas mal pour un village d’à peine 2 000 habitants… Nous sommes à Metzervisse, la commune qui affiche le meilleur ratio de natalité de tout le Nord mosellan. « Nous avons connu une expansion démographique importante , reconnaît Pierre Heine, le maire. Douze lotissements ont été construits en huit ans. Et parmi les nouveaux habitants, nous avons beaucoup de jeunes couples qui travaillent au Luxembourg. Souvent en début de carrière, ils préfèrent s’installer chez nous où les prix de l’immobilier sont plus accessibles qu’à proximité immédiate de la frontière. »
Pour la commune, cette natalité florissante a constitué un défi. « Il a fallu créer les services pour répondre aux besoins des famille s, se souvient le maire. En mars 2008, nous avons décidé dans l’urgence de créer un périscolaire. Il était opérationnel six mois plus tard! » Aujourd’hui, les écoles de Metzervisse comptent 295 enfants inscrits. « C’est formidable pour la commune , sourit Pierre Heine. Les enfants, l’école, c’est la vie. Il n’y a rien de plus triste qu’une commune sans enfant. »