Les quelque 2 000 Ukrainiens vivant au Luxembourg suivent avec inquiétude la situation tendue dans leur pays d’origine. Le conflit armé en cours depuis 2014 dans le Donbass les préoccupe tout autant.
«Voulons-nous (d’une guerre) ou pas ? Bien sûr que non. C’est pour cela qu’on a avancé nos propositions pour un processus de négociations», a affirmé, mardi à Moscou, le président russe, Vladimir Poutine.
Il a confirmé sa volonté de «continuer le travail en commun» avec les Occidentaux sur la sécurité européenne pour désamorcer la crise autour de l’Ukraine. En parallèle, le retrait des premières troupes envoyées aux abords des frontières entre la Russie et l’Ukraine a été annoncé.
À plus de 2 500 km de la capitale russe, et à 2 000 km de Kiev, ces annonces n’ont pas forcément apaisé les Ukrainiens résidant au Luxembourg.
«Il faut s’attendre à ce que le président Poutine ne tienne pas parole. Il peut toujours y avoir des surprises», affirme Nicolas Zharov. Contacté ce mardi 15 février par nos soins, le président de l’association LUkraine, regroupant la diaspora ukrainienne vivant au Grand-Duché, ne veut et ne peut pas exclure un conflit armé.
«Tout le monde espère qu’il n’y aura pas de guerre et qu’une solution diplomatique puisse être trouvée. Mais quel que soit le scénario, le peuple ukrainien est plus fort et mieux préparé qu’en 2014 à riposter», souligne Nicolas Zharov.
«Les Ukrainiens savent pourquoi se battre»
Dans l’entretien qu’il a accordé au Quotidien, cet Ukrainien de naissance renvoie à plusieurs reprises à l’annexion de la Crimée et le conflit armé dans la région du Donbass opposant des forces ukrainiennes et des séparatistes pro-russes.
«Cela fait huit ans que l’on est en guerre. L’on ne peut donc pas vraiment parler d’une guerre qui va peut-être commencer. Elle est déjà en cours, relate Nicolas Zharov, originaire du sud de l’Ukraine. J’ai grandi à 100 km à peine de la Crimée. Le conflit est déjà engagé à quelques heures de route de ma terre natale.» Depuis l’annexion de la Crimée en 2014, plus de 14 000 morts et 1,5 million de déplacés sont à déplorer.
Le traumatisme de 2014 aurait, par contre, aussi eu un effet bénéfique : «Au moins, les Ukrainiens savent aujourd’hui pourquoi ils doivent se battre. Une très large majorité de la population ne veut plus perdre la liberté acquise depuis la chute de l’Union soviétique. Il ne s’agira pas seulement de défendre notre territoire, mais aussi nos libertés et les droits de l’homme qui prévalent en Ukraine.»
Selon une enquête publiée par un institut national de sociologie, près de 60 % des Ukrainiens se disent prêts à «résister» en cas d’une agression russe. La part de ceux qui sont prêts à prendre des armes a augmenté à 37,3 % contre 33,3 % en décembre.
«Mes parents refusent de quitter leur maison»
Le président de LUkraine confirme cet état d’esprit, y compris auprès de ses proches. «Nous avons tenté d’organiser des billets d’avion pour évacuer ma famille vivant encore en Ukraine. Mais même mes parents ont refusé de quitter leur maison. Ils ne comptent pas céder», raconte sobrement Nicolas Zharov.
«À l’intérieur du pays, on essaie de ne pas trop céder à la panique. Certains préparent les valises pour partir, d’autres sont prêts à se battre et participent aux exercices avec des armes», ajoute-t-il.
Au Luxembourg, les quelque 2 000 résidents d’origine ukrainienne préparent des actions de solidarité. Selon LUkraine, l’organisation d’une manifestation est envisagée afin de souligner que c’est bien «l’Ukraine qui est la victime dans ce conflit».
«Les Ukrainiens n’auraient jamais pensé que leur pays soit attaqué par l’Est. L’issue de ce conflit ne dépend pas de nous. La responsabilité incombe entièrement au président russe», termine Nicolas Zharov.
OTAN : le ministre Bausch sera aujourd’hui à Bruxelles
Le vice-Premier ministre François Bausch va participer aujourd’hui et demain à la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN, qui se tiendra au siège de l’OTAN à Bruxelles.
Présidée par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, cette réunion sera dominée par la crise russo-ukrainienne. «Les échanges porteront notamment sur l’adaptation de la posture et les mesures de dissuasion et défense à court, moyen et long terme, l’état des lieux de l’effort de la défense et les relations avec les partenaires proches de l’OTAN, à savoir l’Ukraine et la Géorgie, aspirants à l’OTAN», précise le communiqué d’annonce du ministère luxembourgeois de la Défense.
Les ministres de la Défense doivent aussi aborder les relations entre l’OTAN et l’Union européenne en présence du haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell.
Des représentants de la Suède et de la Finlande vont également participer aux échanges.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter quotidienne.