Wiltz a fait le ménage cet hiver en écrémant son effectif. Depuis, son coach assure que cela a ramené la sérénité dans son vestiaire et ne cache pas s’en réjouir. Sans aucune ambiguïté.
David Vandenbroeck l’avoue, à certains égards, il cherche encore son style de jeune coach. Y compris dans sa communication. Mais on peut difficilement être un entraîneur très différent de celui qu’on était en tant que joueur et VDB a toujours cultivé son franc-parler, quand il avait encore les crampons aux pieds. C’est ce qui le rend si différent et appréciable : il dit les choses. Et cela ne change pas, comme le montre cette interview qui place la reconquête wiltzoise du printemps sous une perspective passionnante. Le club nordiste a passé tout l’automne sous le feu d’une ambiance morose insufflée par quelques-uns. Il fallait s’en débarrasser. Wiltz l’a fait.
Il y a eu énormément de départs cet hiver, dans vos rangs. Six. C’est beaucoup pour un club qui a eu autant de problèmes de blessures.
David Vandenbroeck : Oui, on a un groupe plus réduit, mais ce n’est pas plus mal. Ce club n’a pas encore les reins assez solides pour accueillir des caractères comme ceux qui nous ont quittés. Des départs qu’on avait clairement ciblés. Et ce n’est pas un problème parce que depuis le début de la préparation, on a fait très attention aux charges de travail pour que tout le monde reste opérationnel. On ne peut plus se permettre en deuxième partie de saison d’avoir autant de défaillances qu’en première, sinon, nous aurons de gros problèmes. Mais ce n’était plus possible non plus de travailler avec 26 ou 27 joueurs de champ. Cette réduction d’effectif, on la souhaitait pour chercher un peu plus de qualité dans le travail.
Vous nous parlez des départs?
Je vais commencer par notre gardien, Gilles Deusings. Lui a refusé catégoriquement la vaccination. Il n’a pas fait dans la demi-mesure, il nous l’a dit directement et c’est appréciable. Je respecte. Son départ, alors qu’il était d’un bon niveau, permettra aussi peut-être à Ralph Schon de se rassurer, de se libérer et de rayonner de nouveau. Il y a Dino Mahmutovic aussi, parti à Hostert. Je l’apprécie parce qu’il représente le prototype du milieu de terrain défensif moderne, bon ratisseur. Mais il s’est retrouvé barré par d’autres, son temps de jeu s’est réduit et psychologiquement, ça l’a beaucoup affecté. En fin d’année, malheureusement, il ne mettait plus un pied devant l’autre et avec l’absence de résultats, il avait fini par devenir la tête de turc à l’entraînement. C’était vraiment triste, il a même pensé arrêter. Je sais qu’en général, on n’aime pas laisser partir une « première licence » en hiver, mais là, il fallait. Il va tenter de se relancer.
Crnomut, j’ai tout fait pour tenter de faire en sorte qu’il s’intègre à un vestiaire qui le détestait à 99 %
Il y a d’autres départs bien plus conséquents. De joueurs dont le temps de jeu en fait des quasi-titulaires de la première partie de saison.
Serwy, clairement, on ne va pas mentir, c’est le manque de rendement. Avoir un CV ne change rien. En plus, il ne s’intégrait pas vraiment dans l’identité du club, bien que ce soit un gentil garçon. Il est allé à Habay, plus proche de chez lui. Quant à Faljic, il est entré dans le vestiaire, un jour, et nous a dit texto « je vais partir parce que je vais m’entraîner moins, jouer plus et gagner plus ». Vu qu’on a beaucoup de latéraux et que le garçon n’est pas bête, qu’il sait très bien que si Biver et Giargiana sont en forme, il ne jouera pas, pourquoi je l’empêcherais de partir. À Useldange, il sera un peu le Zidane du club…
Il en manque deux. Pour lesquels les rumeurs font état de problèmes bien plus conséquents…
Bah, on ne va pas travestir la réalité : Crnomut, pour moi, restera comme une grande énigme. Il avait de grandes capacités physiques… sur le papier. Mais sur le terrain… J’ai des dizaines de minutes de vidéos où on le voit laisser son latéral dans la merde. On le voit marcher pendant que son défenseur galère. Et puis dans un vestiaire, il n’était que dans la critique. Systématique. Il arrive un jour en disant « je ne jouerai plus sur un côté, je veux jouer 10 ». Et finalement, avant la trêve, on lui dit qu’on souhaite qu’il parte, il nous répond non. Et il revient début janvier pour nous annoncer qu’il quitte le club! Moi, de mon côté, pour vous donner une idée, j’avais plus passé de temps à discuter avec lui qu’avec ma propre femme pour tenter de faire en sorte qu’il s’intègre à un vestiaire qui le détestait à 99 %. J’avais même envisagé un week-end d’intégration pour lui permettre de trouver sa place dans ce groupe. Finalement, il va se retrouver à Francfort, en Regionalliga après nous avoir dit qu’il changeait de vie et qu’il allait entrer dans la police. Sportivement, il s’en sort bien. Et je dirais même qu’on a presque été trop gentils sur la transaction, qu’on lui a trop facilité la vie. Mais bon, je lui souhaite bonne chance. Surtout parce qu’on a ce qu’on souhaitait : lui parti, je vous jure, tout le monde a retrouvé le sourire dans le vestiaire. Quand on n’est pas capable de s’entendre avec les gens, on fait des fléchettes, du ping-pong ou du tennis. En évitant de s’inscrire pour jouer en double. Des égoïstes, dans ma carrière, j’en ai croisé beaucoup. Mais lui a vraiment plombé l’ambiance.
Cetinkaya, c’est un muet. Il était incapable de communiquer et manifestait peu d’envie de s’intégrer
Il y a un autre joueur dont vous n’avez pas parlé : Cetinkaya, lui aussi parti.
Qui vivait en collocation avec… Crnomut! Pourtant, de prime abord, quand je l’ai vu, je me suis dit « lui, c’est un super joueur ». Mais très vite, il nous a coûté plus de points qu’il n’était susceptible de nous en rapporter. Il a quand même commis trois boulettes en fin d’année. Deuxième point négatif : c’est un muet. Il était incapable de communiquer et manifestait peu d’envie de s’intégrer. En plus, il a menti au club en oubliant de dire au moment de recrutement, qu’il venait de passer un an blessé. Bref, voilà, on a décidé de se séparer des canards boiteux.
Parlons un peu du positif : vos deux recrues. Roselli, un défenseur redoutable frappeur de coups francs et Diakiese, un ailier.
Roselli représente tout ce qu’un défenseur central doit savoir faire. Dur sur l’homme, capable de communiquer, bon de la tête, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Un exemple : quand il va frapper un coup franc direct, je ne vois pas un joueur qui va lui frapper sur l’épaule pour lui demander s’il peut tirer à sa place. Cela en dit long.
Est-il votre nouveau frappeur?
Disons qu’il entre dans la réflexion. Quand on a travaillé les phases arrêtées, il y est allé avec Biver, Philipps et Vaccaro, sachant qu’Osmanovic n’était pas là car son épouse a eu le covid et qu’il a dû rester à la maison.
On vous sent heureux de ce recrutement.
Des deux! Roselli et Diakiese se sont déjà mille fois mieux intégrés que Crnomut et Cetinkaya! Et Diakiese va nous apporter de la percussion sur le flanc, quelque chose qui nous manquait et qui est crucial pour dynamiter les matches. Il est autrichien mais d’origine congolaise et parvient déjà à me parler en français. Il a toujours le sourire, est toujours prêt à discuter tactique… il me fait penser à un joueur avec lequel j’ai évolué : Jordann Yéyé (NDLR : à Differdange). Et surtout, il sort d’une année à plus de vingt matches. C’était important pour nous : il sera tout de suite prêt. Je suis content de notre mercato hivernal, même si on a perdu plus de joueurs qu’on n’en a gagné – d’ailleurs, on pourrait peut-être encore perdre un joueur à cause des règles covid, il n’est même pas encore revenu à l’entraînement – car la qualité de travail s’est beaucoup améliorée.