Fred Keup et Tom Weidig, les initiateurs du mouvement «Nee 2015-Wee 2050», ont été élus dimanche président et vice-président de l’ADR. Leur parcours est entaché de propos tendancieux.
On est le 2 mars 2018. Lors d’une conférence de presse improvisée, les dirigeants de l’ADR annoncent l’alliance avec le mouvement «Wee 2050», venu prendre la relève de «Nee 2015», l’association de citoyens ayant mené campagne pour le non lors du référendum constitutionnel de 2015.
Le dénominateur commun est Fred Keup, rejoint notamment par Tom Weidig. Avant de se présenter sur les listes de l’ADR pour les législatives d’octobre 2018, les deux hommes se font remarquer par des propos tendancieux sur les réseaux sociaux.
Un scrutin et un peu plus de quatre ans plus tard, Fred Keup vient d’hériter de la présidence de l’ADR après avoir été assermenté comme député en octobre 2020. Tom Weidig, arrivé cinquième sur la liste sud du Parti réformateur, a été élu dimanche comme l’un des quatre vice-présidents de l’ADR. Le duo Keup-Weidig est donc reconstitué.
«Les nazis, au moins…»
Sur leur chemin commun, Fred Keup et Tom Weidig ont signé une multitude de déclarations et commentaires polémiques. Leur ligne de défense n’a pas changé : l’auditeur ou le lecteur auraient mal saisi le caractère «satirique» des mots employés, en rien leurs commentaires n’auraient été haineux, xénophobes ou discriminatoires.
La défense de la langue luxembourgeoise était dès le départ un fer de lance du «Wee 2050». Tom Weidig s’est ainsi fait remarquer par la minimisation de crimes nazis sur internet : «Les nazis, au moins, n’ont pas laissé mourir de faim les Luxembourgeois (…)» (NDLR : traduit depuis le luxembourgeois).
La figure historique de l’ADR Gast Gibéryen avait pris ses distances avec les propos signés par le nouveau membre du parti. Tom Weidig se défend en expliquant que cette phrase a été sortie de son contexte.
«J’ai toujours apprécié le courage de l’ADR»
Tom Weidig est resté membre de l’ADR et est donc désormais vice-président aux côtés d’Alexandra Schoos, de Pierrette Koehler et de Dan Hardy. Tom Weidig a cependant signé le plus mauvais résultat des quatre candidats : 68 voix pour, 12 contre et 14 abstentions. À titre de comparaison, Fred Keup a été crédité de 86 voix pour, 4 contre et 4 abstentions.
Dans son premier discours en tant que président de l’ADR, Fred Keup a admis ne pas avoir imaginé «il y a encore quelques mois ou années devenir président de l’ADR». Il a «toujours apprécié l’ADR pour son courage de dire haut et fort ce que beaucoup d’autres pensent tout bas. L’ADR est le parti qui comprend le mieux les préoccupations des Luxembourgeois. Et nous allons le rester.»
Fred Keup estime en outre que «l’ADR est probablement le dernier parti auquel le pays tient à cœur». «L’intégration se fait par le biais de la langue luxembourgeoise, une langue qui est de plus en plus menacée», reprend le président nouvellement élu.
Il est à noter que le Parti réformateur a officialisé dimanche la création d’une section internationale. Langues d’usage : le français et l’anglais. L’objectif : mieux «intégrer» des membres «étrangers».
«Stop à la croissance incontrôlable»
Ce sera notamment avec le concours de son compère Tom Weidig que Fred Keup emmènera l’ADR dans l’année électorale de 2023. Les autres priorités de l’ADR seront le social, la liberté, la sécurité, la famille, mais aussi l’environnement et la protection de la nature, avec la revendication majeure de «dire stop à la croissance incontrôlable du pays et à un État comptant un million d’habitants».
«Nous disposons de toutes les qualités pour gagner les élections», termine Fred Keup, passé en sept ans de parfait inconnu à leader d’un parti comptant près de 1 500 membres, quatre députés et ayant obtenu 8,3 % des suffrages lors des législatives de 2018.
La propagande de la page Facebook «Wee 2050»
La page Facebook «Wee 2050-Nee 2015» compte actuellement 8 800 abonnés, soit 200 de moins qu’en mars 2018.
À ce moment-là, Le Quotidien avait eu cette analyse : le mouvement «(…) poursuit comme objectif une politique d’intégration qui préserve l’identité politique, linguistique et culturelle de la nation luxembourgeoise. Des identitaires qui veulent contrôler la croissance, donc éviter que les étrangers continuent à venir en masse s’installer dans le pays, et limiter le nombre de frontaliers. Une croissance durable en luxembourgeois dans tous les textes. À mort le français (…) Même si les administrateurs du groupe défendent le multilinguisme, ils ont bien du mal à contenir certains de leurs fans qui donnent dans le lourd. Souvent, ça dérape. On sombre dans le populisme et, bien sûr, on joue sur les peurs, un registre toujours payant (…)».