Le Maagbitter Buff fait partie intégrante de la culture nationale luxembourgeoise. Bien qu’on ne le trouve nulle part ailleurs, cet amer fait partie ici des grands classiques de l’après-repas.
Le produit
Le Maagbitter Buff est une boisson alcoolisée obtenue à partir de la macération d’une vingtaine de plantes dans un alcool neutre. Cet amer titrant 40 ° d’alcool a trouvé sa place dans presque tous les ménages luxembourgeois. Aujourd’hui encore, alors que les alcools forts sont de moins en moins bus, la maison Pitz-Schweitzer en produit toujours 30 000 litres chaque année.
Son histoire est intéressante et bien documentée. Le Maagbitter Buff a été créé par Herman Boerhaave (1668-1738), herboriste et professeur de médecine à l’université de Leyde, aux Pays-Bas, institution dont il deviendra même le recteur.
Scientifique inspiré (médecine, botanique, chimie…) et enseignant novateur, sa renommée était internationale. Un musée lui est d’ailleurs dédié dans sa ville, on y expose des instruments scientifiques concernant de nombreuses disciplines.
En bon médecin qu’il était, le professeur a mis sa recette au point en 1720 avec l’idée de concocter un élixir qui soulagerait les maux de ventre et faciliterait la digestion. Il ne commercialisera toutefois pas son médicament, préférant vendre sa licence à la famille néerlandaise Buff. Un des descendants, Ludwig Buff, la ramènera dans ses bagages à Echternach où elle sera désormais produite.
En 1932, un Ettelbruckois, René Pitz, rachète le droit d’exploitation en rente viagère. «Tant que la veuve était en vie et continuait à produire le Maagbitter Buff, mon arrière-grand-père lui versait une pension», explique Jacques Pitz, qui poursuit aujourd’hui la tradition depuis Hosingen, où est désormais implantée l’entreprise familiale.
Les herbes sont achetées chez un herboriste qui fournit également les pharmacies
La recette, elle, n’a pas bougé d’un iota. Si elle est jalousement gardée, on sait qu’entre 15 et 20 plantes sont utilisées au cours de la macération (la réglisse, la gentiane…). «Elles sont achetées chez un herboriste qui fournit également les pharmacies», précise le producteur. Elles macèrent dans de l’alcool neutre pendant vingt jours. Après quoi, le liquide est sorti, le gâteau de plantes resté au fond est pressé puis les deux jus sont assemblés.
Chaque brassin permet d’élaborer 1 800 litres de Buff, c’est-à-dire que la production s’étale pratiquement sur toute l’année. Jacques Pitz tient à préciser que le Buff ne contient que 1 % de sucre, «les liqueurs en contiennent souvent beaucoup plus».
On peut le boire à l’apéritif, « agrémenté d’un sirop de fruits (citron, framboise, groseille) et étendu d’eau gazeuse ou naturelle» ou coupé à la bière, mais aussi sec, «comme digestif pour aider à la digestion après un bon repas».
Le producteur
L’origine de la maison Pitz-Schweitzer remonte à 1840. L’épicerie de la famille Schmitt-Krombach, située sur la place Marie-Adélaïde d’Ettelbruck, sera rachetée au début du XXe siècle par Joséphine Schweitzer.
L’arrière-grand-mère de Jacques Pitz est une entrepreneuse de talent : elle agrandit l’affaire, développe la distillerie… et à la bonne idée d’épouser un comptable, Michel Pitz, qui travaillera à ses côtés. Le couple aura trois fils dont l’un, René, reprend le commerce. Lui-même la cédera dans les années 1950 à un de ses descendants, Marco, qui passera en 2000 le flambeau à Jacques Pitz, l’actuel patron.
Ingénieur en mécanique industrielle de formation, Jacques Pitz ne se voyait pas travailler ailleurs. «Depuis tout petit, je voulais reprendre l’entreprise et cela tombait bien : mon frère et ma sœur n’étaient pas intéressés du tout!»
C’est donc lui qui a orchestré le transfert des installations d’Ettelbruck à Hosingen en 2007. « Lorsqu’il a fallu tout démonter, tout transporter et tout remonter, ma formation m’a été bien utile! », sourit-il. Aujourd’hui, ses installations sont ergonomiques, toutes sur le même niveau, ce qui facilite le travail.
Pitz-Schweitzer embouteille 300 000 bouteilles d’eaux-de-vie et de liqueurs chaque année. Le Père Blanc, la Vieille Prune et le Buff sont ses produits phares, mais Jacques Pitz compte aussi beaucoup sur une nouvelle gamme entre liqueur et eaux-de-vie, la Finesse luxembourgeoise.
Pitz-Schweitzer se distingue également grâce à son activité de négociants en vin. Ce département qui représente un quart du chiffre d’affaires est piloté par Hervé Amann, sacré l’année dernière champion du monde de dégustation à l’aveugle avec l’équipe luxembourgeoise.
Où le trouver?
Partout au Luxembourg, mais uniquement au Grand-Duché! Le Maagbitter Buff est disponible dans toutes les grandes surfaces et les distributeurs de boissons (notamment les stations-services), jusque dans l’espace duty free de l’aéroport. Il est disponible dans plusieurs formats : 2 cl, 20 cl, 50 cl, 70 cl et 1 l. « Mais ce sont les bouteilles de 1 litre que nous vendons le plus», affirme Jacques Pitz.
Le Buff fait également partie de la gamme incontournable des alcools proposés dans les bars et les restaurants.
À retenir
Le Maagbitter Buff est un amer dont la recette a été composée en 1920 par un illustre médecin et botaniste de Leyden (Pays-Bas), Herman Boerhaave (1668-1738). Il est issu de la macération d’une quinzaine d’herbes et de racines dans un alcool neutre.
L’origine de Pitz-Schweitzer remonte à 1840, mais c’est en 1932 que l’entreprise familiale acquiert les droits de production du Maagbitter Buff. Chaque année, Jacques Pitz en produit 30 000 litres. La distillerie produit d’autres liqueurs et eaux-de-vie (300 000 bouteilles par an) et distribue également des vins de qualité.
Le Maagbitter Buff se trouve dans les rayons de tous les supermarchés du pays. Il est aussi un incontournable sur les étagères des bars et des restaurants. Disponible en cinq formats (de 2 cl à 1 l), on ne peut l’acheter qu’au Luxembourg.