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[Basket] Préqualifications de l’Euro-2025 : bien, mais peut mieux faire


Ben Kovac, qui fait partie des meilleurs marqueurs du championnat néerlandais, confirme qu’il a pris une nouvelle dimension en équipe nationale. (photo Gerry Schmit)

Deux matches, deux défaites de trois points après la première fenêtre de préqualifications de l’Euro-2025. Mais pas mal de positif : on revient sur ce qui s’est passé ces derniers jours pour la sélection.

Deux victoires qui leur tendent les bras

Ces deux premiers matches des préqualifications se sont tous les deux soldés par une défaite de trois points, 92-89 en Albanie et 70-73 face à la Roumanie, trois jours plus tard. Un rebond, un tir, un stop en défense supplémentaire… trois points, ce n’est rien. Un écart aussi minime signifie clairement que les Luxembourgeois étaient dans le match jusqu’à la fin et qu’un succès était jouable… même si ça n’a pas été le cas. Pour différentes raisons.

Des nains contre des géants

Si on se penche sur les statistiques, on constate qu’à chaque fois, les hommes de Ken Diederich ont été largement dominés sous les paniers. Dix rebonds de moins en Albanie (29 contre 39) et douze face à la Roumanie (28 contre 40) après une première mi-temps pourtant très équilibrée dans ce domaine. En basket, plus que dans aucun autre sport, la taille ça compte. Et malheureusement, sur ce plan, la sélection nationale a généralement un gros déficit face à ses adversaires. Si c’était déjà le cas contre l’Albanie, c’était encore plus flagrant dimanche, notamment quand Clancy Rugg, plus grand joueur grand-ducal (annoncé à 2,03 m), a dû quitter le parquet. Sans son seul vrai double mètre sur le terrain, les golgoths des Carpates comme Emanuel Cate (2,06 m), Rolland Torok (2,03 m) ou Rares Uta (2,10 m) avaient le champ libre. Maintenant, c’est mathématique : un pays qui compte 2,5 millions d’habitants voire même plus de 20 millions pour la Roumanie contre 600 000 au Luxembourg a statistiquement plus de chances d’avoir des joueurs de grande taille. Il faudra attendre de voir la progression de Lou Demuth, plutôt bon avec Heffingen en ce début de saison (mais ça reste Heffingen) pour voir si ses 211 cm sous la toise fouleront à nouveau les parquets internationaux. La balle est entre ses mains.

Une adresse de loin famélique

«Il faudra se concentrer sur les détails», disait Ben Kovac, encore une fois très bon, dimanche. Et travailler l’adresse longue distance pourrait être une bonne idée si on regarde les stats. En effet, alors que les Albanais réussissaient un irréel 17/30 (56 %) dans l’exercice, dont six dans un dernier quart attaqué avec une avance de six points pour les coéquipiers d’Alex Laurent, ces derniers se contentaient d’un modeste 12/34 (35 %). Dimanche, c’est grâce à leurs tirs à trois points, dont une triple salve dans les dix dernières minutes que les Roumains ont repris les commandes du match pour ne plus les lâcher. En face, seul Ben Kovac, pourtant à 0/6 en Albanie, a représenté un réel danger derrière la ligne (3/4). Mais le 4/16 de la sélection nationale est tout simplement insuffisant à l’échelle internationale pour espérer rivaliser et faire basculer un match. Il manque, pour l’heure en tout cas, une assurance dans ce domaine. Des joueurs comme Thomas Grün, Alex Laurent, Ben Kovac, Clancy Rugg ou Sticky Gutenkauf sont, tous, capables de mettre des paniers de loin sur un match. Maintenant, il faut gagner en constance pour représenter une véritable menace pour l’adversaire, qui peut voir dans la défense de zone la solution pour battre cette remuante formation grand-ducale.

Des patrons, taille patron

Ces deux matches ont permis de confirmer que les pros étaient les vrais leaders de l’équipe. Thomas Grün (11,5 pts, 2,5 rebonds, 7,5 passes) «dont la défense est d’un niveau Euroligue» dixit son sélectionneur, Alex Laurent (19,5 pts, 5,5 rebonds, 3,5 passes), Ben Kovac (12,5 pts, 6,5 rebonds, 2,5 passes) et Clancy Rugg (18,5 pts, 5 rebonds, 3,5 passes) sont clairement les premiers atouts d’une séduisante sélection luxembourgeoise. Clairement, plus l’adversité est importante, plus les pros en veulent et souhaitent montrer qu’ils savent aussi jouer. Que le petit Luxembourg mérite le respect. Ken Diederich le répète à l’envi : «Il faut que les joueurs partent pour progresser.» L’aplomb d’un Ben Kovac, la sérénité d’un Thomas Grün et le tranchant d’un Alex Laurent l’illustrent parfaitement.

Un style enthousiasmant

Du jeu rapide, des dunks, des alley-hoop, des passes laser : sur le parquet, les spectateurs qui ont fait le déplacement ne se sont pas ennuyés! Les joueurs de Ken Diederich prennent visiblement du plaisir et en donnent. Bien sûr, tout n’est pas parfait, loin de là. Mais au moins, l’envie est là. Pour compenser le déficit physique, les Luxembourgeois doivent jouer vite, souvent faire la passe supplémentaire (21,5 passes décisives de moyenne en deux matches, c’est très bien) et faire preuve de solidarité, notamment sous les paniers. Les automatismes sont évidents entre des joueurs qui se connaissent parfaitement. Ils savent quoi faire sur le parquet et jettent toutes leurs forces dans la bataille.

Banc : un apport limité

Pour espérer franchir un nouveau palier et, pourquoi pas, aller chercher un ou deux succès lors des matches retour, les joueurs de l’équipe nationale devront régler leur souci d’adresse, éviter les trop nombreuses pertes de balle (16 face à la Roumanie, autant de munitions supplémentaires dans un match qui se joue finalement à 3 petits points). Et le banc devra apporter davantage. En deux matches, 14 pts sont venus des remplaçants dont 10 en Albanie pour Bobby Melcher, qui est plus un titulaire bis, puisqu’il a débuté face à la Roumanie. Les absences d’Oli Vujakovic, qui se concentre sur ses études et d’Ivan Delgado, qui se remet d’une blessure et est resté en Islande, deux joueurs habituellement très utilisés par Ken Diederich, ont forcément pesé lourd. Dans ces deux matches, les leaders Alex Laurent et Thomas Grün ont passé en moyenne plus de 36 minutes sur le parquet. C’est beaucoup. Peut-être un peu trop. À leurs backups respectifs de faire en sorte de leur laisser la possibilité de souffler un peu. Pour revenir encore plus fort sur le parquet.

Rendez-vous en février

Ces préqualifications à peine commencées sont déjà presque terminées. En effet, le groupe B ne comporte que trois équipes. Il reste donc deux matches à disputer. Le prochain rendez-vous est fixé à la Coque, le 27 février, pour des retrouvailles qu’on espère victorieuses face à l’Albanie. Avant, pourquoi pas, d’aller prendre une revanche bien méritée en Roumanie face à une équipe annoncée comme l’ogre de ce groupe et avec lequel le Luxembourg a fait plus que jeu égal, dimanche. Pour rappel, seul le premier sera directement qualifié pour la deuxième phase.

Romain Haas