Après plus d’un an et demi de mise en sommeil de sa carrière à cause du covid, Samir Hadji est en train de faire des différences fondamentales avec le F91.
Il est trop tard pour contester à Dejvid Sinani son statut de patron de l’attaque dudelangeoise avec ses déjà 14 passes et 16 buts. Il est trop tard pour nier à Adel Bettaieb sa stature d’attaquant le plus indispensable du système Fangueiro, malgré son coup de gueule hivernal sur les conditions de sa non-libération lors du mercato. Mais il n’est pas trop tard pour devenir l’homme de la fin de saison! Et ce rôle-là est en train de revenir, match après match, à Samir Hadji.
À moitié joker de luxe (il n’a été titularisé que la moitié du temps sur la deuxième partie de saison), l’ancien Folaman a fait contre le Swift ce que ni Sinani ni Bettaieb n’ont su faire, dimanche, avant son entrée en jeu, dans cette petite finale avant l’heure : inscrire le but décisif.
Du match, mais aussi peut-être de la saison. Celui qui transforme un très bon match nul en un exceptionnel match gagné. Marquer le petit but qui fait une énorme différence, c’est devenu sa spécialité, à Hadji. Avant de couper au premier poteau, devant Tom Schnell et Jerry Prempeh, pour pousser au fond le seul but du match (1-0), ce week-end, Hadji a aussi été l’homme du 2-1 contre Mondorf à la 81e minute, lors de la 20e journée et celui du 0-1 à Pétange (19e journée).
En résumé, sur les neuf dernières journées, à chaque fois qu’il a fallu qu’un homme fasse basculer dans l’escarcelle dudelangeoise trois points qui hésitaient à choisir leur camp, c’est toujours Hadji qui s’y est collé. Arrachant donc six points en trois matches bancals pour l’actuel leader (moyen contre Mondorf et Pétange mais excellent face au Swift). Et leader, le F91 ne le serait peut-être pas sans ça.
C’est sans doute une question d’expérience. À 32 ans, il est en effet l’un des rares Dudelangeois qui sache comment gérer assez bien une course au titre pour la remporter. Il y a bien Joubert, qui vient de revenir mais devra vraisemblablement se contenter d’un statut de n° 2 jusqu’à fin mai.
Les autres s’appellent Kirch (redevenu démentiel dans son couloir gauche) et Sinani (qu’on voit un peu moins depuis quelques semaines). Ils ont, comme lui, fait leurs armes dans ce domaine du côté du Fola, d’ailleurs leur dernier véritable adversaire pour le sacre. Mais aucun des deux n’est aussi décisif que lui ces dernières semaines. Sur ses dix dernières apparitions, Hadji a ainsi inscrit six buts et distillé une passe décisive et dans une dernière ligne droite, cela vous situe un homme.
Un an, neuf mois et dix jours d’arrêt
Dimanche, après son but et la joie qui va avec, Hadji s’est tourné vers la tribune présidentielle, a d’abord mis un doigt sur sa bouche puis fait un geste qui semblait indiquer que ce but devrait donner à réfléchir à quelqu’un. Ce genre de revendication reste parfois non élucidée mais sa situation si particulière peut toutefois ouvrir la voie à interprétation.
Hadji et ses 110 buts en 174 matches de BGL Ligue, au Fola, en sept saisons, étaient en effet restés naufragés du covid en 2020, incapables de s’extirper du piège Excelsior Virton. Le club de D2 belge, placé sous respirateur artificiel, avait en effet vécu un véritable sauve-qui-peut général de la part de joueurs (comme Anthony Moris d’ailleurs) qui n’étaient plus payés et n’avaient plus aucune perspective footballistique.
Hadji n’avait pu s’extraire de là et entre le 8 novembre 2019, date de son dernier match avec Virton et le 18 août 2021, date de son premier match officiel avec le F91, il s’est écoulé 1 an, 9 mois et 10 jours de vide intersidéral qui auraient pu compter parmi ses meilleures années. Était-il, dès lors, tourné vers Flavio Becca, son patron de l’Excelsior et sponsor du Swift qu’il venait de repousser à cinq points d’un joli jaillissement? Il le dira peut-être un jour.
Peut-être le jour du sacre, dont plus personne ne semble douter aujourd’hui dans le football luxembourgeois ? Il ajouterait alors une troisième couronne à son palmarès après celles de 2013 et 2015. Et à l’issue d’une saison complète pour se remettre en jambes, on le verrait bien enchaîner sur une saison à plus de 20 buts, comme c’était devenu son habitude en 2017, 2018 et 2019.