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Carole Dieschbourg se contente de Glasgow


Carole Dieschbourg, la ministre de l’Environnement, veut croire que l’accord arraché à la dernière minute dans les coulisses à Glasgow marque une petite avancée dans la lutte contre le réchauffement climatique. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

La ministre de l’Environnement se dit déçue du changement de dernière minute dans le pacte de Glasgow concernant le charbon, mais salue les avancées qu’il contient, aussi faibles soient-elles.

«Il ne faut pas perdre de vue que c’est la première fois que l’on va aussi loin dans un accord sur la question du charbon», tente de convaincre la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, à son retour de Glasgow. Pour elle, la COP26 n’est donc pas l’échec total que dénoncent les organisations environnementales, mais «un pas en avant» sur le chemin sinueux qu’empruntent les nations pour limiter le réchauffement climatique.

La ministre se satisfait déjà du maintien de l’objectif de 1,5 degré, mais affiche sa déception quand elle évoque le changement de dernière minute exigé par la Chine et l’Inde. L’ironie du sort veut que depuis lundi les écoles de New Delhi soient fermées pour cause de pollution atmosphérique et pour toute une semaine.

Mais ces deux pays ont obtenu une modification du texte – «hors négociations officielles», rappelle la ministre –, qui prévoit désormais de simplement réduire l’utilisation du charbon et non plus d’en sortir. Les pays membres sont donc appelés à «accélérer les efforts vers la réduction de l’énergie au charbon sans système de capture de CO2 et des subventions inefficaces aux énergies fossiles».

Déception aussi, car l’Inde réclamait des pollueurs historiques, tels que les États-Unis et l’Europe, aides techniques et financement nécessaires à la lutte contre le changement climatique. Les pays en développement réclamaient 1 000 milliards de dollars de la part des pays développés d’ici 2030, mais personne ne s’y est engagé. «Je comprends que les pays du Sud soient frustrés», dit-elle.

Garder le 1,5 degré en vie

Un accord affaibli, mais un accord quand même qui contient trois grands messages selon Carole Dieschbourg. «Il y a d’abord une volonté claire de sortir du charbon», insiste la ministre, qui sait pourtant que la Chine et l’Inde s’engagent à investir dans des centrales à charbon pour des décennies. «Cet accord met aussi en avant une volonté d’opter pour une autre mobilité et enfin il protège nos forêts», résume Carole Dieschbourg, en ajoutant que ces engagements ne suffiront pas à inverser la tendance rapidement.

Parmi les points positifs qu’elle retient encore, le fait que le Luxembourg ait pris le temps avec d’autres pays de faire des déclarations et de passer le message sur son opposition à l’énergie nucléaire. La ministre a réaffirmé à Glasgow que «l’énergie nucléaire ne peut être étiquetée et commercialisée comme une technologie durable» et qu’elle n’a pas sa place  dans la taxonomie de la finance durable de l’UE. Les ministres d’Allemagne, d’Autriche, du Portugal et du Danemark soutiennent la démarche. «Je suis contente que l’Allemagne soit à nos côtés», précise Carole Dieschbourg.

Lundi, c’est la «diplomate» qui s’est exprimée. En tant que ministre écolo, elle aurait présenté un bilan moins élogieux, mais s’agissant d’une négociation à 200 pays, elle sait «le travail que représente chaque petite avancée».

Pour les organisations de protection du climat, cette COP26 avait pour ambition de garder le 1,5 degré en vie. «C’est ce qui a été décidé et cette ambition a été réaffirmée plus fermement encore»,  analyse Carole Dieschbourg.

Pour les ONG, la version finale de l’accord a au contraire enterré cette ambition.

Le Grand-Duché a réussi à réduire de 22 % ses émissions de CO2 pour atteindre un total de 7,86 millions de tonnes de CO2. L’année de référence reste 2005. L’objectif initial pour l’année 2020 était d’atteindre 8,1 millions de tonnes de CO2, soit une diminution de 20 % des émissions. Le point de départ fixé par la Commission européenne se situe à 8,2 millions de tonnes de gaz à effet de serre. D’ici 2030, le Luxembourg vise à réduire ses émissions à 4,6 millions de tonnes, soit une baisse de 55 %. La neutralité carbone doit être atteinte pour 2050.

Geneviève Montaigu