La Ligue du Nord, parti italien anti-euro et anti-immigrés, a déposé mercredi plus de 82 millions d’amendements à un projet de réforme constitutionnelle, tout en sachant qu’ils pourraient tous être rejetés d’un coup par le président du Sénat.
« J’ai déposé aujourd’hui 82 730 460 amendements à la réforme constitutionnelle en cours d’examen au Sénat : tous les moyens sont permis, y compris celui-la, pour sauver la démocratie », a déclaré Roberto Calderoli, un des principaux dirigeants de la Ligue du Nord et vice-président du Sénat. « Je suis pratiquement sûr d’avoir battu tous les records », s’est réjoui l’élu, coutumier de ce genre d’entreprise.
Le principe est simple : un logiciel informatique transforme une même phrase en un grand nombre de versions, en déplaçant les virgules ou en modifiant un chiffre, produisant à chaque fois un amendement à part entière. En vertu du règlement de la Chambre haute du Parlement, le président du Sénat, Pietro Grasso, a cependant la possibilité de déclarer inadmissibles tout ou partie des amendements pour accélérer les débats. Il doit faire connaître sa décision dans les prochains jours.
Mais le règlement oblige de toute manière à imprimer chaque amendement sur une feuille à part : selon les calculs de l’agence AGI, la manœuvre de la Ligue devrait engloutir près de 412 tonnes de papier.
La réforme constitutionnelle en question, l’une des priorités du gouvernement de Matteo Renzi (centre-gauche), en est à son troisième passage au Sénat. Elle devra encore passer une dernière fois devant la Chambre des députés avant d’être soumise à un référendum, probablement vers le milieu de l’année 2016.
Elle prévoit de mettre fin à l’actuel bicaméralisme parfait dans lequel la vie politique italienne s’est souvent engluée en réduisant nettement les prérogatives du Sénat : il ne voterait plus la confiance au gouvernement, s’occuperait des lois régionales et ne compterait plus que 100 élus, contre 315 maintenant. Ce projet se heurte à de fortes résistances, y compris au sein même du Parti démocrate (PD) de Matteo Renzi, mais selon les médias, ce dernier semble avoir trouvé un accord avec l’aile gauche de son parti pour que le texte soit voté dans les prochaines semaines au Sénat, où sa majorité est faible.
AFP