Entre explosion des cas, manque de personnels et lassitude, les écoles et enseignants sont en première ligne face à la nouvelle vague Omicron. Reportage à l’école francophone du Vauban, à Luxembourg.
Avec en moyenne 15 % de professeurs absents selon le ministère d’État, l’Éducation nationale fait face depuis quelques semaines à une nouvelle vague liée au variant Omicron.
Si de nouvelles mesures ont été prises afin d’assurer la sécurité des enfants et éviter une fermeture des établissements, une certaine lassitude se fait toutefois ressentir auprès des premiers touchés : les professeurs.
«Nous avons deux fois plus de travail, c’est certain. Il faut remplacer les collègues absents, réaliser des tests tous les jours s’il y a un cas positif dans une classe, assurer les cours à distance et en présentiel… On reste solidaires, on se débrouille, mais il y a beaucoup de fatigue», rapporte Virginie Hajas, conseillère principale d’éducation (CPE) à l’école primaire Vauban, à Luxembourg.
L’école francophone a vu son nombre de cas fortement augmenter depuis la rentrée début janvier. Rien d’étonnant au vu des derniers chiffres transmis par le ministère de l’Éducation nationale, qui témoignent d’une explosion des infections en milieu scolaire, particulièrement dans le fondamental.
Les infections explosent depuis la rentrée de janvier
Durant la semaine du 3 au 9 janvier, 3 624 personnes ont été testées positives dans le secteur de l’éducation, du jamais vu depuis le début de la pandémie : 1 797 dans l’enseignement fondamental, 1 822 dans l’enseignement secondaire et 5 dans les centres de compétence.
Une flambée décrite dans le dernier rapport hebdomadaire du ministère de la Santé, dévoilé le 12 janvier dernier et qui confirme une tendance à la hausse face au variant Omicron. Qui se caractérise aussi au niveau du taux d’incidence où les chiffres explosent chez les plus jeunes : +195 % enregistrés chez les 0-14 ans et +103 % chez les 15-29 ans durant cette semaine de rentrée scolaire.
Si toutes les régions du pays et la majorité des écoles sont touchées, aucun cluster n’a été détecté à ce jour. Seules les directions de l’enseignement fondamental d’Echternach et Grevenmacher sont moins durement touchées, avec un nombre de cas moindre par rapport au reste du pays.
«Les collègues prennent le relais»
Depuis la rentrée début janvier, 81 cas ont été recensés à Vauban, juste pour l’école primaire. À titre de comparaison, de septembre à fin décembre, 207 cas avaient été dénombrés, sur 1 007 élèves au total. «On a noté une accélération depuis Noël. De toute manière, il y avait très peu de chance que l’on passe à travers.»
Et avec près de 10 % d’instituteurs absents et 10 classes fermées durant une semaine, il a fallu s’organiser différemment. «Les collègues restants prennent le relais. Il y a beaucoup de volontariat, de soutien, on ne fait pas uniquement notre travail, on s’adapte au quotidien», détaille Virginie Hajas.
Avec un objectif simple : assurer la continuité des cours pour les enfants, déjà ébranlés par les différents confinements des deux dernières années. Une constante saluée par ces derniers, petits comme grands, qui estiment «perdre leurs repères» avec tous les changements subis depuis l’arrivée du covid-19 dans leur vie.
Un ras-le-bol aussi au secondaire
«Je suis soulagée qu’il n’y ait plus de confinement massif comme ça a pu être le cas dans le passé. Il y a tout le temps des nouvelles règles à retenir, mais je préfère ça que d’avoir des cours en ligne et ne plus voir mes amis», souligne ainsi Lou-Élise, collégienne en 3e au collège Vauban.
Un sentiment partagé par ses camarades, Mathieu et Églantine, qui relèvent toutefois une forme de fatigue, comme leurs aînés. «On ne voit pas la sortie, du coup, on sent un certain relâchement, notamment pour le port du masque», explique Mathieu, également en 3e à Vauban.
Depuis le 10 janvier, élèves et enseignants doivent s’accommoder à nouveau du port du masque dans les salles de classe et réaliser des tests quotidiens si un cas positif ou contact est détecté dans une classe. Des nouvelles dispositions «bienvenues», qui évitent de fermer des salles, mais qui demandent beaucoup de temps.
«Ça fait bizarre de se tester devant tout le monde. On a tout de suite peur quand l’un d’entre nous est positif, c’est une ambiance particulière», relate Lou-Elise derrière son masque rose. Mais les ados l’assurent : personne n’est exclu ou montré du doigt s’il est positif ou non vacciné. Des tensions visiblement réservées aux adultes.
«Le Covid Check arrive au pire moment»
Du côté des syndicats, un même constat : la situation est tendue dans toutes les écoles du pays. Élèves et professeurs tombent malades, le nombre de remplaçants n’est pas suffisant et l’arrivée du Covid Check pour le personnel des écoles n’arrange rien.
Quelle est la situation actuelle dans nos écoles ?
Patrick Remakel (SNE) : «Les professeurs gardent le moral, mais ils sont à bout de souffle. On ne voit pas la fin du tunnel. Ceux qui restent ont davantage de travail et font preuve d’une bonne volonté et d’un engagement exceptionnel.
Patrick Arendt (SEW) : La situation est assez difficile. Les enseignants sont à bout de forces et doivent improviser. Même les remplacements ne suffisent plus maintenant.
Le recrutement de nouveaux remplaçants (NDLR : 158 contrats annoncés par Claude Meisch jusqu’en avril) suffira-t-il à pallier les manques ?
P.R : Nous étions déjà à court de remplaçants avant tout cela… Ils tombent malades aussi, c’est un cercle vicieux. On veut du présentiel, mais nous avons besoin de plus de mesures pour être en sécurité. Nous avions revendiqué des purificateurs d’air depuis le début : où sont-ils?
P.A : Nous avons un sérieux doute quant au nombre de remplaçants annoncés. Va-t-on vraiment les utiliser ? Ce n’est qu’une façade pour garder les enfants, une perte de temps. On nous demande d’être plus flexibles, mais on ne fait que ça depuis deux ans!
L’arrivée du Covid Check change-t-elle quelque chose ?
P.R : Le Covid Check arrive à un moment délicat, où nous peinons déjà à remplacer des professeurs… Nous ne sommes pas informés du pourcentage de personnes qui ne vont plus se présenter à présent, mais nous espérons ne pas être trop touchés.
P.A : Ça arrive au pire des moments. Un certain nombre d’enseignants ne viendront plus, c’est une vraie crainte.
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Faut aller dans 1 école luxo normale. Article pas représentatif