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Faites des gosses !

Au 15 novembre, le monde devrait recenser huit milliards d’êtres humains et des poussières, a calculé le département des affaires économiques et sociales de l’ONU il y a quelques jours. Depuis la naissance du sept milliardième, le 31 octobre 2011, le rythme de croissance s’est fait plus lent. Avant une poussée prochaine, selon les estimations : 8,5 milliards en 2030 et 9,7 milliards en 2050, avec un pic à environ 10,4 milliards dans les années 2080. Mais bon, d’ici là…

En attendant, avec une famille déjà nombreuse de huit milliards d’individus, ce sont donc autant de bouches à nourrir. Ceci alors que des millions d’enfants souffrent actuellement de malnutrition sévère, que la famine s’installe sur les terrains minés par les conflits armés, comme au Yémen, en Afghanistan, au Tigré éthiopien, entre bien d’autres. Qu’importe, faites des gosses, exhortent les gouvernements de plusieurs pays dits développés, où une nette chute de la fécondité met la natalité en berne. C’est le cas de la Chine, de l’Italie, ou encore de la Russie – qui profite par ailleurs des déplacés de la guerre en Ukraine pour s’assurer une remontée démographique. Sauf que l’augmentation de population attendue au cours des prochaines décennies sera concentrée pour plus de la moitié dans seulement huit pays, selon la projection des Nations unies. Des pays déjà fortement touchés par les pénuries alimentaires, à l’instar notamment de la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, l’Inde et du Pakistan.

Et quelle planète va-t-on laisser aux habitants de demain, sinon un monde de brutes où les plus riches pillent les plus pauvres. Un monde de fous où les guerres creusent les ventres vides et les inégalités. Un monde rincé et mis à sec, aux ressources qui fondent comme neige au soleil. C’est aujourd’hui même que nous avons épuisé notre Terre nourricière de tout ce qu’elle est capable de produire en une année entière. Sachant également que nous y vivons à l’étroit, puisque nos modes de consommation boulimiques s’étalent sur l’équivalent de 1,75 globe. Espérons au moins que ces huit milliards d’individus n’aient pas l’appétit d’un Luxembourgeois, qui aurait besoin de huit planètes pour se rassasier.

Alexandra Parachini