Lioudmyla Denissova, la chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien, a été renvoyée mardi, le parti présidentiel lui reprochant de n’avoir rien fait pour organiser des évacuations de civils et des échanges de prisonniers.
La Rada (Parlement ukrainien) a voté ce mardi le renvoi de Lioudmyla Denissova, membre du parti d’opposition « Front populaire » et nommée à ce poste en mars 2018. Le parti présidentiel « Serviteur du peuple » a auparavant réuni des signatures pour un vote de méfiance. « J’ai été limogée en violation de la Constitution, des lois ukrainiennes et des normes internationales. Je vais contester cette décision devant le tribunal », a réagi Lioudmyla Denissova sur sa chaîne Telegram.
Pavlo Frolov, député du parti du président Volodymyr Zelensky, a reproché à Lioudmyla Denissova de publier « de nombreux détails sur des crimes sexuels et viols d’enfants » sur les territoires occupés qu’elle ne « pouvait pas prouver » ce qui, selon lui, détournerait l’attention des médias internationaux des « vrais besoins » de l’Ukraine. Le député a par ailleurs accusé Lioudmyla Denissova de passer beaucoup de temps en Europe occidentale depuis l’invasion russe et « non en Russie ou au Bélarus » où « son statut aurait pu aider » les prisonniers de guerre, les personnes « déportées » ou encore celles se trouvant dans les territoires occupés.
Renvois de responsables
Lioudmyla Denissova était par ailleurs en délicatesse avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui a supervisé les évacuations sensibles de la ville de Marioupol et qu’elle a publiquement soupçonné de complicité avec la Russie.
Selon le parti au pouvoir, c’est la vice-Première ministre Iryna Verechtchouk qui gère dans les faits les dossiers de couloirs humanitaires et d’échange de prisonniers qui incombent également à Lioudmyla Denissova.
En pleine guerre avec la Russie, le président Zelensky procède à des renvois retentissants de responsables qui ne sont pas, selon lui, à la hauteur. Lundi, au cours d’un déplacement à Kharkiv (Est), le président a limogé le chef des services spéciaux régionaux qui « ne pensait qu’à lui », alors que les autres forces de l’ordre et l’administration régionale, au contraire, « font tout pour que la victoire se rapproche ».
Fin mars, Volodymir Zelensky a rappelé les ambassadeurs d’Ukraine au Maroc et en Géorgie, ne les jugeant pas assez « efficaces » pour obtenir des armes ou des sanctions contre la Russie dans ces deux pays.