La nouvelle enquête «Quality of Work Index» indique que 24 % des salariés sont prêts à changer d’emploi dans un avenir proche. Ce chiffre est en augmentation en 2021. Qui sont-ils et pourquoi ce désir ?
Il y a des journalistes qui deviennent masseurs, des juristes qui se lancent dans la restauration, des financiers qui ouvrent des boutiques… Changer d’emploi et même de métier devient de plus en plus courant et la tendance est à la hausse en 2021 avec 24 % des salariés interrogés qui ont l’intention de changer d’emploi dans un proche avenir, comme le démontre l’enquête «Quality of Work Index» reprise par la Chambre des salariés.
Depuis 2016, ce pourcentage varie entre 16 et 20 %, mais cette fois, il y a une hausse significative.
La catégorie professionnelle joue un rôle important, car la plus grande part de salariés souhaitant changer d’emploi peut être observée chez les professions élémentaires (entre 40 % et 45 % au cours des trois dernières années) et parmi le personnel des services directs : commerçants, vendeurs (entre 29 % et 33 %). La plus forte augmentation au cours des trois dernières années est cependant constatée dans les métiers qualifiés de l’artisanat et de l’industrie (de 9 % en 2019 à 22 % en 2021) et parmi les employés de bureau (de 14 % en 2019 à 25 % en 2021).
Salariés de petites entreprises
Le fait de télétravailler ou non ne joue pas un grand rôle ici, car tant les télétravailleurs que ceux qui ne travaillent pas à domicile présentent un taux similaire de souhait de changement d’emploi autour de la moyenne (il n’y a pas de données sur les télétravailleurs en 2019).
Des secteurs économiques semblent plus touchés par le phénomène que d’autres. Le secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques et activités de services administratifs et de soutien, présente le taux le plus élevé avec 38 % en 2021. Ce taux était déjà élevé les années précédentes (entre 32 % et 38 %). La part est également plus élevée que la moyenne dans le domaine «information et communication» (36 %) et dans les activités financières et d’assurance (30 %).
Toutefois, l’augmentation par rapport à 2019, où la valeur se situait encore entre 23 % et 24 %, est ici beaucoup plus élevée. Il faut également souligner le domaine «santé humaine et action sociale», car même si la part en 2021 se situe à peu près dans la moyenne (avec 23 %), l’augmentation par rapport aux années précédentes 2020 (12 %) et 2019 (17 %) est remarquable.
Concernant la taille de l’entreprise, on peut souligner que les salariés des plus petites entreprises (1-4 salariés) étaient les plus nombreux à vouloir changer d’emploi avant la crise (2019) avec 34 %, mais que cette tendance s’est inversée avec la crise, de sorte qu’en 2021 moins de salariés que dans les autres tailles d’entreprises ont l’intention de changer d’emploi (20 %). Il convient également de noter qu’en 2021 les travailleurs des entreprises de 5 à 14 employés sont ceux qui expriment le plus souvent leur intention de changer de job (29 %).
Les quadras en augmentation
Les conditions de travail sont-elles à l’origine des désirs de démission ? L’expérience du harcèlement au travail fait la plus grande différence et est plus fortement ressentie par ceux qui envisagent de changer de travail, suivie par les exigences émotionnelles, la charge physique et le travail sous pression du temps.
Si l’on compare les différents groupes d’âge, on constate que l’intention est la plus forte chez les jeunes travailleurs et qu’elle diminue progressivement à partir de la tranche d’âge 35-44 ans, même si l’on constate une augmentation significativement plus importante dans cette tranche d’âge en 2021 (de 18 % en 2020 à 28 %).
Les longues heures de travail ainsi que l’obligation de travailler selon des horaires atypiques font également pencher la balance en faveur d’un changement d’emploi. Enfin, une qualité de travail et un bien-être réduits, qui se traduisent notamment par un équilibre altéré entre vie professionnelle et vie privée, des relations interpersonnelles pesantes sur le lieu de travail et des possibilités insuffisantes de développement professionnel et de participation aux décisions augmentent considérablement la propension à envisager un changement d’emploi dans un avenir proche.