La lutte contre l’inflation va figurer au centre du bras de fer qu’entame ce matin le gouvernement avec les syndicats et le patronat. À coup sûr, l’index sera débattu. L’incertitude reste entière sur l’adaptation du barème d’impôt.
L’ordre du jour initial est maintenu, mais a priori pas encore figé. C’est la conclusion au bout d’une nouvelle journée de tractations entre les trois partis formant la coalition gouvernementale. En clair, le camp syndical n’a pas encore l’assurance que sa revendication majeure – une adaptation du barème à l’inflation – va vraiment être débattue lors de la tripartite qui s’ouvre ce matin à 10 h au château de Senningen.
Contacté par Le Quotidien, le ministère d’État précise uniquement que le Premier ministre n’a pas convoqué de nouveau Conseil de gouvernement pour ce matin. Xavier Bettel va néanmoins réunir ses collègues ministres pour se concerter une dernière fois avant le début des tractations avec les syndicats et le patronat.
À l’issue des réunions bipartites de mardi, le chef du gouvernement avait fait remarquer que «la politique fiscale ne tombe pas sous la compétence de la tripartite».
Il faudra dès lors attendre l’évolution des négociations pour savoir si le barème d’imposition va faire partie des négociations en vue de trouver un accord tripartite final. «On se voit mal signer un accord technique sur la prolongation des mesures anti-inflation et la compensation de l’index à l’automne, sans avoir de résultat sur l’adaptation du barème», affirme Nora Back, la présidente de l’OGBL.
Le bouclier anti-inflation sera à prolonger
Tard hier soir, uniquement deux points se trouvaient toujours sur la table : la prolongation temporaire du bouclier anti-inflation et la compensation de la probable troisième tranche indiciaire, annoncée pour le quatrième trimestre de cette année. Ces deux enjeux sont déjà suffisamment lourds pour remplir une tripartite. Mais la fameuse adaptation du barème d’impôt à l’inflation doit, a priori, venir compléter les tractations pour obtenir un accord global, signé à la fois par le patronat et les syndicats.
Une certaine urgence existe au-delà de cette correction fiscale. Les prévisions du Statec mettent en garde contre un choc énergétique en 2024. La levée des «boucliers tarifaires» pousserait non seulement l’inflation à 4,8 % en 2024 (contre 3,4 % pour 2023), mais provoquerait aussi une hausse des prix substantielle pour le gaz (+37 %) et de l’électricité (+78 %). Les mesures en vigueur ont, par contre, permis d’éviter que le prix du gaz ait connu une hausse de 92 % en 2022 et 33 % en 2023. Le prix de l’électricité aurait, lui, fait un bond de 69 %.
Tout cela a aussi permis de freiner la succession de tranches indiciaires. Les 2,5 % brut accordés en guise de compensation ne profiteraient cependant pas de manière intégrale aux salariés et pensionnés. On retouche ici à la non-adaptation du barème d’imposition à l’inflation. La dernière correction intégrale date de 2009, suivie d’une correction partielle en 2017.
Même s’il admet que les mesures anti-inflation ont produit leur effet, le camp syndical ne veut pas se contenter d’une simple prolongation ou de crédits d’impôt. «D’un côté, on a des statistiques. De l’autre, nous avons la dure réalité vécue par les gens. On ne peut pas refermer les yeux dessus. Une très grande partie de la classe moyenne est confrontée à des difficultés pour joindre les deux bouts», martèle Nora Back. Patrick Dury, le président du LCGB, appelle à «trouver des solutions pour que les gens bénéficient d’un pouvoir d’achat encore renforcé».
L’index encore compensé en 2024 ?
De leur côté, les patrons souhaitent des adaptations des aides énergétiques accordées aux entreprises, dans un contexte où les patrons sont franchement inquiets. «Les indexations de 2023, plus l’inflation, plus l’énergie, ça fait énormément de mal», souligne Michel Reckinger, le président de l’UEL.
Il restera aussi à clarifier la compensation «intégrale» de l’index de cet automne. Le camp patronal n’a pas forcément la même lecture de l’accord de fin septembre que le gouvernement. A priori, la compensation sera limitée à la période entre le déclenchement de la tranche et la fin de cette année.
L’équation (financière) à résoudre s’annonce, une fois encore, très épineuse pour le Premier ministre, Xavier Bettel, qui fête d’ailleurs aujourd’hui son 50e anniversaire. L’heure ne sera pas forcément à la fête.