Attendu comme le messie, l’ancienne gloire du FC Barcelone Xavi Hernandez quitte son exil qatari pour prendre la relève de Ronald Koeman avec un défi immense : reconstruire une équipe en ruines pour la hisser à nouveau vers les sommets.
Le club qatari d’Al Sadd, que Xavi entraînait depuis 2019, a annoncé vendredi avoir trouvé un accord avec les Catalans pour le retour au bercail de l’ancien milieu. « Al Sadd a fait un communiqué, mais pas le Barça. Attendons », a de son côté prudemment commenté, lors de la traditionnelle conférence de presse d’avant-match, l’entraîneur intérimaire Sergi Barjuan, dont les heures à la tête du club semblent comptés.
Après un jeu de la séduction qui a duré plusieurs années, le mariage s’apprête à être enfin célébré entre le FC Barcelone et l’un des hommes qui incarne le mieux le club. Une union attendue par une large frange des supporters blaugrana. Après avoir quitté Barcelone en 2015, le génial milieu de terrain a pris la direction d’Al Sadd, au Qatar, où il a fini sa carrière de joueur (2015-2019) avant d’entamer une reconversion immédiate comme entraîneur. Après deux années à la tête du club qatarien, il a déjà remporté le championnat, la coupe nationale et la Supercoupe du Qatar.
« Un rêve »
Mais surtout, en un laps de temps réduit, Xavi a réussi à installer au Qatar des principes de jeu qui lui sont chers. Ceux appris dans les rangs de la Masia, le prestigieux centre de formation catalan, et affinés auprès d’un entraîneur comme Pep Guardiola: un jeu de possession, fait de passes courtes dans des espaces réduits. Bref, les bases du « tiki-taka », le fameux jeu catalan lancé par l’icône Johan Cruyff dans les années 1990.
Contacté en janvier 2020 pour remplacer Ernesto Valverde sur le banc barcelonais, puis l’été suivant pour succéder à Quique Setién, Xavi a jusqu’ici toujours décliné les offres du club, refusant de prendre la charge d’une équipe sans projet clair et sans cap fixe, mais réitérant à chaque fois son amour pour son club de cœur. « Je ne le cache pas, et je l’ai toujours dit, mon objectif principal, quand ça pourra se faire, c’est le Barça. C’est ma maison, et ce serait un rêve », avait confié Xavi dans une interview au quotidien Marca, en juillet 2020.
« J’ai toujours dit que Xavi finirait un jour par être entraîneur du Barça. Mieux : j’aimerais qu’il soit l’entraîneur du Barça sous ma présidence. Ce que je ne sais pas, c’est quand », a récemment soutenu le président Joan Laporta.
En mai, Xavi avait prolongé son contrat de deux ans avec Al Sadd, jusqu’en 2023. Mais l’appel du Barça a été trop fort. Le chantier est immense. Xavi devra accorder ses violons avec Laporta, et surtout composer avec les énormes soucis financiers qui plombent le club catalan, endetté de plus d’un milliard d’euros.
Nouvelle page
Sur le terrain, ses objectifs sont clairs : sportivement, le Barça, actuel 9e de Liga à neuf points de la Real Sociedad et à huit de son grand rival, le Real Madrid, doit à tout prix revenir sur la tête du classement. Il doit aussi tenter d’assurer une qualification pour les huitièmes de finale de Ligue des champions, malgré les deux claques initiales reçues face au Bayern Munich au Camp Nou (3-0) et contre le Benfica à Lisbonne (3-0).
Mais surtout, Xavi doit faire retrouver son identité de jeu au club blaugrana, en se basant sur la jeune génération dorée qui émerge, avec, en tête de gondole, les prodiges Ansu Fati, Pedri et Gavi, et d’autres talents précoces comme Segiño Dest ou Frenkie de Jong. La difficulté pour la « Maquina » (la Machine) sera d’atteindre tout cela sans entrer en conflit avec ses amis de la vieille garde catalane qui arrivent en fin de carrière : les Gerard Piqué, Jordi Alba et autres Sergio Busquets. Et il devra composer avec l’ombre de son ancien équipier Lionel Messi, parti au Paris Saint-Germain l’été dernier et dont le Barça peine toujours à faire le deuil. Si Koeman a été celui qui a jeté les fondations du Barça post-Messi, Xavi devra être l’architecte qui tournera définitivement la page, pour en écrire une nouvelle.
LQ/AFP