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La centrale électrique de Battersea entame une nouvelle vie


Les travaux auront coûté plus de dix milliards d'euros. (Photo : AFP)

On la connaît surtout grâce à la pochette de l’album de Pink Floyd Animals : après neuf ans de travaux, la centrale électrique de Battersea est réhabilitée en un grand espace de commerces, bureaux et appartements.

Avec ses quatre immenses cheminées blanches, la centrale électrique de Battersea domine le ciel de Londres depuis des décennies. À l’arrêt depuis bientôt 40 ans, elle s’apprête à connaître une nouvelle vie, transformée en un ensemble luxueux de bureaux, logements, restaurants et magasins.

La réhabilitation de la centrale située au sud de la Tamise et construite dans les années 1930 est le dernier exemple en date des projets de transformation d’anciens sites industriels de la capitale britannique.

Entamés en juillet 2013, les travaux qui auront coûté 9 milliards de livres (environ 10,2 milliards d’euros) ont pris fin et le site a ouvert le week-end dernier au public. Ses 16 hectares accueillent désormais plus de 250 boutiques, cafés et restaurants, plus de 270 000 m2 d’espaces commerciaux ainsi que des appartements, un théâtre, un hôtel, un espace événementiel et 24 hectares de jardins.

Un projet de restauration minutieux

Au total, les concepteurs du projet estiment que 25 000 personnes vivront ou travailleront sur le site, résultat du «plus minutieux projet de restauration d’un bâtiment postindustriel de Londres», selon Ben Walker, de l’agence LDA Design, qui y a contribué.

Devenue culte depuis que le groupe Pink Floyd en a fait la couverture de son album Animals en 1977, la centrale avait auparavant fait l’objet de nombreuses critiques. Au début de sa construction, la stabilité de ses cheminées avait été mise en doute, et certains sceptiques l’avaient qualifiée de «gigantesque et inutilement laide».

Au plus fort de son activité, la centrale produisait un cinquième de l’électricité consommée à Londres, fournissant notamment le palais de Buckingham et le Parlement.

Dans les années 1970, son utilité avait diminué, avec la montée en puissance de nouvelles sources de production d’électricité dans l’estuaire de la Tamise. Une première unité de la centrale avait été mise à l’arrêt en 1975, et la seconde en 1983.

Un ascenseur en verre dans une cheminée 

Plusieurs projets avortés avaient ensuite tenté de réhabiliter le bâtiment, qui a progressivement perdu sa toiture et est tombé petit à petit en ruine. Jusqu’à son rachat, en 2012, par un consortium d’investisseurs malaisiens.

Les architectes ont dû faire face à de nombreux défis pour transformer la centrale, notamment pour respecter la vision de l’architecte Giles Gilbert Scott, qui a joué un rôle majeur dans sa construction, en créant de «nouveaux et immenses espaces».

Après avoir craché de la fumée pendant un demi-siècle, les quatre cheminées de 8,4 mètres de diamètre avaient particulièrement souffert de la corrosion et elles ont dû être démontées avant d’être reconstruites à l’identique. Désormais, les visiteurs pourront monter au sommet de l’une d’entre elles via un ascenseur en verre pour profiter d’une vue panoramique sur Londres.

D’autres éléments du bâtiment d’origine ont été conservés, comme l’espace qui abritait la turbine de la première unité de la centrale, un bijou Art déco. Autre trace du passé du site : le quai de 133 mètres de long qui servait à charger le charbon depuis la rivière est désormais bordé de boutiques et de restaurants.

«Le mélange heureux de l’ancien et du moderne»

La centrale de Battersea est la dernière sur une longue liste de sites industriels rénovés dans la capitale britannique. Une autre centrale électrique londonienne, celle de Bankside, également conçue par Giles Gilbert Scott, abrite ainsi depuis 2000 la Tate Modern, le musée d’art moderne de Londres.

Pour Tom Goodall, associé du cabinet Related Argent, spécialiste des rénovations urbaines et qui a notamment travaillé sur la réhabilitation de la gare londonienne de King’s Cross, Battersea va susciter un grand attrait, car elle est un exemple de ce que peut être «le mélange heureux de l’ancien et du moderne».

Mais son succès sur le long terme viendra de «la magie» qui pourra advenir dans la manière dont le public prendra possession de ses espaces. «Ce sera la capacité des gens à déambuler entre les bâtiments et à en profiter sans avoir besoin de faire partie d’un club particulier qui lui donnera sa vraie valeur», ajoute-t-il.