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«La majorité des feux de végétation est liée à l’activité humaine»


Plus d'une trentaine de feux de végétation ont été recensés par le CGDIS (Photo : Alain Rischard)

Au Luxembourg, la sécheresse et l’absence de pluie amplifient le risque de propagation des feux de végétation. Depuis le début de l’année, une trentaine de ces cas ont été signalés. Le CGDIS continue de sensibiliser la population contre la propagation de ces feux.

Depuis plusieurs jours, le sud de la France, et notamment la Gironde, subit d’importants feux de forêt, qui ont déjà ravagé plus de 2 800 hectares. Si ce risque plane moins au Luxembourg, le CGDIS reste vigilant quant à la propagation des feux de végétation.

Face à cette menace, la prévention et la sensibilisation sont les maîtres-mots des pompiers. Le point avec Cédric Gantzer, chef du département de la direction générale du CGDIS.

Le Luxembourg est-il une région de l’Europe qui est régulièrement en proie à des feux de végétation ?

Dans un premier temps, il faut faire la distinction entre les feux de végétation et de forêt. En France ou dans le sud de l’Europe, on observe souvent des forêts qui sont en proie aux flammes, c’est-à-dire que le feu atteint la cime des arbres et se développe rapidement avec le mistral. Fort heureusement, nous sommes très peu concernés par les feux de forêt au Luxembourg. Pour vous donner une idée, on a deux à trois incendies de ce type par an.

Chez nous, on retrouve davantage des feux de végétation, soit des champs ou des sous-bois en proie à des flammes à hauteur d’homme. Entre la sécheresse, les fortes températures et l’absence de pluies, il y a des risques importants que ces incendies se développent vite, ce qui complique l’action des pompiers, sachant que nous sommes aussi affectés par la chaleur et le manque d’eau. Cette année, on a déjà eu 36 feux de végétation à gérer. Les précédentes années, on a atteint les 70 à 80 feux.

Quelles sont les origines des feux de végétation que l’on retrouve au Luxembourg ?

Le déclenchement des feux de végétation est dans l’écrasante majorité des cas lié à l’activité humaine. Il y a les classiques, comme le mégot qui n’est pas éteint ou le barbecue dans la nature, dont le contrôle n’a pas été assuré. Au niveau de l’agriculture, les moissonneuses-batteuses peuvent également déclencher un feu, voire prendre feu, car elles tournent à plein régime.

Il faut savoir qu’en France et en Allemagne, quand on atteint un certain seuil de hautes températures et qu’il y a un avis de grande chaleur, les autorités compétentes interdisent les travaux dans les champs. Ce n’est pas du tout le cas au Luxembourg, on n’en est pas encore à ce niveau-là.

Quelles sont les mesures de prévention et de sensibilisation que vous relayez à la population ?

On dit toujours à la population de ne pas jeter les cigarettes dans la nature et de ne pas faire de feux ouverts dans des lieux qui ne sont pas prévus à cet effet. Il y a des endroits spécifiques pour faire des barbecues, comme au lac d’Echternach. Il faut se limiter à ces places.

Il faut également éviter de circuler sur des champs ou des chemins forestiers, car le pot d’échappement pourrait déclencher des feux sur les hautes herbes. Enfin, il ne faut pas jeter du verre brisé dans la nature. Il y a un double effet avec ce geste : le premier concerne évidemment la pollution, le second est le risque de l’effet loupe, qui peut aussi déclencher des incendies.

Et pour les agriculteurs ?

On leur demande d’entretenir leurs véhicules, notamment les filtres, pour éviter les surchauffes. La possession d’un extincteur est également primordiale pour arrêter immédiatement la propagation. On dit toujours qu’un grand incendie part d’une petite flamme, il faut donc réagir rapidement.

Comment le CGDIS est-il préparé contre cette menace ?

La première chose, c’est la formation. Tous les pompiers du pays, dans le cadre de leur formation initiale et continue, abordent le sujet des feux de végétation. On a envoyé deux notes spécifiques à tous nos pompiers pour réexpliquer les tactiques à employer et les risques qui peuvent se présenter à eux.

Au Luxembourg, on travaille de manière défensive. On évite donc de se mettre en danger. Il faut savoir que pour les feux de végétation, c’est souvent l’homme qui doit aller au contact des flammes quand elles ne dépassent pas le mètre. Ça nécessite beaucoup de moyens humains et d’outils. De ce fait, on les attaque avec des sortes de pelles ou de râteaux, en les tapant directement. On essaye d’utiliser de l’eau de manière un peu plus parcimonieuse dans ces cas-là.

On a aussi des véhicules qui peuvent se rendre sur le terrain. Certains ont de très grande capacité en eau. D’ailleurs, on a acheté un véhicule en France, il y a trois ans, qui a une capacité de 10 000 litres d’eau. Il est positionné à Colmar-Berg, au centre du pays, un endroit stratégique. Dès qu’il y a un feu d’envergure, on envoie ce genre de véhicule en renfort.

Que doit-on faire si l’on est témoin d’un feu de forêt ou de végétation ?

Le premier réflexe est d’appeler le 112 et de donner la localisation précise des lieux. Il faut ensuite se mettre en sécurité et faire en sorte que tout le monde évacue les lieux. Il faut également veiller à se positionner à des endroits stratégiques pour aider les pompiers à trouver le lieu de l’incendie. On compte sur la population pour être vigilante face à ces feux.