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La maternité d’Ettelbruck sauvée par un nouveau concept : «On a le feu vert»


Photo pixabay

La maternité du CHDN rouvrira bientôt ses portes, le temps pour les équipes de mettre en œuvre un nouveau concept, développé ces derniers jours en concertation avec tous les acteurs impliqués, qui a été validé ce jeudi par les autorités.

Après les remous de cette semaine, la maternité du Centre hospitalier du nord, située à Ettelbruck, a finalement trouvé son salut grâce à un nouveau mode de fonctionnement mis au point ces derniers jours en concertation avec l’ensemble des acteurs impliqués – anesthésistes-réanimateurs, gynécologues-obstétriciens, pédiatres agréés du CHDN, sages-femmes, direction du CHL, Service national de néonatologie intensive du CHL et ministère de la Santé.

«Nous avons travaillé dur pour tenter de solutionner ce manque de pédiatres qui nous empêche d’assurer une disponibilité 24 heures sur 24 pour la salle d’accouchement», explique le directeur général du CHDN, Paul Wirtgen.

«Le concept global qui a été établi vient d’être validé par les autorités qui ont jugé qu’il était bien conforme à la loi, alors que jusqu’ici le cadre légal trop court et imprécis nous posait problème. On a maintenant le feu vert et ça change tout», affirme-t-il.

Chloé : «Ce stress est très dur pour les mamans»

Alors qu’elle devait accoucher dans deux semaines à Ettelbruck, cette jeune femme de Vianden est désormais suivie à la clinique Bohler du Kirchberg. Elle a du mal à comprendre ces revirements et dénonce l’angoisse que cela cause : «C’est bien que cela puisse rouvrir prochainement, cela va aider beaucoup de femmes du nord, mais en attendant, tout ce stress est très dur à vivre pour les mamans», déplore ainsi la trentenaire.

Alors que la rencontre avec sa nouvelle gynécologue ce jeudi à la maternité des Hôpitaux Robert Schuman l’a rassurée, elle confie que ses inquiétudes sont réapparues avec l’annonce d’une prochaine réouverture à Ettelbruck.

«J’ai eu peur que tous ces changements auxquels j’ai dû faire face n’aient servi à rien», raconte-t-elle. Désormais, elle tente de se concentrer sur le projet de naissance de sa petite fille et de vivre aussi sereinement que possible les derniers moments de cette deuxième grossesse.

Concrètement, ce concept prévoit d’abord de renforcer la formation du personnel du CHDN en réanimation immédiate de l’enfant : «Nous avons insisté là-dessus, il y a notamment des certifications à renouveler tous les cinq ans. Un pédiatre qui exerce en cabinet depuis des années n’est pas forcément prêt à intervenir en urgence dans ce genre de situation. Les compétences des équipes seront donc renforcées», détaille-t-il.

Ensuite, une nouvelle procédure de télé-expertise va être instaurée : «Ce moyen moderne de communication entre médecins est très peu utilisé au Luxembourg alors qu’il offre des possibilités intéressantes. Nos équipes médicales à Ettelbruck pourront désormais contacter le Service national de néonatologie qui les guidera à distance en cas de besoin et cela pourra aller jusqu’au transfert du nouveau-né au CHL», poursuit-il.

Enfin, le SAMU néonatal, dispositif existant qui permet aux spécialistes d’aller chercher des nouveaux-nés en détresse au CHDN ou au CHEM à Esch-sur-Alzette, sera consolidé avec une disponibilité accrue :

«Cela passe par de nouveaux recrutements pour disposer de deux néonatologues en permanence au CHL, permettant à l’un d’eux de partir immédiatement avec le SAMU en cas d’alerte.» Alors qu’un seul était de garde jusqu’ici, forcé d’attendre que son collègue d’astreinte arrive de son domicile pour prendre la relève à l’hôpital avant de pouvoir enfin prendre la route. Des minutes pourtant décisives dans ces cas-là.

Renforcer l’offre pédiatrique au nord

Au-delà d’Ettelbruck, au niveau du système de santé, les travaux menés ces six derniers mois sur le dossier brûlant de la rémunération des astreintes et des gardes laissent entrevoir une embellie.

Alors qu’aujourd’hui, elles ne sont pas payées –  seuls les actes réalisés durant ces heures sont rémunérés –, cela pourrait changer à l’avenir : «Il semble qu’une avancée positive se dessine, on en saura plus ces prochaines semaines. La disponibilité doit être reconnue car c’est un véritable engagement de la part des médecins», souligne Paul Wirtgen.

Si ces mesures parent au plus pressé, difficile d’en évaluer l’efficacité à plus long terme. Le directeur général se veut confiant, puisque la direction de la Santé estime le concept solide, mais pas question pour autant de s’en contenter :

«On veut renforcer la pédiatrie au nord du pays. Des efforts de recrutement de pédiatres doivent être consentis pour assurer à la fois l’accueil des nouveaux-nés et les soins aux enfants plus âgés. Le but étant d’ouvrir des urgences pédiatriques à moyen terme.» Un engagement cité dans l’accord gouvernemental de coalition qui arrivera à échéance l’an prochain.

Pas encore de date de réouverture

Si la bonne nouvelle a été annoncée dès jeudi afin de calmer la tempête suscitée par l’annonce de la fermeture dimanche dernier, la réouverture n’est pas pour tout de suite : en effet, les différents éléments du nouveau concept, et notamment certains points techniques nécessaires pour la télé-expertise, vont prendre encore quelques semaines à mettre en place :

«Je ne peux pas donner de date car cela ne dépend pas que de nous, de nombreux autres partenaires sont engagés. Nous avons une réunion dès lundi avec des représentants de chaque profession pour passer en revue tout ce qui doit être fait en vue de rouvrir la maternité. J’espère que ce sera le plus vite possible», indique Paul Wirtgen.