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[Le portrait] Sedin Zuzo, une longévité qui force le respect


Quelques années après avoir connu l'apogée de sa carrière à Villeurbanne avec les Karabatic et les Omeyer, Sedin Zuzo a commencé son aventure luxembourgeoise en 2019 à Esch. (Photo : Mélanie Maps)

Le dernier rempart du Standard est l’un des doyens de l’Axa League. Toujours décisif, le Français pourrait faire durer le plaisir encore quelques années.

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L’âge n’est qu’un chiffre! Preuve en est avec Sedin Zuzo : à 45 ans, le gardien français du Standard continue de mettre bon nombre de ses adversaires en échec au shoot. Et il se peut que cela dure encore quelques années.

Si le portier d’origine bosniaque avoue s’être récemment posé la question de prolonger le plaisir ou non au cours de cette «année charnière», la tendance plutôt à la négative en début de saison a légèrement changé de camp depuis peu.

La raison? Une rencontre avec un ancien hockeyeur qui a joué en première division française jusqu’à l’âge de 50 ans. «Ça m’a fait un peu réfléchir», admet-il avant de poursuivre : «Est-ce que je me lance un challenge pour essayer de faire un truc de dingue comme ça?».

Pourtant, rien ne le prédestinait à une telle carrière. Enfant, il commence par le karaté, discipline dans laquelle il obtient la ceinture bleue. «C’est vrai que je n’étais pas loin d’aller au bout. Jusqu’à la marron ou la noire, ça aurait été peut-être encore deux-trois ans, mais voilà j’ai changé de sport», explique le natif de Lyon.

D’abord, il se lance dans le volley, mais une blessure à la cheville le refroidit, puis dans la boxe américaine pendant six mois. «Ça m’a plu, mais comme mon frère (NDLR : Semir) avait commencé le hand un an plus tôt et qu’il avait tout de suite des résultats, on m’a demandé de venir parce qu’on a un peu la même morphologie, même si lui est plus grand et plus costaud», sourit-il.

Gardien, c’était par défaut, j’ai commencé tard et je n’étais pas très bon sur le terrain

C’est donc à 15 ans, à Vaulx-en-Velin, qu’il fait ses débuts. L’adolescent ne le sait pas encore, mais le handball rythmera une grande partie de sa vie. Si son frère aîné évolue en tant que pivot, lui se retrouve gardien. «C’était par défaut, j’ai commencé tard et je n’étais pas très bon sur le terrain», plaisante le Français.

Dans les cages, sa souplesse acquise au cours de ses années de karatéka, associée à sa détermination, lui permet de rapidement se montrer à son avantage. «C’est pour ça que je n’ai pas insisté sur le poste de joueur que préfère n’importe quel gamin. Après j’ai pris aussi rapidement du plaisir, le fait de jouer, le fait d’être à un poste unique.»

Sedin apprend vite et bien. À tel point qu’un an après avoir frappé à la porte du gymnase, il est surclassé et rejoint l’équipe fanion de son club qui évolue à l’époque en Nationale 3 (le 5e échelon en France).

Mais son ascension ne s’arrête pas en si bon chemin. Une saison plus tard, il s’engage avec Villefranche alors en Nationale 1. Ses coéquipiers et lui terminent sur la plus haute marche du podium et accèdent ainsi à la 2e division. En parallèle de ses deux saisons dans l’antichambre de l’élite, le jeune homme rejoint le bataillon de Joinville (une unité militaire de l’armée française pour les appelés sportifs de renom).

«Cette année-là, j’ai joué avec un certain Jérôme Fernandez (NDLR : capitaine emblématique de l’équipe de France pendant de nombreuses années)», se remémore le dernier rempart du club de la capitale. S’il a ensuite rejoint Bourgoin-Jallieu, puis Metz où il a rencontré sa femme, l’apogée de sa carrière arrivera quelques mois après.

C’est à Villeurbanne que j’ai vraiment goûté au haut niveau. J’ai joué contre tous les monstres du handball

En 2001, il signe à Villeurbanne. À l’issue d’une première saison plus que réussie, Sedin Zuzo et ses partenaires finissent champions de 2e division et montent donc à l’étage du dessus. «C’est là que j’ai vraiment goûté au haut niveau. J’ai joué contre tous les monstres du handball. À l’époque, il y avait Karabatic, Omeyer, etc.», indique l’un des doyens du championnat national.

Deux ans plus tard, il atterrit à Livry-Gargan (toujours en D1) avec qui il connaît une douloureuse descente au terme de la saison 2004/2005. Quelques mois après, en milieu de saison, le portier est victime d’une rupture des ligaments croisés : «J’arrête complètement (NDLR : le haut niveau), je finis mes études et j’empoche un master informatique à Paris.»

Il y a une quinzaine d’années maintenant, il revient s’installer en Moselle pour se rapprocher du Luxembourg où il commence à travailler en tant que développeur dans l’IT et joue une dizaine de matches avec Metz en fin de saison.

À l’époque, le Français démarche des écuries d’Axa League, mais faute de propositions correctes, il ne trouve pas chaussure à son pied. Ce n’est finalement qu’à l’été 2009, après une parenthèse de deux ans à Florange, que le solide gaillard s’engage à Esch.

À  Pétange, on a fait un truc extra en allant jusqu’en finale de la Coupe

Dans l’un des clubs phares du Grand-Duché, Sedin Zuzo vit de grands moments malgré une nouvelle rechute et une blessure aux ligaments croisés. Pas de quoi entacher son envie de jouer pour autant. Il remporte trois titres de champion, trois Coupes et participe à la formidable épopée en Challenge Cup (finale en 2013).

Après six ans de bons et loyaux services, son aventure eschoise prend fin en raison d’un désaccord avec sa direction à propos d’une augmentation. Il rebondit à Differdange et est sacré pour sa première saison chez les Red Boys. Le gardien y restera deux années.

Son contrat n’étant pas renouvelé, chose qu’il a encore du mal à comprendre aujourd’hui, il change de crèmerie : direction Pétange. «On a fait un truc extra en allant jusqu’en finale de la Coupe de Luxembourg, qu’on a perdue aux prolongations contre Berchem», se rappelle-t-il. C’est alors que Differdange revient vers lui avec un contrat de deux ans sur la table. Sauf qu’après la première année, on lui fait comprendre qu’il doit quitter le navire.

C’est donc depuis quatre saisons maintenant qu’il fait les beaux jours du Standard qu’il avait rejoint en deuxième division à l’époque. Et à la fin de chacune d’elles, Sedin Zuzo fait le bilan et répond à une question primordiale. Est-ce que le corps suit? «Pour l’instant, ça marche, c’est pour ça que je continue», lance le père de famille. Un bilan qu’il fera cette année encore, à la fin du mois de mai, une fois la saison du Standard terminée. S’il reste encore dubitatif quant à son avenir, son tempérament de compétiteur pourrait faire pencher la balance.

En bref

Né le 29 août 1977 à Lyon, Sedin Zuzo a commencé par le karaté. Après dix années passées sur les tatamis à pratiquer cet art martial, il suit son grand frère Semir, licencié dans le club de handball de Vaulx-en-Velin. Bien lui en a pris. Très vite, le talent du garçon est remarqué. À 16 ans, une année après ses débuts, il est surclassé et intègre le groupe senior.

Il évoluera ensuite à Villefranche, Bourgoin-Jallieu ou encore Metz avant de connaître l’apogée de sa carrière en première division française à Villeurbanne et Livry-Gargan. Une blessure et un master en informatique plus tard, le voilà de retour en Moselle, non loin du Grand-Duché où il travaille comme développeur dans l’IT.

Depuis 2009, il a porté les couleurs de plusieurs clubs luxembourgeois, dont Esch et les Red Boys, deux formations avec lesquelles il a étoffé son palmarès. Aujourd’hui âgé de 45 ans, le gardien du Standard se questionne sur la suite de sa carrière : stop ou encore?

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