Mais non, voyons, l’armée russe n’a pas commis «un crime de guerre délibéré» en faisant exploser la prison d’Olenivka afin de camoufler des actes de torture présumés sur des soldats ukrainiens, pour la plupart défenseurs de l’usine Azovstal faits prisonniers lors de la prise de Marioupol. Preuve de la bonne foi de la Fédération de Russie, celle-ci a «invité des experts de l’ONU et du Comité international de la Croix-Rouge» à mener l’enquête sur place. Les portes du pénitencier, au toit livré aux quatre vents, sont donc grandes ouvertes. Jusque-là, sinon la télévision d’État, personne n’a encore pu y mettre les pieds.
De toute façon, c’est toujours Kiev qui est à la manœuvre, répètent en boucle les têtes pensantes du Kremlin, entre autres le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, et le porte-parole, Dmitri Peskov, bons chiens bien dressés par leur maître. C’était déjà Kiev qui avait orchestré le massacre de Boutcha, la ville martyre occupée en mars par des forces russes, une odieuse mise en scène pour faire pleurer dans les chaumières occidentales et permettre à leurs dirigeants de venir y prendre une photo souvenir.
À chaque nouveau bombardement meurtrier, chaque fois que le sang ukrainien coule dans des villages défigurés, Moscou n’y est définitivement pour rien. Et il n’y a jamais aucune intention de nuire au peuple «frère», qui attend ses libérateurs avec toujours plus d’impatience. Pur hasard donc, si des missiles de haute précision viennent s’écraser sur des immeubles habités par des civils. La faute à pas de chance, s’il y a toujours une gare bondée, un centre commercial hyper fréquenté, un marché bien garni, à proximité des infrastructures militaires visées – des sites que l’on imagine hautement sensibles.
Toupet russe et théâtre de guignols. Avec cette troupe de comédiens jamais avares en provocations et osant tous les mensonges, Vladimir Poutine a de quoi se divertir pour encore un bon moment. Un mauvais spectacle qui n’amuse que le tsar et sa cour. Parce qu’ici, l’opinion publique, que l’on dit lassée par cette guerre sans fin, aux conséquences humanitaires et économiques catastrophiques, est avant tout révulsée par un tel mépris affiché sans honte ni gêne.
Alexandra Parachini