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La pollution de l’air cause 200 morts par an au Luxembourg


Le 20 février marque «le jour du dépassement» du Grand-Duché. (Photo : Hervé Montaigu)

La pollution aux particules fines a provoqué 307.000 décès prématurés dans l’Union européenne en 2019, un chiffre qui reste alarmant mais a diminué de plus de 10% en un an, selon un rapport de l’Agence européenne de l’environnement publié lundi.

D’après cette étude, plus de la moitié de ces vies pourraient être sauvées si les 27 pays membres respectaient les nouveaux objectifs de qualité de l’air récemment fixés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

En 2018, le nombre de morts lié aux particules fines PM 2,5 (particules en suspension dans l’air dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres) était estimé à 346.000. La nette baisse de 2019 s’explique en partie par des conditions météorologiques favorables mais surtout par la poursuite de l’amélioration progressive de la qualité de l’air en Europe, selon l’AEE. Au début des années 1990, les particules fines, qui pénètrent profondément dans les poumons, provoquaient ainsi près d’un million de décès prématurés dans les 27 pays de l’UE, d’après ces données. Un chiffre déjà tombé à environ 450.000 en 2005.

Parmi les principaux pays de l’UE, la pollution aux particules fines a été responsable en 2019 de 53.800 décès prématurés en Allemagne, 49.900 en Italie, 29.800 en France et 23.300 en Espagne, selon l’EAA. Avec 39.300 morts, la Pologne est le pays le plus touché relativement à sa population. Au Luxembourg, 200 personnes sont décédées prématurément et la pollution aurait fait perdre 346 années de vie pour 100 000 habitants.

L’AEE mesure également les décès lié aux deux autres principaux polluants de l’air dangereux pour la santé, mais n’additionne pas les bilans car cela conduirait selon elle à des doubles comptages. Pour les particules d’ozone (O3), la tendance en 2019 était aussi à la baisse avec 16.800 morts prématurées, soit un recul de 13% sur un an. Pour le dioxyde d’azote (NO2), gaz produit principalement par les véhicules et les centrales thermiques, les décès prématurés ont diminué d’un quart entre 2018 et 2019, passant à 40.400.

La pollution de l’air reste la menace environnementale la plus importante pour la santé des Européens. Les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux sont les causes les plus fréquentes de décès prématurés imputables à la pollution atmosphérique, suivies par les maladies pulmonaires et les cancers du poumon, rappelle l’AEE. Chez l’enfant, la pollution atmosphérique pourrait entraver le développement des poumons, provoquer des infections respiratoires et aggraver l’asthme.

Sept millions dans le monde

Même si la situation s’améliore progressivement, l’AEE avait averti en septembre que la plupart des pays européens étaient encore au-delà des limites, qu’il s’agisse des recommandations européennes ou de celles plus ambitieuses de l’OMS. Selon cette dernière, la pollution de l’air fait sept millions de morts prématurées par an, un bilan qui la place à des niveaux proches du tabagisme ou de la mauvaise alimentation.

Ce lourd bilan l’a poussé fin septembre à établir des limites plus contraignantes pour les principaux polluants de l’air, pour la première fois depuis 2005. « Investir dans un chauffage, une mobilité, une agriculture et une industrie plus propres permet d’améliorer la santé, la productivité et la qualité de vie de tous les Européens, et notamment des plus vulnérables », a plaidé le directeur de l’AEE, Hans Bruyninck.

L’Union européenne s’est fixée comme objectif d’avoir réduit d’au moins 55% en 2030 le nombre de décès prématurés causés par les particules fines, par rapport aux niveaux de 2005. Si la pollution de l’air diminue au rythme actuel, l’agence estime que cet objectif serait atteint d’ici 2032.

Toutefois, les tendances au vieillissement et à l’urbanisation pourraient affecter certains des gains sanitaires associés à la réduction des concentrations de pollution de l’air. « Une population plus âgée est plus sensible à la pollution atmosphérique et un taux d’urbanisation plus élevé signifie généralement que davantage de personnes sont exposées aux concentrations de particules fines, qui ont tendance à être plus élevées dans les villes », souligne l’AEE dans son rapport, appelant à redoubler les efforts.

LQ/AFP