Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Jeff Konsbruck, vigneron bio, est comblé par ce qu’il récolte. Non seulement la qualité est là, mais la quantité sera plus importante qu’il ne le pensait.
Un record de précocité
«Je suis revenu de vacances le 27 août et j’ai lancé la première presse le 29, il était temps! Je n’ai jamais commencé aussi tôt, dès le mois d’août. Cette première presse, c’est un peu un test. J’y ai mis du rivaner pour faire le Fiederwäissen (NDLR : un vin nouveau en cours de fermentation, trouble et sucré). Ça me permet de voir si tout fonctionne, s’il n’y a pas de panne. Comme j’ai étudié la mécanique agricole, cette première presse me laisse une ou deux journées pour réparer avant le grand départ. Le pressoir ou les pompes sont inactifs pendant 11 mois de l’année mais lorsqu’elles doivent être en service, nous n’avons pas de minutes à perdre. Heureusement, tout s’est bien passé : tout était propre, bien préparé et en état de marche! J’ai donc vraiment commencé dès le lendemain, le 30 août. Le pinot noir (pour le crémant, le crémant rosé et le rosé en vin tranquille) et l’auxerrois (vin tranquille) ont été les premiers en cuves.»
Plus de jus que prévu
«Il a fait tellement sec jusqu’en septembre que je m’attendais à récolter des raisins sans beaucoup de jus et donc avoir une petite récolte. J’ai été surpris parce qu’il y a quand même pas mal de jus. Pour 1 000 kg de raisin, j’obtiens autour de 600 litres de moût. C’est moins qu’en 2018 parce qu’il y avait eu plus de pluie en août cette année-là mais nous aurons quand même une quantité de vins très correcte.»
L’ensemble des cépages s’en sort très bien et les vins rouges promettent beaucoup.
La qualité au rendez-vous
«Honnêtement, les raisins que je récolte ressemblent en tout point à ce que je voulais! Ils ne sont pas si sucrés que ça et c’est très bien : j’aime les vins secs. L’acidité est un peu basse, c’est vrai, mais je peux vivre avec. Le plus important est l’impeccable état sanitaire, les grappes sont toutes très belles. L’ensemble des cépages s’en sort très bien et les vins rouges promettent beaucoup. Je n’ai pas encore vendangé le pinot noir pour le vin tranquille mais les raisins sont déjà mûrs. Je pourrais faire un très bon vin si je les cueillais maintenant. Mais j’attends une journée sans pluie, comme ça je pourrai mettre des grappes complètement sèches dans le pressoir. En mettant des raisins mouillés, on apporte de l’eau et cela dilue un peu les jus. Avec cette qualité, ce serait dommage. Comme j’ai le temps, je préfère attendre que les conditions soient optimales.»
La pluie, un problème?
«Pour ceux qui ont commencé à vendanger plus tard, ça va sans doute être compliqué. Pour moi, pas du tout. Ceci dit, heureusement qu’il a plu moins que prévu autour de Wormeldange (NDLR : où se trouvent ses vignes). Si le déluge annoncé avait eu lieu, je ne tiendrais sans doute pas le même discours. La vigne travaille encore et les raisins auraient pu se gonfler d’eau jusqu’à éclater, créant ainsi des foyers de pourriture. Moi, en tout cas, je ne me plains pas de la pluie. J’ai commencé les vendanges sous de grosses chaleurs et tout ce qui est en cave maintenant me permet d’avoir plus de flexibilité aujourd’hui. Je vois ça et là l’apparition de pourriture sur certaines grappes mais j’aurai tout vendangé avant que cela commence à devenir un problème.»
Un nouveau vin, de nouvelles étiquettes
Jeff Konsbruck a réalisé l’année dernière pour la première fois un vin en fermentation spontanée. Sans apport de levures extérieures, la fermentation s’est lancée uniquement avec celles présentes naturellement sur les raisins et dans l’atmosphère de la cave. Il a été baptisé Sponty et l’étiquette a été dessinée par la compagne de Jeff, Sarah.
Toutes les étiquettes ont également été renouvelées cette année. Jeff Konsbruck a réinterprété le thème de la feuille de vigne, déjà présent sur les anciennes livrées mais il met désormais bien plus en avant le nom de son domaine.
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Toutes les étiquettes ont été renouvelées cette année. Jeff Konsbruck a réinterprété le thème de la feuille de vigne, déjà présent sur les anciennes livrées mais il met désormais bien plus en avant le nom de son domaine.(Photo : erwan nonet)[/caption]
La fin des vendanges
«Aujourd’hui (NDLR : vendredi), j’ai vendangé du rivaner, du chardonnay pour le crémant et de l’auxerrois. Demain ce sera au tour du Gewürztraminer que je laisserai macérer jusqu’à dimanche ou lundi, je ne sais pas encore : il faudra goûter. Il me reste encore le pinot noir pour faire les vins rouges et les rieslings, que je laisse encore mûrir. Je pense que je finirai autour du 27 septembre, ce qui est vraiment très, très tôt. Et encore, si je voulais, je pourrais terminer vendredi prochain et produire encore de beaux vins! Mais je vais attendre un peu pour vraiment avoir le meilleur. Je retire aujourd’hui les bénéfices d’avoir commencé tôt, ça me laisse une plus grande flexibilité pour choisir sans contrainte les dates de vendanges.»
En plein Riesling Open
«Pour moi, ça ne pose pas de problème puisque j’ai ma Wäistuff (NDLR : bar à vin), je n’ai pas de tentes à installer. Bon, cela fait un peu de travail quand même parce que nous aurons beaucoup de monde à accueillir mais nous sommes contents de voir les gens revenir en nombre chez nous! Je crois que depuis 2013, ce n’est arrivé que deux fois que les vendanges n’aient pas encore commencé pour le Riesling Open. L’année dernière, c’était juste : j’avais fait la première presse le jour d’avant. Cette année, nous proposerons des produits locaux à grignoter, dont des tartines de Kachkéis que nous cuirons sur place, de la charcuterie locale, des fromages, des petits pains saucisse/choucroute…»
Un souci : les prix
«Nous n’échappons pas à l’inflation. Les prix des produits de cave, comme les levures, ont explosé cette année. Les bouteilles vides ont augmenté de 45 %. Pour les fûts de chêne, c’est pratiquement un doublement. J’ai arrêté d’utiliser de la glace carbonique pour refroidir les raisins après la première semaine, c’était trop cher : là aussi, presque deux fois plus que l’an dernier. Et il y aura beaucoup d’énergie à payer… J’ai une prise de 32 ampères qui livrera jusqu’en décembre du courant en continu pour thermoréguler les cuves. Le pressoir fonctionne 15 heures par jour pendant tout un mois. Je nettoie l’installation à l’eau chaude tous les jours, elle est chauffée avec une chaudière à pellets mais leur prix a aussi été multiplié par deux. Et nous, on ne peut pas doubler le prix de nos bouteilles d’un coup… »
Ce week-end, c’est le Riesling Open
Céline, la nouvelle Reine du riesling, a été couronnée vendredi soir devant plus de 500 invités, une affluence que l’on n’avait pas connue depuis trois ans! C’est ainsi que se lance traditionnellement le Riesling Open, qui se tiendra tout au long de ce week-end. Tous les vignerons de la commune de Wormeldange (qui comprend aussi les villages de Wormeldange-Haut, Ehnen, Ahn et Machtum) vont ouvrir leurs portes et proposer aux visiteurs de déguster leurs vins et de manger un morceau dans une ambiance festive.
Dimanche, des navettes seront spécialement mises en service non seulement le long de la Moselle pour desservir tous les domaines, mais aussi depuis Luxembourg. Le bateau Princesse Marie-Astrid proposera également cinq courses spéciales entre Ehnen et Ahn dimanche après-midi.
Toutes les informations se trouvent sur le site www.rieslingopen.com.
Les vignerons participants
Wormeldange : Alice Hartmann, Schumacher-Lethal et Vinsmoselle.
Wormeldange-Haut : Pundel vins purs.
Ehnen : Kohll-Leuck, Häremillen et Keyser-Kohll by Kohll-Reuland.
Ahn : Jeff Konsbruck, Berna, Schmit-Fohl, Madame Aly-Duhr, Max-Lahr et fils, Steinmetz-Duhr et Clos Mon Vieux Moulin.
Machtum : Steinmetz-Duhret et Pundel-Hoffeld.
Samedi à partir de 15 h, dimanche à partir de 11 h.
