L’Organisation mondiale de la santé trouve des mots durs en cette veille de Noël. «Les rappels vaccinaux ne sont pas un feu vert pour célébrer les fêtes de fin d’année comme on l’avait prévu», souligne Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS.
Cette mise en garde n’est pas seulement lancée à cause de la propagation à vitesse grand V du nouveau variant Omicron. L’apparition de cette nouvelle souche est aussi le résultat de la répartition inéquitable des vaccins anticovid. Ce risque a été évoqué à maintes reprises par l’OMS.
Voilà qu’il est réalisé. «Aucun pays ne pourra se sortir de la pandémie à coups de doses de rappel», martèle le Dr Tedros. Pire : ces programmes de rappel sont susceptibles de prolonger la pandémie.
Le Luxembourg fait partie des 120 pays qui ont lancé leur campagne de «booster». Des milliers de doses sont administrées tous les jours. L’apport sanitaire de ces rappels est prouvé. Cela ne change rien au fait que le virus garde tout loisir de se répandre et de muter dans les pays pauvres, toujours privés de vaccins.
L’OMS annonce que la plupart des États ayant lancé des programmes de rappel sont des pays riches. Pourtant, «la très grande majorité des hospitalisations et des morts sont des gens qui ne sont pas vaccinés, pas des gens qui n’ont pas eu de dose de rappel», souligne le Dr Tedros.
Un rééquilibrage de la répartition du vaccin est urgent. La discussion sur la levée des brevets est certes sensée, mais le processus, aussi logistique, pour réaliser cette opération est trop long. Ce sont les pays les mieux lotis qui doivent accélérer et augmenter leurs dons de vaccins.
Seule la moitié des États membres de l’OMS ont pu atteindre en cette fin 2021 l’objectif de vacciner 40 % de leur population. Ce taux est jugé suffisant pour endiguer au moins la propagation du virus. Selon l’OMS, suffisamment de vaccin a été administré cette année dans le monde pour atteindre ces 40 %, à condition d’avoir eu une répartition équitable du sérum.
Le prochain objectif est fixé à 70 % de vaccinés dans tous les pays pour la mi-2022. La communauté internationale ne peut pas rater ce rendez-vous, sans quoi une troisième année de pandémie remplie de mesures, morts et mutations nous attend.
David Marques