Le chiffre brut a de quoi interpeller. Alors que le Luxembourg a jusqu’à présent livré des armes et du matériel militaire pour une somme de 72 millions d’euros à Kiev, l’aide humanitaire qui est accordée à la population ukrainienne se chiffre à 4 millions d’euros. La même enveloppe sera débloquée à l’approche de l’hiver, doublant l’aide financière à 8 millions d’euros.
Toute proportion gardée, il ne s’agit que d’une petite goutte pour éteindre l’incendie provoqué par la seule Russie de Vladimir Poutine, dont les dégâts se chiffrent – provisoirement – à 349 milliards d’euros. C’est l’estimation actuelle pour assurer la reconstruction du pays meurtri par l’agresseur russe.
Au vu de ces montants, les voix vont à nouveau s’élever pour réclamer un arrêt des livraisons d’armes à l’Ukraine. Leur argument : la fourniture continue d’armes ne fait que prolonger la guerre. Une fausse conclusion, comme l’a souligné la semaine dernière le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn : «L’aide militaire apportée à l’Ukraine n’aggrave pas la guerre. N’apporter aucune aide militaire ne nous rapprochera pas de la paix. Raisonner ainsi équivaut à accorder un chèque en blanc à Poutine pour détruire entièrement l’Ukraine.»
Le pire risque encore d’arriver. Mardi soir, deux missiles russes «perdus» se sont, selon des médias locaux, écrasés en Pologne, faisant a priori deux morts. Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité polonais a été convoquée. Pour la première fois depuis le début de l’invasion russe, fin février, un pays de l’OTAN est frappé. Accidentellement ? La situation restait très floue au moment de boucler ces lignes. Au moins, l’attaque aérienne massive perpétrée hier par la Russie contre l’infrastructure critique ukrainienne démontre-t-elle que le maître du Kremlin ne connaît plus de scrupules pour obtenir gain de cause.
Il reste, donc, entièrement justifié de continuer à aider activement l’Ukraine à s’opposer à l’agresseur russe. Les récents succès sur le front, à l’instar de la reprise de Kherson, confirment que la livraison d’armes occidentales peut faire pencher la balance en faveur de Kiev. Mais rien n’est encore acquis. Une nouvelle escalade, aux conséquences apocalyptiques, est même à craindre. L’humanité est piétinée.