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Deux marchands d’armes grand-ducaux pour fournir l’Ukraine


Le ministre de la Défense, François Bausch (au c.), en discussion avec Stephan Müller, le représentant permanent du Luxembourg à l’OTAN (à g.), et Tom Köller, le directeur de la Défense. (photo OTAN)

Un article de nos confrères du New York Times révèle que le Luxembourg a mis en place une unité d’achat d’armes composée de deux militaires. Leur mission : scruter le marché pour équiper l’Ukraine.

Pas plus tard que dimanche, en marge de la Conférence sur la sécurité à Munich, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a insisté sur une accélération de la production d’armements standard, dont Kiev «a désespérément besoin».«Il n’est pas possible qu’il faille attendre des mois, des années avant que nous soyons en mesure de nous réapprovisionner» pour livrer ce matériel à l’Ukraine, a-t-elle martelé.

L’entreprise se révèle pourtant compliquée, que ce soit à l’échelle de l’OTAN, de l’UE et, plus encore, pour un petit pays comme le Luxembourg. «Comment un petit pays de l’OTAN s’est attaqué à un gros problème : armer l’Ukraine» est le titre d’un article paru vendredi dans le très renommé journal New York Times. La journaliste Lara Jakes y dévoile les coulisses des efforts du Grand-Duché pour acheter des armes sur le marché libre en Europe et aux États-Unis.

On avait connaissance de la fourniture de 102 missiles antichars et de 20 000 cartouches de mitrailleuse. D’autres types d’armes et de munitions se sont ajoutés ces douze derniers mois. L’article précité révèle qu’un binôme de marchands d’armes luxembourgeois – tous deux des militaires d’expérience, déjà déployés dans des zones de conflit – est chargé, depuis le début de la guerre, de scruter le marché libre afin de fournir des armements à l’armée ukrainienne.

Le New York Times annonce ainsi la conclusion, au printemps dernier, d’un contrat de «plusieurs millions de dollars» pour acquérir auprès d’un fabricant tchèque 6 000 roquettes de l’ère soviétique. En fin de compte, seuls 600 de ces munitions ont pu être livrées, faute de pièces. «Pour aggraver les choses, la plupart des fournisseurs de l’entreprise étaient situés en Russie ou dans des pays qui refusaient d’exporter des équipements pouvant être utilisés pour aider l’Ukraine», informe l’article. Certains vendeurs ne voudraient pas «compromettre leurs affaires en provoquant la colère de la Russie».

«Même des recherches sur Google»

Les deux marchands d’armes grand-ducaux décrivent des «négociations laborieuses et souvent frustrantes avec des courtiers commerciaux, des appels à froid aux fabricants et même des recherches sur Google pour trouver les armes dont l’Ukraine a besoin». Une commande auprès du même fabricant tchèque a cependant permis d’acheter des munitions de calibre OTAN et soviétiques, qui doivent être livrées «au plus tard» ce printemps. Un autre contrat a été signé pour 12 500 grenades antichars de fabrication soviétique. Elles ont été livrées dans les premiers mois de la guerre.

La nouvelle unité luxembourgeoise d’achat d’armes aurait réussi à se procurer des armes et d’autres formes d’assistance militaire pour environ 94 millions de dollars, ceci auprès de fabricants britanniques, français, polonais et néerlandais. Ce montant est confirmé par le ministre de la Défense, François Bausch (lire ci-dessous), qui, interrogé par le New York Times, souligne que le Grand-Duché est «flexible et peut donc aller acheter sur le marché ce dont l’Ukraine a besoin».

En un an, 90 millions d’euros
débloqués pour l’aide militaire

À l’occasion d’une réunion, mardi et mercredi derniers à Bruxelles, avec ses homologues de l’OTAN, le ministre de la Défense, François Bausch, a dressé un nouveau point sur l’aide militaire fournie par le Grand-Duché à l’Ukraine.

Le dernier décompte fait état de contributions militaires à hauteur de 90 millions d’euros, soit 17 % des dépenses annuelles du Luxembourg pour la défense.

En outre, le Grand-Duché a apporté un soutien non létal de 3,4 millions d’euros à l’Ukraine dans le cadre du «Comprehensive Assistance Package» de l’OTAN. Un million d’euros a aussi été attribué à des «programmes de soutien sur mesure» pour la Géorgie, la Moldavie et la Bosnie-Herzégovine, elles aussi menacées par la Russie.