Les nouvelles règles sanitaires édictées lundi font peser une menace sur la fin d’année. Il reste encore en effet beaucoup de non-vaccinés en DN…
Y a-t-il un problème de concurrence déloyale à laquelle la décision du gouvernement d’hier va conduire tout droit la BGL Ligue, en cette fin d’année? Hier, en tout cas, c’est la question que se posait le conseil d’administration de la FLF, réuni à Mondercange à la suite des annonces de Xavier Bettel et qui tiennent, à la louche, en ces grandes lignes : entraînements et compétition ne sont plus ouverts aux sportifs de plus de 19 ans que s’ils sont guéris (c’est-à-dire jusqu’à six mois après avoir été testés positifs) ou vaccinés à hauteur de deux doses, et alors que les tests rapides certifiés sont écartés, les professionnels ayant un contrat de travail ne sont pas contraints aux mêmes règles.
Forcément, cela a semé le trouble dans les clubs de l’élite. Si la loi ne sera votée que la semaine prochaine et donc applicable qu’à l’occasion de la 15e journée, elle induit un certain nombre de problèmes, ne serait-ce que parce que tous les clubs ne sont pas égaux devant la vaccination et la nature des contrats passés avec les joueurs.
Hier, en début de soirée, Tun Di Bari, président d’Etzella et membre du CA de la FLF, était en route pour le CFN l’esprit plutôt tranquille : tout le monde dans son équipe 1, staff compris, est vacciné même si «certains ont été un peu fainéants et d’autres désorganisés au point de rater leurs rendez-vous». Mais dimanche, Ettelbruck a affronté un club de Mondorf qui a dû avoir recours à plusieurs tests PCR pour aligner une équipe compétitive. Et où Christian Strasser, le président, s’interroge pour la suite : «Il faut absolument décaler la 15e journée pour donner à tout le monde la capacité de se faire vacciner. Sinon, on devra jouer sous réserve parce qu’on refuse d’être les dindons de la farce. Il faut qu’on ait les mêmes règles pour tout le monde. Je suis d’accord avec cette décision du gouvernement, mais on ne peut pas, pour le sport de haut niveau, l’appliquer du jour au lendemain. Qu’on nous donne le temps de nous adapter!»
C’est aussi ce que demande Luc Hilger, président de Strassen. Lors de la 15e journée, l’UNA joue un match ultra-important contre le RFCU. «Nous, on a sept non-vaccinés, tous des titulaires de notre équipe. Le RFCU, lui, a beaucoup de joueurs sous contrat qui peuvent être assimilés professionnels. Alors oui, on est dans l’embarras : on doit les affronter avec nos juniors ou une équipe bis? La FLF va devoir se positionner. Il est illogique que tous les joueurs ne soient pas visés de la même manière. On n’a pas le droit d’introduire des différences de traitement.»
«Un non-vacciné remet son contrat en cause»
Paul Philipp et les dirigeants de la fédération vont devoir trancher, en effet. Quitte à demander à ce que soit repousser exceptionnellement l’entrée en vigueur de cette loi, le temps de finir la phase aller et que tout le monde se vaccine. En tout cas ceux qui souhaitent continuer à jouer au football. Au Fola, où Sébastien Grandjean a très tôt milité pour la vaccination obligatoire mais où le staff s’est heurté à la résistance de certains joueurs, on avait préalablement réuni les joueurs : «Je suis content et je supporte cette décision sanitaire, même si elle risque de me priver de joueurs. J’ai dit à tous ces garçons quelle était mon opinion et aussi que je ne pouvais pas les obliger. Mais maintenant, s’ils veulent continuer à jouer, ils n’ont plus le choix.»
Des garçons, qui ont décidé en leur âme et conscience de dire non à la vaccination obligatoire, ces derniers mois, vont en effet devoir choisir. La seringue ou le repos forcé. «C’est une évidence, assène Luc Hilger. Ils ont un contrat. S’ils ne jouent pas, pas d’argent.» Christian Strasser est d’accord : «Un non-vacciné remet son contrat en cause.»
Reste qu’à Pétange, le directeur sportif, Laurent Libert, qui voit à une échelle globale, se pose aussi la question de la suite pour… toutes les divisions. La suite, c’est une évidence, sera très compliquée pour les jeunes du ballon rond mais aussi pour tous les autres sports du pays, qui vont devoir s’adapter fissa, au risque de replonger dans le néant.
Julien Mollereau