Cité en justice pour avoir comparé deux médecins à des disciples du Dr Mengele, Peter Freitag était confiant, lundi. Il dit avoir toujours souhaité un débat sur la calomnie.
C’est un beau cadeau d’anniversaire!», lance Peter Freitag, frondeur, dans la salle d’audience du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Figure de proue des antivax au Grand-Duché et des manifestations contre les mesures jugées liberticides du gouvernement, il a été convoqué par citation directe pour des faits de calomnie par le médecin psychiatre Jean-Marc Cloos et la gynécologue à la retraite Alix Schmit. Son procès a été fixé au 19 avril prochain. Jour de son anniversaire.
Le 21 octobre dernier, Jean-Marc Cloos a partagé sur sa page LinkedIn, un courrier des lecteurs d’Alix Schmit paru la veille dans le Lëtzebuerger Wort. Le médecin y plaidait pour le respect des nouvelles règles et mesures décidées par le gouvernement afin de soulager le personnel médical dans les hôpitaux et surtout encourager la population à se faire vacciner contre le covid-19. Cinq jours plus tard, Peter Freitag partageait cette publication accompagnée d’un commentaire qualifiant notamment les médecins de «disciples du Dr Mengele» et de «coronazis».
Le coorganisateur des Saturday for Liberty & Polonaise Solidaire mat Party in the City avec Jean-Marie Jacoby s’étonnait également que «des nazis dans l’esprit puissent diriger un service de psychiatrie ou n’importe quoi d’autre» et avançait qu’«un des devoirs du prochain gouvernement sera de faire rendre des comptes à ces coronazis qui ont agi consciemment et en dépit du bon sens, sans exception et sans pitié». Des propos qui ont eu pour conséquence que les deux médecins ont porté plainte contre Peter Freitag qui s’attend à obtenir l’acquittement.
Il remercie la partie adverse
L’homme part seul, sans l’assistance d’un avocat, accompagné d’une trentaine de sympathisants appelés sur ses réseaux sociaux à venir l’encourager sur le parvis de la cité judiciaire. Parvis bien gardé par une douzaine de policiers prêts à intervenir en cas de grabuge.
«Je n’ai pas peur des tribunaux, indiquait lundi Peter Freitag. Je me suis déjà retrouvé deux ou trois fois face à la justice. (…) Je baserai ma défense sur les exceptions à la calomnie et à la diffamation, selon les exceptions définies de la véracité et de la bonne foi. J’ai utilisé les arguments qu’on me reproche pour me défendre. Je donne tout le terrain qu’elle le souhaitera à la partie adverse. J’ai limité ma défense alors que j’aurais pu utiliser d’autres moyens.»
Il explique avoir consciencieusement étudié les textes de loi et remercier la partie adverse d’avoir porté plainte à son encontre. «J’ai toujours voulu mener un procès à ce sujet face à la justice, assure-t-il. La politique et les médias ne permettent pas d’en débattre. Dans une salle d’audience, ces deux instances ne peuvent pas intervenir.»
Le juge a planifié une audience de 90 minutes. «Si cela ne suffit à assurer ma défense, il faudra ajourner le procès», poursuit celui à qui l’on vient de rapporter sa ceinture – enlevée pour passer les contrôles de sécurité à l’entrée du tribunal – qu’il avait oubliée à l’intérieur et qu’il brandit fièrement, tel un graal, en direction de ses sympathisants regroupés dans le calme.
Une autre affaire le même jour
Dans un courrier envoyé mercredi dernier au président de la 12e chambre correctionnelle qui jugera de l’issue de ce dossier, Peter Freitag a demandé que cinq places soient réservées à cinq d’entre eux «dans l’intérêt public» dans la salle d’audience qui accueillera le procès.
Il demande également que «le caractère public de l’audience s’exprime aussi dans la transmission live de ce procès» car, présume-t-il, «la foi en la justice luxembourgeoise a pris un grand coup chez une partie non négligeable de la population dans le contexte de la crise sanitaire». «La transparence totale de ce procès pourrait aider à remédier à ce fait», estime-t-il.
Du côté de la partie adverse, assurée par le cabinet d’avocat Turk & Prum, on est plus réservé à ce stade de la procédure. Anne Prum réserve ses commentaires pour le 19 avril prochain.
Une autre affaire entre un médecin et des antivax et antimesures liberticides du gouvernement sera jugée le même jour. Elle découle également d’une comparution directe. Deux personnes ont porté plainte pour incitation à la haine et discrimination contre le virologue du Luxembourg Institute of Health Claude Muller à la suite de propos tenus dans différents articles. Ces personnes seraient, selon nos confrères de RTL.lu, engagées sur le site internet Expressis Verbis qui publie régulièrement des théories controversées autour de la pandémie.
Sophie Kieffer
Dr Ochs : le procès
repoussé sine die
Le procès en appel du Dr Benoît Ochs qui devait se tenir demain après-midi a été repoussé sine die. Ce procès devait décider de l’avenir professionnel du médecin généraliste. En première instance, les juges avaient donné raison au collège qui avait interdit au Français d’exercer son activité pendant un an après ses prises de parole publiques controversées à propos de la pandémie et les plaintes de certains patients. Celui qui se dit n’être ni antimasque ni antivax avait notamment critiqué la façon dont les autorités sanitaires luxembourgeoises gèrent la crise covid actuelle et n’aurait pas suivi les recommandations préconisées par le ministère de la Santé.
Toute mesure qui différencie certains citoyens d’autres citoyens est une mesure fondamentalement d’essence raciste, même si le critère est de se faire piquer avec une potion expérimentale aux effets secondaires de long terme inconnus et non la couleur de peau.
Si raciste ne vous convient pas, alors utilisez le mot totalitaire, encore mieux adapté.