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Holtz : la rivière transformée en torrent de lisier


Un procès-verbal a été rédigé et adressé au parquet du tribunal de Diekirch. L’enquête se poursuit. 

Fin novembre, une pollution au lisier venant de Belgique a touché le Noutemerbaach. L’impact des dégâts est toujours en cours d’analyse.

Cette nouvelle pollution avait provoqué la consternation de la fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs et de tous les amoureux de la nature. Dans la nuit du 29 au 30 novembre, une fuite de lisier dans une exploitation belge non loin de la frontière du côté de Holtz (situé au nord de Redange) a provoqué une pollution massive du Noutemerbaach (la rivière Nothomb).

La Ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, Carole Dieschbourg, a confirmé ce lundi 10 janvier, que près de 100 000 litres de purin (100 m3) s’étaient déversés dans le ruisseau. Elle répondait à une question parlementaire posée par le député Gusty Graas.

Carole Dieschbourg est revenue en détail sur les événements qui ont causé cette pollution majeure du cours d’eau. Elle a précisé qu’un défaut technique au niveau d’un séparateur de lisier localisé au niveau d’une exploitation agricole a mené pendant la nuit du 29 au 30 novembre, qu’une grande quantité de lisier s’est déversée dans la cour de cette exploitation.

Le lisier s’est ensuite écoulé vers la canalisation des eaux mixtes, puis vers la station d’épuration (mécanique) de Holtz. Cette dernière n’a pas été en mesure de traiter cette charge accidentelle. Par conséquent, les eaux fortement polluées par du lisier se sont déversées vers un affluent du cours d’eau Noutemerbaach.

L’Attert également touchée

Le Groupe d’intervention pollutions de l’Administration de la gestion de l’eau a été informé de l’incident le 30 novembre vers 8 h du matin a poursuivi la ministre. Afin de limiter la propagation de l’onde polluante dans les cours d’eau en aval, des absorbants naturels ont été mis en place dans le ruisseau et une partie de l’eau polluée a été aspirée.

En outre un arrêté ministériel relatif aux mesures urgentes ordonnées suite à la pollution a été émis par la Ministre. L’Administration de la gestion de l’eau (AGE) a immédiatement averti les autorités belges sur le fait qu’une pollution qui s’était produite du côté luxembourgeois et que cette pollution a également affecté le cours d’eau Nothomb qui s’écoule sur le territoire belge. L’origine de la pollution était déjà connue au moment où les autorités belges ont été informées.

Il est encore trop tôt pour connaître l’impact de cet incident écologique sur la faune et la flore du ruisseau ou de l’Attert en aval. L’Attert avait d’ailleurs été touché en mars 2021 par le déversement d’eaux usées d’une installation de biométhanisation avait souligné dans sa question Gusty Graas.

La ministre a néanmoins précisé que le déversement de lisier entraîne, entre autres, une charge polluante importante de composés organiques et azotés et provoque une augmentation de la demande chimique en oxygène (DCO). Cette charge peut causer une baisse importante de l’oxygène dissous non seulement au niveau du rejet dans le cours d’eau, mais également au niveau de l’ensemble du cours d’eau situé en aval de lieu de déversement.

Pour minimiser les effets de la pollution, des aérateurs avaient été installés en collaboration avec le Corps grand-ducal d’incendie et de secours (CGDIS) et le Syndicat des eaux résiduaires du Nord (SIDEN) dans le cours d’eau Attert. Ces aérateurs permettent de lutter contre une diminution de la concentration en oxygène dans le cours d’eau.

L’enquête toujours en cours

Ces efforts ont-ils payé ? Nous ne savons pas encore car, comme l’a précisé la ministre, l’impact écologique exact de la pollution sur les eaux concernées n’est pas encore connu. Il a été ordonné au pollueur de charger un bureau d’expertise pour évaluer le dommage environnemental qui s’est produit dans les cours d’eau en aval du point de rejet du lisier issu de l’exploitation agricole.

Cette expertise est à réaliser en concertation avec de l’Administration de la gestion de l’eau. Le bureau d’expertise sera en charge d’évaluer les dégâts causés à la faune et flores aquatiques. Un procès-verbal a été adressé au Parquet du tribunal d’arrondissement de Diekirch. L’enquête suit donc son cours.