Un «programme de transition» sera mis en place dès janvier 2022 au Luxembourg pour accompagner la réintégration des ex-détenus à la société, notamment en matière de logements.
Reprendre le cours de sa vie après un temps plus ou moins long en prison n’est pas chose facile. La transition est parfois rude et la recherche d’un travail, d’un logement ou de contacts sociaux peut être difficile.
Afin de faciliter la réinsertion d’ex-détenus dans la société, le ministère de la Justice et celui de la Famille et de l’Intégration, ont dévoilé, mercredi, un «programme de transition», visant à accompagner les anciens détenus en «détresse sociale», afin de leur trouver un logement. Une manière surtout d’éviter une possible «récidive» et d’encadrer les anciens détenus sans les stigmatiser à leur sortie de prison.
Concrètement, deux agents de liaison prendront en charge les anciens détenus «bénéficiant d’un droit de séjour sur le territoire luxembourgeois» afin de les aider dans leurs démarches administratives. «Ils devront primordialement leur trouver un logement, pour qu’ils aient une place afin de redémarrer dans la vie», explique la ministre de la Justice, Sam Tanson.
Dès la libération d’un détenu (sous libération conditionnelle, en fin de peine ou en détention provisoire), si celui-ci l’accepte et ne dispose d’aucun endroit pour se loger, un agent de liaison le prendra donc en charge, afin de lui proposer un hébergement type halte de nuit, pour une durée de sept jours.
«Les aider à voler de leurs propres ailes»
Une fois ce délai passé, l’ancien détenu sera placé dans un hébergement à moyen terme, géré par des associations conventionnées (comme Caritas par exemple), et ce, pour une durée maximale de six mois. Durant cette période, il sera encadré et accompagné individuellement par l’agent de liaison et des professionnels socio-éducatifs. «Si quelqu’un a un problème d’alcool, de drogue ou psychiatrique par exemple, on l’encadrera, on l’aidera à sortir de cette addiction pour pouvoir vivre normalement», souligne la ministre de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen.
Après cette période de six mois, il pourra ensuite intégrer un logement durable. «Le but de ce programme est de ne pas garder les personnes dans ces structures, mais de les aider à voler de leurs propres ailes.», appuient les ministres.
Ce projet-pilote doit démarrer en janvier 2022, pour une durée de deux ans. Son coût s’élève à 235 000 euros, essentiellement pour des «frais de personnel et administratif». Une évaluation sera assurée afin de modifier ou d’adapter ce programme.
Au vu des données recensées ces dernières années, il est estimé qu’entre 50 et 80 personnes par an pourraient être concernées par ce programme de transition au Luxembourg.
À lire aussi ➡ Former les prisonniers : «un objectif»
Pourquoi pas une «maison de transition» ?
L’idée d’origine de ce programme était de créer une «maison de transition», où résideraient les anciens détenus nécessiteux. Une idée très vite écartée, au vu de son côté stigmatisant. «Nous ne voulions pas d’une prison après la prison», expliquent les ministres.
Les logements proposés dans ce programme seront «très encadrés» selon Corinne Cahen, qui précise : «Ce ne sont pas des logements classiques comme des appartements ou des studios, mais plutôt des associations qui mettent à disposition des lits, de petits studios et encadrent socialement ces personnes».
Sophie Wiessler