Les Téi vum Séi célèbrent leur trentenaire cette année. La coopérative agricole installée dans le parc naturel de la Haute-Sûre est l’illustration parfaite d’une belle idée alliant une production de qualité au respect de l’environnement.
Le produit
C’est au cœur du Parc naturel de la Haute-Sûre que la Kraidergenossenschaft Naturpark Uewersauer (coopérative des herbes du parc naturel de la Haute-Sûre) produit ses tisanes. «Le cahier des charges qui régit la production a été élaboré avec le parc naturel, explique Charel Marx, président de la coopérative. Tous les produits phytosanitaires (pesticides, fongicides, engrais…) sont interdits, mais les restrictions vont plus loin : les plantes doivent être régionales, elles ne doivent pas être cultivées près des routes et les champs ne peuvent être voisins de cultures utilisant de la chimie.»
«Au début, nous cultivions les herbes que chaque famille faisait pousser dans son jardin autrefois : la camomille, la menthe… nous allions même cueillir les orties sauvages à la main! Mais nous avons progressivement élargi notre gamme, jusqu’à proposer aujourd’hui 20 sortes d’herbes et de mélange en infusettes, 9 en vrac et une quinzaine d’herbes pour la cuisine», avance le président. Au total, la production annuelle tourne autour de 8 tonnes de tisanes, «soit au minimum 60 tonnes de plantes fraîchement coupées».
La récolte va débuter dans quelques semaines avec la menthe et elle se conclura fin octobre avec le fenouil. «Mais il y a du travail toute l’année!», sourit Charel Marx. La coopérative effectue presque toutes les tâches elle-même, du champ à la mise en sachet. Après la récolte, chaque lot passe deux jours dans un four de séchage froid (pas plus de 40 °C). « Le processus est très long, mais il permet de conserver les huiles essentielles et les valeurs nutritionnelles.»
Nous produisons au minimum 60 tonnes de plantes fraîchement coupées
Conditionnées dans de grands sacs en papier numérotés, elles sont ensuite conservées dans des cellules climatisées entre 13 et 15 °C à l’hygrométrie contrôlée (55 % d’humidité). Chaque lot fait l’objet d’analyses microbiologiques. Les herbes qui seront vendues en vrac seront ensuite coupées, éventuellement mélangées avec d’autres variétés, puis ensachées.
La coopérative, cependant, externalise la coupe fine, indispensable à la production des infusettes. «Nous n’avons pas les moyens d’acheter une machine très coûteuse que nous n’utiliserions qu’une semaine par an», explique Charel Marx. Ces sacs partent chez un prestataire allemand.
Le conditionnement final est réalisé sur place, grâce à une machine d’occasion achetée au milieu des années 1990. La coopérative vient d’en acheter une deuxième, qui arrivera prochainement. «Cela va nous permettre de gagner du temps, souligne Charel Marx. À chaque fois que l’on met en sachet une production différente, il faut tout nettoyer, mais aussi tout reconfigurer, car les herbes n’ont pas le même poids. Avec deux lignes d’ensachage, nous pourrons mieux répondre à la demande et éviter les ruptures de stock.»
Le producteur
La coopérative créée en 1993 regroupe 5 agriculteurs et plusieurs producteurs dont cette activité est secondaire. Ensemble, ils cultivent entre 6 et 9 hectares chaque année. La quasi-totalité des herbes vendues sous la marque Téi vum Séi est produite sur place, seules quelques-unes sont achetées à l’étranger. La verveine (qui gèle), le tilleul (les arbres poussent trop près des routes) ainsi que le thé vert et le rooibos (qui ne se cultivent pas sous nos latitudes) sont les rares exceptions.
Depuis 2015, la coopérative est installée à Schleif, dans la commune de Winseler, sur le site de l’ancien terrain de camping. «La commune nous a proposé ce terrain avec un loyer très raisonnable, glisse Charel Marx. Nous sommes très bien installés, même si le local est déjà trop petit!»
Pourtant, la coopérative ne veut pas croître démesurément. «Nous sommes raisonnables, relève-t-il. Une croissance de 10 ou 15 % chaque année nous va très bien, car à ce rythme-là, nous pouvons garantir la qualité.» La dynamique des Téi vum Séi est toutefois indéniable : si elle vendait 35 000 sachets par an dans les années 1990, la coopérative en est à plus de 200 000 aujourd’hui.
Où les trouver?
Les infusettes et les sachets en vrac se trouvent dans toutes les grandes surfaces du pays, de nombreuses boutiques, cafés et restaurants, mais presque exclusivement au Luxembourg. La concurrence est rude et la plus-value apportée par la localisation de l’activité dans un parc naturel est surtout valable localement.
À retenir
Les plantes qui permettent de produire les Téi vum Séi sont cultivées dans le parc naturel de la Haute-Sûre sans engrais ni produits chimiques. La gamme comprend 20 infusions (dont des mélanges) en sachets, 9 en vrac et une quinzaine d’herbes pour la cuisine.
Cinq agriculteurs et plusieurs autres petits producteurs composent la coopérative créée en 1993. La culture de ces herbes occupe une superficie entre 6 et 9 hectares, selon les années. L’intégralité des processus de conditionnement (sauf la coupe fine pour les infusettes) est réalisée dans ses locaux de Schleif (commune de Winseler).
Les infusettes et les sachets en vrac sont largement diffusés dans tout le Grand-Duché. On les trouve dans les grandes surfaces, de nombreuses épiceries et dans la restauration. Ils ne sont pratiquement pas exportés.