Du cynisme ? Du délire ? Ou «tout simplement» de la barbarie ? Mardi, à l’occasion de son discours sur l’état de la Nation, Vladimir Poutine a lancé, sans sourciller : «Nous ne nous battons pas contre le peuple ukrainien.» Selon Vladimir Poutine, les Ukrainiens sont «les otages» du régime de Kiev, qualifié de «néonazi», et de «ses maîtres occidentaux», eux traités de «pédophiles décadents».
Mais comment expliquer alors le bombardement systématique des civils ukrainiens, les viols et autres crimes de guerre définis par la Convention de Genève. Dos au mur, le maître du Kremlin continue de «tuer sans pitié des civils», comme l’a dénoncé hier le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Selon l’OMS, la guerre aurait fait 14 000 victimes civiles et 17,7 millions de personnes auraient aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire. Sur 471 attaques à l’arme lourde contre des établissements de santé dans le monde, 448 ont eu lieu en Ukraine.
De toute façon, dans la pensée de Poutine, la responsabilité de «l’escalade dans le conflit ukrainien et ses victimes» reposerait «totalement sur les élites occidentales». Leur objectif serait d’instaurer un État antirusse en Ukraine. En réalité, Poutine n’a pas besoin de l’Occident pour transformer l’Ukraine en un État farouchement opposé à son voisin, devenu un agresseur impitoyable. Alors que le président russe pensait que ses troupes allaient être accueillies en triomphe, le peuple ukrainien démontre depuis près d’un an qu’il n’acceptera pas de vivre sous le joug russe. Pire encore : des dizaines de milliers de Russes, peut-être des centaines de milliers, se sont exilés depuis un an, craignant la répression ou d’être mobilisés sur le front.
Les huit millions d’Ukrainiens qui ont fui la guerre n’attendent qu’une chose : retourner dans leur pays libéré. Les 6,5 millions de déplacés à l’intérieur de l’Ukraine ont pour seul souhait de rentrer sains et saufs chez eux, prêts à reconstruire une vie en paix. Les pays européens ont, parfois dans la douleur, ouvert leurs bras à ces réfugiés de guerre. Le Luxembourg ne fait pas exception. À côté de la livraison incontournable d’armes, cette solidarité humanitaire est un pion supplémentaire pour faire plier un tyran qui se voit en «ami qui vous veut du bien».