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Tripartite : à la recherche d’un dénominateur commun


Une date précise pour le début des véritables négociations tripartites n’a pas encore été définie.(Photo : Alain Rischard)

Gouvernement, syndicats et patronat sont tombés d’accord, jeudi, pour se donner le temps nécessaire avant de lancer la tripartite. La priorité est accordée à une analyse détaillée de la situation socioéconomique.

Contrairement à la tripartite de mars – et une «préparation un peu trop précipitée», comme le déplore Romain Wolff, le président de la CGFP –, les partenaires sociaux vont cette fois se donner plus de temps avant d’entamer les négociations tripartites qui s’annoncent pour cet automne. «Si on veut obtenir un résultat, une préparation convenable est indispensable», souligne le chef de file du syndicat de la fonction publique.

Au bout des deux bipartites tenues ce jeudi avec le trio syndical OGBL-LCGB-CGFP et l’association patronale UEL, le Premier ministre, Xavier Bettel, est venu confirmer l’importance de «s’élancer du même point de départ. J’aurais un mauvais sentiment si un des partenaires sociaux n’est pas d’accord sur l’analyse de la situation qui sera dressée». Le patron des patrons, Michel Reckinger, abonde dans le même sens : «Nous avons besoin d’une base de discussion claire, pour que personne ne puisse dire que les chiffres sont faussés ou non fiables.»

«Aucune revendication n’a été mise sur la table»

Un premier dénominateur commun semble donc avoir pu être trouvé, hier. Les tractations entamées portent néanmoins bien plus sur la forme que sur le fond. «On a eu une réunion de préparation pendant laquelle aucune revendication majeure n’a été mise sur la table», indique Romain Wolff. «L’acquis majeur de cette réunion est la concession du gouvernement pour nous livrer une analyse différenciée de la situation. Il nous faudra savoir quels secteurs économiques, et quelles sous-catégories, sont, à quel degré, impactés par la crise», lance Nora Back, la présidente de l’OGBL.

Il reviendra aux ministères des Finances, de l’Économie et de l’Énergie, avec le camp patronal, de recueillir les données réclamées. «En tant que syndicats, nous allons aussi envoyer une demande écrite pour demander de manière plus détaillée les chiffres que l’on souhaite obtenir», précise Nora Back. L’UEL a, de son côté, soumis hier après-midi une première analyse sommaire au gouvernement de la situation dans les différents secteurs économiques. «Ces chiffres devront encore être affinés et complétés après la fin de ce mois d’août», précise Michel Reckinger.

Par la suite, il a été convenu «de se donner le temps nécessaire pour analyser ces données avant de se retrouver». Sur ce point, gouvernement et patronat se disent également d’accord. «Il faudra se prendre le temps qu’il faudra. Nous allons nous revoir toutes les deux ou trois semaines pour effectuer ce travail d’analyse», affirme le Premier ministre. Une date précise pour le début des véritables négociations tripartites n’a pas encore été définie (lire ci-contre).

Des premières pistes sur l’ordre du jour de la tripartite se sont toutefois dégagées. «Le pouvoir d’achat constitue la grande priorité des syndicats. Il nous faudra être ouvert à toutes les options possibles pour aider les gens», met en perspective la présidente de l’OGBL. La flambée des prix de l’énergie va constituer un autre point de discussion majeur. «On oublie toujours les problèmes d’approvisionnement d’énergie qui nous guettent», fait remarquer Patrick Dury, le président du LCGB.

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Les lignes bougent

Ils se retrouvent le 14 septembre

«La préservation de l’emploi et le maintien de la compétitivité des entreprises vont dominer les discussions. S’y ajoutent la hausse des prix de l’énergie et l’impact de l’inflation généralisée sur les gens», résume Xavier Bettel, qui voit d’un mauvais œil toute «ligne rouge», concernant notamment l’index, dressée par le camp syndical ou patronal. «On est cinq partenaires à négocier. Après l’accord conclu fin mars à quatre (NDLR : l’OGBL a rejeté l’accord), mon but est cette fois de dégager une position commune qui pourra être partagée par les cinq partenaires assis à la table», martèle le Premier ministre.

Gouvernement, syndicats et patronat vont se revoir le 14 septembre, une nouvelle fois en format «bipartite». «On devrait alors avoir une vue plus claire vers quoi le pays se dirige pour la fin de cette année 2022 et celle qui arrive en 2023», conclut Michel Reckinger.

La tripartite lancée au plus tôt en octobre

Le Premier ministre n’a pas souhaité s’avancer, hier, sur une date de début des véritables négociations tripartites. «Cela dépendra de beaucoup de facteurs. Il me faudra tout d’abord savoir quand la prochaine tranche indiciaire va tomber», introduit-il. «Si l’index est dû dès octobre ou novembre, je serais plus pressé que si la prochaine tranche ne tombe qu’en décembre ou janvier.»

«On est d’accord de se revoir séparément avec le gouvernement sous forme de bipartite en septembre. Or on est tous d’accord qu’on se trouve dans la préparation d’une tripartite», affirme Patrick Dury, le président du LCGB.

«J’ai vraiment l’espoir que l’on va mener une tripartite sereine et non pas politisée, en amont des élections de 2023. Nous allons devoir prendre des décisions ensemble afin de garder l’emploi stable, garantir la prospérité de la place financière, assurer les recettes fiscales et maintenir ainsi le financement de l’État-providence», avance Michel Reckinger, le président de l’UEL.

Au vu du calendrier et du cadre, fixés hier, la tripartite ne devrait pas être lancée avant octobre.