L’épopée fantastique « Game of Thrones » a été sacrée meilleure série dramatique dimanche aux Emmy Awards et Jon Hamm a enfin remporté le prix du meilleur acteur pour le rôle du mythique Don Draper dans « Mad Men ».
La soirée a marqué l’histoire de la télévision en ayant pour la première fois récompensé une comédienne noire, Viola Davis, dans la catégorie meilleure actrice dramatique. Pour la première fois aussi, une série diffusée sur internet, « Transparent », a gagné l’un des prix les plus prestigieux.
« C’est impossible et incroyable d’être ici devant vous et d’avoir fait cette série avec cette équipe incroyable d’acteurs et de scénaristes », a déclaré Jon Hamm sur scène en recevant son prix. Il l’obtient au bout de sa huitième nomination pour le rôle du séduisant et destructeur publicitaire Don Draper. « Jouer ce rôle a été à la fois une bénédiction et un mauvais sort », a aussi admis le comédien de 44 ans devant les journalistes après la cérémonie. « C’est merveilleux de faire ce travail de rêve, mais il a un prix, un bagage émotionnel qui pèse sur vous », a raconté celui qui est devenu un sex-symbole international en incarnant un anti-héros alcoolique et dissimulateur.
Game of Thrones enfin primée
« Mad Men », peinture acide d’un groupe de publicitaires new-yorkais dans les années soixante, et à travers eux de l’Amérique, s’est terminé cet été au bout de huit ans après avoir marqué la culture populaire.
Déjà primée quatre fois meilleure série dramatique, elle a dû s’incliner devant « Game of Thrones », qui partait avec une longueur d’avance, forte de 24 nominations. Mettant en scène de sanglantes rivalités claniques, « Game of Thrones » a triomphé avec 12 prix, dont celui du meilleur second rôle masculin dans un rôle dramatique pour Peter Dinklage, interprète du rusé Tyrion Lannister. « Merci encore HBO d’avoir eu foi dans les dragons », a déclaré le cocréateur de la série David Benioff.
Viola Davis a remporté face à Robin Wright (« House of Cards »), Claire Danes (« Homeland ») ou encore Taraji P. Henson (« Empire »), le prix de la meilleure actrice dramatique pour son interprétation d’une magistrale avocate dans « How to get away with murder ». « La seule chose qui sépare les femmes de couleur des autres, ce sont les opportunités. On ne peut pas gagner de prix pour les rôles qui n’ont pas été écrits », a déclaré, émue, celle qui entre ainsi dans les annales du petit écran. Elle a rendu hommage à l’équipe de la chaîne ABC qui diffuse « How to get away with murder » pour avoir su « redéfinir ce que cela signifie d’être belle, sexy et noire ».
« S’il a fallu 67 ans pour qu’une Noire gagne un Emmy (de meilleure actrice dramatique), c’est qu’il y avait bien une barrière à franchir, et qu’il faut le reconnaître », a-t-elle insisté devant la presse.
Chez les hommes, cela fait déjà plusieurs décennies qu’un Afro-Américain a reçu l’Emmy du meilleur acteur dramatique: l’ex-idole Bill Cosby, récompensé en 1966 pour « I Spy ». Sa réputation est aujourd’hui ternie par des accusations d’agressions sexuelles sur une cinquantaine de femmes. L’animateur de la soirée Andy Samberg avait donné le ton en ouvrant la cérémonie en déclarant que « la chose importante cette année, c’est la diversité ».
Premier Emmy pour Amazon avec « Transparent »
« Transparent », sur un père de famille transgenre, a gagné deux Emmy Awards: meilleure réalisation pour sa créatrice Jill Soloway, qui s’est inspirée de son père, et meilleur acteur dans une comédie pour Jeffrey Tambor. Ce dernier a dédié son Emmy à « la communauté transgenre pour sa patience, son courage ». Jill Soloway a quant à elle estimé que la télévision était « une machine à empathie » qui peut aider à mieux faire accepter les minorités.
Avec « Transparent », c’est la première fois qu’Amazon décroche des Emmy et qu’une série internet remporte l’un des principaux prix, ce qui témoigne du tournant dans la consommation de télévision ces dernières années.
La mini-série « Olive Kitteridge », sur un couple qui se délite, affiche la deuxième plus grosse moisson des 67e Emmy Awards après « Game of Thrones »: huit récompenses dont l’une pour son actrice Frances McDormand.
La satire politique « Veep » de HBO a été couronnée meilleure série comique, doublant « Modern Family », déjà récompensée cinq fois dans cette catégorie. Son interprète Julia Louis-Dreyfus a été primée pour la quatrième fois pour avoir campé une présidente des Etats-Unis loufoque.
Le Quotidien / AFP
Palmarès
Meilleure série dramatique: « Game of Thrones »
Meilleure série comique: « Veep »
Acteur principal dans une série dramatique: Jon Hamm, « Mad Men » (AMC)
Actrice principale dans une série dramatique: Viola Davis, « How To Get Away With Murder » (ABC)
Acteur principal dans une série comique: Jeffrey Tambor, « Transparent » (Amazon)
Actrice principale dans une comédie: Julia Louis-Dreyfus, « Veep » (HBO)
Meilleur acteur dans un second rôle dramatique: Peter Dinklage, « Game Of Thrones » (HBO)
Meilleure actrice dans un second rôle dramatique: Uzo Aduba, « Orange Is The New Black » (Netflix)
Meilleur acteur dans un second rôle comique: Tony Hale, « Veep » (HBO)
Meilleure actrice dans un second rôle comique: Allison Janney, « Mom » (CBS)
Meilleur acteur dans une mini-série ou un film de télévision: Richard Jenkins, « Olive Kitteridge » (HBO)
Meilleure actrice dans une mini-série ou un film de télévision: Frances McDormand, « Olive Kitteridge » (HBO)
Meilleure mini-série: « Olive Kitteridge » (HBO)
Meilleur film de télévision: « Bessie » (HBO).