Emblématique gardien de Berchem pendant vingt saisons, club auquel il est resté fidèle tout au long de sa carrière, Mike Majerus a également fait les beaux jours de la sélection nationale.
Mike Majerus, l’illustre gardien de Berchem, son club de toujours, qui affronte dimanche la lanterne rouge Mersch, revient sur les moments forts qui ont marqué sa carrière.
Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous avez joué ?
Mike Majerus : Dans le souci d’oublier quelqu’un, je n’aime pas trop faire de listes. Et puis, il y en a plusieurs. À vrai dire, j’en ai connu beaucoup et ça dépend aussi des époques. Par exemple de 1995 à 2000, j’ai joué avec beaucoup d’amis à moi qui ont aussi grandi dans le club de Berchem, et on avait la chance d’avoir une bonne équipe. Parmi eux, il y avait Claude Wener et Claude Kaysen qui étaient des bons joueurs avec lesquels j’ai joué.
Eux, ils ont arrêté plus tôt que moi et de nouveaux joueurs sont arrivés comme Martin Hummel (actuel entraîneur du Standard) qui était un très bon joueur. Ensuite, on a eu beaucoup de joueurs qui sont venus de l’étranger. On avait un gaucher, le Polonais Maciej Nowakowski, peut-être le meilleur gaucher avec lequel j’ai joué. Avec lui et Martin Hummel, on a remporté le doublé en 2005 (coupe et championnat), le premier et le seul de Berchem jusqu’à présent.
Après, quand Jean-Marc Toupance est arrivé en tant qu’entraîneur, beaucoup de Français sont venus comme Guillaume Geoffroy qui lui, s’est arrêté il y a peu. Il y avait aussi Tarek Boucetta. C’étaient de très bons joueurs.
Et le plus fort que vous ayez affronté ?
Comme on a joué contre l’équipe de France (qualif Euro-2010), il y avait que des bons joueurs comme Daniel Narcisse et Thierry Omeyer dans les buts. Malheureusement, j’ai manqué le match contre Nikola Karabatic. Je n’ai pas eu la chance de jouer contre lui. Il n’avait pas joué le match aller, ici à la Coque, mais il avait joué le match retour en France que j’ai raté pour des raisons familiales. Par contre, mes coéquipiers de ce tournoi ont eu la chance de jouer contre lui.
Avec Berchem, on a aussi joué en Coupe d’Europe contre Chambéry (en 2000), il y avait les deux frères Gille. En tant que gardien, je me souviens aussi d’un match difficile en Coupe d’Europe face à Essen, une équipe allemande. L’Islandais Valur Sigurdsson avait, je crois, réussi un 10/10, et ça je m’en rappelle (il rit).
Avec le club qui l’a fait grandir, Mike Majerus, qui évoluait avec Tom, son frère jumeau, pivot de l’équipe, a remporté six fois le championnat et sept fois la Coupe nationale dont un doublé historique en 2005.
Le dernier rempart a aussi joué la finale du Challenge Trophy avec le Luxembourg en lever de rideau d’un match de la Norvège, perdu d’un petit but face à la Géorgie (27-28).
Le joueur le plus méchant que vous ayez affronté ?
Il n’y avait pas vraiment de méchants. Bien sûr, il y avait des joueurs qui étaient un peu plus durs sur le terrain, qui avaient cette renommée mais après les matches c’était toujours oublié. Par exemple, il y avait Romain Labonté. C’est un très bon ami à moi mais sur le terrain, il faisait son job en défense.
Tout au début quand j’ai commencé, il y avait aussi une équipe à Diekirch et c’était difficile de les affronter parce qu’ils avaient l’habitude de jouer dur. Il y avait Claude Haagen qui est maintenant ministre (il rit).
Un joueur que vous avez perdu de vue et que vous aimeriez revoir?
Il a fait une saison avec nous à Berchem, c’était Rafal Kuptel. C’était vraiment un très bon défenseur, peut-être le meilleur défenseur avec lequel j’ai joué. En tant que gardien, j’ai toujours aimé les bons défenseurs qui m’aidaient (il rit). Il avait un très bon niveau. Il est retourné en Pologne après une saison pour des raisons sportives. Il voulait évoluer à un niveau plus haut. J’ai un peu suivi sa carrière mais à vrai dire pas trop. C’est aussi difficile de trouver des informations sur des matches en Pologne.
L’une des plus belles victoires c’était contre Tongeren en demi-finale de la Benelux League
Votre plus belle victoire ?
Il y a toujours les victoires lors des matches décisifs, on en a joué quelques-uns pour le championnat. Parfois ça se jouait au dernier match. Ou en finale de la Coupe. Pour en citer une, c’était avec Berchem en demi-finale de la Benelux League (que les clubs luxembourgeois ont quittée depuis).
On avait gagné contre Tongeren, une équipe belge. C’était quand même une surprise de gagner ce match là. Malheureusement, en finale, on a joué contre Volendam, une équipe néerlandaise, et on a perdu (saison 2010/2011).
Votre plus gros regret ou déception ?
J’ai eu la chance de jouer contre la France, la Norvège ou encore le Portugal mais je n’ai jamais eu la chance de jouer contre l’Allemagne ou l’Espagne qui sont aussi des grandes nations de handball. Pour la déception, c’était avec l’équipe nationale. On a joué la finale du Challenge Trophy (2008). Il y avait deux poules, et nous on avait terminé premier, ici à la Coque.
Le vainqueur de l’autre poule, c’était la Géorgie et la finale s’est jouée en Norvège, je crois que c’était dans le cadre du championnat d’Europe. On a joué juste avant un match de la Norvège donc il y avait de l’ambiance dans la salle. On a perdu d’un but contre la Géorgie (27-28, le 20 janvier 2008) et là, c’était vraiment une déception parce qu’on espérait remporter une fois ce trophée.
Je n’ai jamais voulu changer de club
Un transfert qui a failli se faire ?
Il y avait parfois des clubs qui ont cherché le contact, mais j’ai tout de suite dit non. Il n’y avait pas de raison de changer de club. On jouait toujours pour le titre et je me sentais à l’aise à Berchem avec mes copains. Je n’ai jamais voulu changer de club.
L’entraîneur qui vous a le plus marqué ?
André Gulbicki. Ici au Luxembourg, il a fait quelques clubs et il a toujours remporté des titres. Il a commencé sa carrière d’entraîneur chez nous à Berchem, lui il m’a marqué. Il y a Jean-Marc Toupance qui m’a aussi marqué, surtout pour sa connaissance du handball, son empathie pour les joueurs et sa gestion d’un groupe.
Après vingt ans de bons et loyaux services, Mike Majerus met un terme à sa carrière avec l’équipe A de Berchem en 2012. Le Luxembourgeois refoulera les parquets deux ans plus tard, et ce, pendant trois saisons, toujours avec Berchem mais avec une bande de copains cette fois-ci «pour se faire plaisir».
En 2017, à 41 ans, cinq ans après sa dernière apparition chez les A, il viendra prêter main forte aux siens à l’occasion d’un match contre Dudelange. S’il a définitivement raccroché depuis, l’ancien gardien continue de suivre avec attention les résultats de son club de cœur et donne de temps à autre un coup de main pour l’organisation d’évènements.
Le jour où vous avez décidé d’arrêter votre carrière ?
À un certain moment, je me suis dit que j’allais faire les vingt saisons avant d’arrêter. Le côté familial avait aussi changé : j’ai eu mon premier enfant en 2009 et le deuxième en 2011. Je ne pouvais plus m’entraîner comme je le voulais. Et j’ai remarqué ça dans mes performances. Je me suis dit que j’allais arrêter parce que je n’aime pas faire les choses à moitié.
Pour les performances que j’attendais de moi, que l’entraîneur attendait et l’équipe aussi, il fallait s’entraîner presque chaque jour et avec la famille ce n’était plus réalisable. Je voulais voir mes enfants, je ne voulais pas aller du boulot à l’entraînement sans les voir.