La France a décrété lundi la mobilisation de milliers de militaires et policiers pour parer à la menace de nouveaux attentats, et protéger notamment les écoles et lieux de cultes juifs, au lendemain d’une journée historique de manifestations contre le terrorisme.
Pas moins de 10 000 militaires seront déployés sur le territoire français, à partir de mardi soir. (Photo : AFP)
Sur ordre du président François Hollande, 10 000 soldats vont être déployés à partir de mardi soir pour assurer « la sécurité des points sensibles du territoire », a annoncé le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, à l’issue d’un conseil de sécurité intérieure à l’Élysée. « C’est la première fois qu’une mobilisation de cette ampleur mobilise nos forces à cette échelle sur notre territoire », a-t-il déclaré, en évoquant « l’ampleur des menaces » pesant toujours sur le pays.
Peu auparavant, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé la mobilisation « dès ce lundi de 4 700 policiers et gendarmes » pour renforcer la protection des 717 écoles et lieux de culte juifs de France. Le Premier ministre Manuel Valls a souligné lundi, que « la traque se poursuit » pour retrouver « d’éventuels complices » des trois jihadistes auteurs des attentats de Paris. « La France n’en a pas terminé avec les menaces », avait averti vendredi le président Hollande alors que le gouvernement a reconnu « des failles » dans la sécurité du pays, engagé au Sahel et en Irak contre les mouvements jihadistes.
> « L’esprit du 11 janvier »
Au lendemain de la marée humaine de près de 4 millions de personnes descendues dans les rues du pays pour dénoncer la violence islamiste, la classe dirigeante française doit tenter à présent de préserver l’union sacrée provoquée par les attentats. « Ne laissons pas retomber l’esprit du 11 janvier », a appelé Manuel Valls, mettant l’accent sur la lutte contre l’antisémitisme. « Je ne veux pas que l’on puisse dire que l’ennemi (…) c’est le juif », a-t-il martelé.
Très impopulaire, le président socialiste François Hollande bénéficie depuis cinq jours de l’élan unitaire d’une France qui lui apporte son soutien inédit depuis son entrée en fonctions en 2012. « Il a fait ce qu’il devait faire », a même reconnu lundi son principal adversaire et prédécesseur Nicolas Sarkozy, patron du parti de droite UMP. Proposée par l’ancien président (2007-2012), la création d’une commission parlementaire d’enquête a été approuvée par le gouvernement.
> Éviter « un Patriot Act à la française »
En réponse aux demandes provenant de la droite, d’une législation antiterroriste renforcée, Manuel Valls a mis en garde contre les « procédures d’exception » comme le Patriot Act, promulgué aux États-Unis après le 11 septembre 2001 et critiqué pour ses restrictions aux libertés publiques.
Il a en revanche plaidé pour renforcer les systèmes d’écoutes dans les enquêtes antiterroristes et généraliser l’isolement en prison des islamistes radicaux afin de prévenir le prosélytisme. Le preneur d’otages du supermarché casher, Amédy Coulibaly, et Chérif Kouachi, l’un des deux frères auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo, avaient en effet basculé dans l’islam radical durant leurs détentions.
AFP