Les résultats de la réunion tripartite de lundi sont qualifiés de «médiocres» par les syndicats OGBL, LCGB et CGFP. Le rôle joué par le Premier ministre est plus particulièrement fustigé.
Le silence de lundi soir était bien le signe d’un profond désaccord entre les syndicats et le gouvernement. Si OGBL, LCGB et CGFP saluent la prolongation de deux mois du chômage partiel et des mesures d’aide covid ainsi que l’annonce du Premier ministre de ne pas toucher à l’index, le camp syndical fustige le «show» orchestré par le gouvernement. Aucune volonté de s’accorder sur une «sortie durable» de la crise sanitaire n’aurait été présente, ni de préparer la transition numérique et écologique, ni de sécuriser sur le long terme le système social luxembourgeois.
«Il nous faut donc constater que le gouvernement n’est pas capable de forger le cadre nécessaire pour mener sur le plan national un dialogue social fort», fustigent les trois syndicats dans une prise de position commune.
Après avoir attendu pendant 18 mois pour obtenir une seconde tripartite depuis le début de la pandémie de coronavirus, OGBL, LCGB et CGFP escomptaient un premier échange suivi par une série d’autres rendez-vous réunissant gouvernement, syndicats et patronat.
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Un tel calendrier aurait contribué à adoucir la déception de la date tardive choisie pour cette tripartite, ne permettant plus aucune influence sur le budget de l’État qui sera voté demain à la Chambre. «Au lieu d’engager un véritable processus, le gouvernement s’est contenté de transformer la tripartite en simple show médiatique», clame le camp syndical.
Le pouvoir d’achat, un problème nié par le gouvernement
Le Premier ministre, Xavier Bettel, se retrouve plus particulièrement dans le viseur du trio syndical. Il aurait rejeté en bloc toute proposition de compléter l’ordre du jour de la tripartite par plusieurs de ses revendications. La plus grande déception concerne le blocage au niveau du pouvoir d’achat.
Lundi, le chef du gouvernement avait indiqué que gouvernement et syndicats n’avaient pas réussi à s’accorder sur la teneur des chiffres des montants investis par l’État pour stabiliser la situation financière des ménages.
«Il est incompréhensible que les représentants du gouvernement affirment qu’il n’existe pas de problèmes de pouvoir d’achat au Luxembourg. Il ne s’agit pas seulement d’une divergence de vues sur les chiffres. L’analyse du gouvernement se trouve tout simplement en contradiction avec la réalité vécue par de larges couches de la population», martèlent OGBL, LCGB et CGFP.
Le camp syndical fait référence à la hausse des prix de l’énergie, l’«explosion» des coûts pour se loger, l’inflation frappant les produits de l’alimentation : «Tout ceci ne semble pas constituer un problème pour le gouvernement.» Parmi les revendications figuraient une revalorisation de 7,7 % des allocations familiales, des allègements fiscaux ciblés et des mesures d’urgence dans le domaine du logement. Tout cela aurait dû contribuer à diminuer le risque de pauvreté encouru par les monoparentaux et les familles nombreuses et soutenir les bénéficiaires d’un salarie social minimum «toujours trop bas».
«Comme si de rien n’était»
«La réaction du gouvernement aux arguments avancés était marquée par une arrogance sans précédent. Le Premier ministre a estimé que la tripartite était un instrument de crise et non pas un salon de discussion», s’échauffent OGBL, LCGB et CGFP.
Lors de sa conférence de presse, Xavier Bettel s’était dit étonné par les quelque 50 revendications soumises par le camp syndical (lire notre édition d’hier). Sa volonté de transmettre ce catalogue aux différents ministres de tutelle ne contente pas du tout les représentants du salariat : «Le gouvernement fait comme si de rien n’était. Selon lui, le logement et le climat ne constituent pas une situation de crise.» Le fait que le Premier ministre ait réclamé de la part des syndicats de chiffrer les revendications provoque également l’ire de l’OGBL, du LCGB et de la CGFP.
Au lieu d’aller plus loin, les ministres présents se seraient contentés de choisir une poignée de mesures pour louer le succès de la réunion tripartite de lundi. «Des accords longuement négociés, comme cela fut le cas avant l’arrivée du gouvernement Bettel, ne figurent plus à l’ordre du jour», conclut amèrement le trio syndical.
David Marques