Aldo et Rosa sont accusés d’avoir menacé Marco et tenté de lui extorquer de l’argent. Ils se défaussent sur Giulio, qui n’est pas là pour se défendre.
Aldo et Rosa comparaissaient ce mardi matin face à la 18e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Les anciens époux sont soupçonnés de tentative d’extorsion par violences ou menaces sur Marco et Tina. Plus spécifiquement d’avoir exigé la remise de marchandises gratuites issues du magasin d’alimentation des victimes présumées et la somme de 300 euros par semaine. Les faits remontent au mois de juillet 2019 et sont vivement contestés par les deux prévenus. «Une affaire qui n’est pas des plus évidentes», estime le représentant du parquet après avoir entendu tous les témoins.
En effet, «le déroulement des faits n’est pas devenu plus clair après les différents témoignages», selon le parquetier. Les deux prévenus contestent les faits, un témoin a le cul entre deux chaises – Marco est le cousin de sa femme et il est l’ami d’Aldo –, l’enquêteur de la police n’a rien trouvé de concret faute de coopération des différents protagonistes de l’affaire et la victime présumée confirme peu ou prou à la barre la version des prévenus. Sans oublier un témoin clé qui manque à l’appel : Giulio, parti vivre en Sicile.
Selon les témoignages, tout est parti d’une faveur faite par Marco à Aldo. Les deux hommes se connaissent bien, ils se sont déjà rendu des services à de nombreuses reprises. Aldo demande à pouvoir acheter pour plus de 200 euros de marchandises à crédit, mais ne rembourse pas son ami. Rosa arrive dans le magasin quelque temps plus tard et refuse de payer pour 800 euros de marchandise, arguant qu’Aldo viendra régler ses dettes. Marco et son épouse Tina, se doutant, selon le procureur, qu’ils ne seront jamais payés, s’opposent à la transaction.
Plutôt que d’en rester là, Aldo, vexé, a «voulu mettre la pression sur Marco et Tina» en se rendant à leur magasin avec Toni et Guilio le 18 juillet 2019, élabore le procureur. Aldo maintient pourtant qu’il a juste été question de boire un café entre amis et de discuter. Ce qui aurait dû être le cas, si la situation n’avait pas dégénéré en raison d’un crêpage de chignons de Rosa et Tina. Cette dernière aurait dit à la prévenue que «vous, mafieux, vous ne devez même pas vous approcher de loin» du commerce. Les protagonistes et les témoins ne savent plus qui a commencé, mais la situation déjà tendue a évolué en bagarre. «On avait tous quelque chose en main», se souvient Marco, qui aurait frappé Rosa avec un bâton.
Aldo et Marco chargent Giulio
Le commerçant, qui a porté plainte contre les deux prévenus après les faits, semblait, comme Tino, mal à l’aise. Le président de la chambre correctionnelle a eu un mal fou à obtenir des réponses de sa part quant aux menaces qu’il aurait reçues de la part d’Aldo. «Il vous aurait dit au téléphone que vous aviez intérêt à lui donner les marchandises gratuitement ou que sinon vous alliez voir. Voulait-il juste vous intimider ou était-ce une menace?», lui demande-t-il après lui avoir rappelé qu’il témoignait sous serment et que «le tribunal veut savoir ce qui s’est passé. Rien de plus, rien de moins.»
Finalement, Marco, et par la suite également les deux prévenus, affirme que la menace «Tu ne sais pas qui nous sommes, nous allons venir» a été prononcée par Giulio et que c’est lui également qui a réclamé la somme de 300 euros par semaine à Marco, «sinon on viendra te casser le magasin». «J’ai dit à Giulio que je ne demanderais pas cela à Marco parce que je le respecte trop», lance Aldo.
Le procureur retient toutefois les menaces et la tentative d’extorsion et requiert une peine de dix mois de prison contre les prévenus, soulignant notamment qu’il ne s’agit que d’un fait unique. Me Stroesser et Me Hellinckx plaident tous deux l’acquittement de leurs clients ou, à défaut, une suspension du prononcé, soulignant les situations personnelles et financières précaires d’Aldo et Rosa.
L’ancien couple s’est rendu au magasin le 18 juillet 2019 pour tenter de régler les choses, pas pour commettre une extorsion, selon Me Stroesser, et les choses ont dérapé en raison de la dispute entre les deux femmes. La seule tentative d’extorsion a émané de Giulio, selon son confrère. Rosa n’a pas non plus proféré de menaces, ajoute-t-il. «C’est confirmé par Marco».
Le prononcé est fixé au 31 mars.