En septembre, Florent Pagny a sorti son vingtième album studio, L’Avenir. Le chanteur français, qui a fêté samedi ses 60 ans, revient sur la réalisation de son dernier disque, ainsi que sur la préparation de sa tournée anniversaire.
De retour avec L’Avenir, Florent Pagny signe ses retrouvailles avec Calogero, lequel en a assuré la composition, les arrangements, l’orchestration et la réalisation. Un album autobiographique dans lequel le chanteur évoque aussi les drames que l’on peut traverser, en gardant toujours une note d’espoir et d’optimisme. Il est revenu pour nous sur la genèse de ce disque et la préparation d’une grande tournée anniversaire, qui a débuté hier soir à Lille et qui se poursuivra jusqu’à l’été 2022.
Après le succès de l’album Vieillir avec toi, vous avez de nouveau travaillé avec Calogero sur ce nouveau disque. Comment est née votre collaboration?
Florent Pagny : C’est une histoire de longue date. Notre première collaboration date de l’époque où il faisait partie de l’équipe éditoriale de Pascal Obispo. Pascal me fait écouter un titre en me disant que les paroles sont de Lionel Florence et que la musique est signée d’un petit nouveau, Calogero, et je découvre Châtelet-les-Halles. J’écoute la maquette, déjà très avancée, et j’apprends que c’est également lui qui l’a faite. J’ai voulu qu’il réalise le titre, en insistant pour qu’on lui donne tous les moyens, et il m’en a toujours été reconnaissant.
C’était une révélation pour vous?
Totalement. On a découvert qu’il était aussi talentueux au niveau de la composition, des arrangements que de la réalisation. Avec la carrière qu’il a ensuite menée et tout ce qu’il a proposé à d’autres, cela a confirmé ce que j’ai ressenti dès le début.
Je trouve agréable d’avoir un message d’espoir, d’envisager un avenir plus optimiste que le présent, pour le moins particulier, que l’on vit
Comment avez-vous décidé de faire de nouveau tout un album ensemble?
J’ai toujours eu ensuite une de ses chansons sur mes albums, jusqu’à Vieillir avec toi, qu’il avait entièrement composé et réalisé. Vu le succès du disque (NDLR : 700 000 exemplaires vendus), nous avions en tête de retravailler ensemble, car c’est très agréable pour moi de chanter sur ses musiques et pour lui de composer pour ma voix. Quand j’ai pensé à ces dates anniversaires, le vingtième album et mon soixantième anniversaire, je lui ai confié le disque.
Est-ce en pensant aux prochains chapitres que vous avez appelé ce disque L’Avenir?
C’est plutôt le hasard, mais l’album inclut toutes les questions que l’on peut avoir sur ce qui est devant nous. Je trouve agréable d’avoir un message d’espoir, d’envisager un avenir plus optimiste que le présent, pour le moins particulier, que l’on vit.
Avec des titres comme L’Instinct, peut-on considérer cet album autobiographique?
C’est tout à fait juste. Calogero s’est occupé de tout, mais quand il me trouve des auteurs qui m’écrivent ce titre, ou encore Toi et moi, une chanson d’amour pour ma femme depuis presque 30 ans, je suis surpris et heureux qu’ils aient visé aussi juste. Ce sont toujours des cadeaux quand on m’écrit des textes dans lesquels on m’a si bien compris.
C’est une véritable chance que l’on m’ait fait de si bonnes chansons
Est-ce le défi pour les auteurs d’arriver à vous faire du sur-mesure?
Oui, mais aussi une chance pour chacun. Cela me permet de faire ce que je sais faire de mieux, chanter et interpréter, car j’ai besoin de ressentir les paroles, qu’elles me correspondent. Cela ne doit pas être simple pour les auteurs. C’est très fluide pour moi, car je chante ce que je peux penser, mais je ne pourrais pas l’écrire comme eux le font.
Les arrangements sont, comme toujours, soignés. C’est aussi pour vous le succès d’une bonne chanson?
Oui, et avec Calogero, je suis en totale confiance. Je lui ai tout laissé et quand j’ai tout écouté, j’étais agréablement surpris dès la première écoute. Il a vraiment la musique en lui, il la respire, il en a le goût et la diversité. Cela peut donc aller vers la pop, l’electro, le rock, le classique, et il maîtrise tout.
Vous parliez du titre Toi et moi, assurément l’un des tubes potentiels du disque. Quel a été votre sentiment en le découvrant?
C’est intéressant car (le producteur) Pascal Nègre m’a dit la même chose, alors que c’est une chanson d’amour un peu traditionnelle, sur un vieux couple comme nous, avec un petit côté Bonnie and Clyde. On a fait le parcours, ça se passe bien, c’est rassurant, et c’est aussi un beau message qui peut toucher beaucoup de monde. Il y a aussi la bonne musique qui fait qu’en effet, cela peut devenir une grosse chanson.
Barbara Pravi et Carla Bruni vous ont proposé des textes pour ce disque. Est-ce qu’il y a pour vous une écriture plus féminine?
Difficile à dire… Barbara, par exemple a fait ma première partie en 2018, et m’avait passé une chanson, puis je lui avais rendu sa copie, car le rendu était trop féminin pour moi. Elle a ensuite trouvé sur ce texte, Quand elle rentrera, la transposition pour me correspondre. C’est pareil pour la chanson Plus ta voix de Carla, et, au final, cela aurait pu également être un homme qui a écrit sur cet album. Je suis très exigeant, il faut que cela me corresponde, qu’il y ait un vrai sens et que ça sonne.
Entre vos albums studio, vous sortez des disques plus conceptuels tels que RéCréation ou encore Baryton. Comment sont-ils nés?
C’est ce que j’appelle des albums atypiques, qui sont pour moi le propre de l’interprète. Quand on se positionne avec une voix capable de chanter plein de choses différentes, on a envie de s’y exercer. C’est autant l’envie que l’amusement qui m’ont emmené vers ce genre de projets. Cela m’a plutôt réussi.
Vous préparez une grande tournée pour votre soixantième anniversaire. Comment la préparez-vous?
Je l’appréhende un peu, car je n’ai plus 25 piges, en effet. Tout fonctionne bien pour moi et il faut d’autant plus assurer. J’arrive à un âge où on ne veut plus faire du sport, mais plutôt manger et boire, et c’est l’inverse qu’il faut faire (il rit). Il va falloir trouver la bonne condition physique et assurer chaque soir, dans chaque ville. Pour cette tournée, j’emmène donc le public dans un voyage dans le temps, tout en restant chronologique. J’espère que ça va fonctionner, sinon je proposerai autre chose.
Si vous ne deviez retenir qu’une chanson de votre répertoire, quelle serait-elle?
Ma préférée a toujours été Et un jour une femme. Que ce soit de N’importe quoi à Savoir aimer en passant par Ma liberté de penser, je prends toujours autant de plaisir à les interpréter. C’est une véritable chance que l’on m’ait fait de si bonnes chansons.
Entretien avec Nikolas Lenoir
L’Avenir, de Florent Pagny.