Luc Hilger, le président du surprenant Strassen, 2e de BGL Ligue, se délecte des choix estivaux qui paient, de ses joueurs, mais aussi d’un coach qu’il adore.
Quand il a décroché son téléphone, hier, Luc Hilger a dit ça : «J’attendais votre appel, il y a déjà le Tageblatt qui a appelé!» Cela dit deux choses. Premièrement que nous sommes visiblement moins rapides que nos confrères. Deuxièmement que le président de Strassen avait bien conscience d’être l’homme le plus demandé du football grand-ducal en ce début de semaine. Alors il s’était préparé à dire des choses, parce qu’on ne parle pas souvent (pas assez?) de l’UNA!
On ne va pas se mentir : Strassen n’a pas l’habitude d’être deuxième de BGL Ligue. Ça fait quoi?
Luc Hilger : C’est quand même inhabituel, oui. Je vais prendre le classement en photo. Cela nous était déjà arrivé l’année de notre montée en BGL Ligue (NDLR : 2015/2016) mais seulement après quatre petites journées et 10 points sur 12. Là, ça n’a rien à voir.
L’UNA ne sait pas comment on fait pour durer à ce niveau. Vous avez votre petite idée sur la question?
En n’ayant aucune pression? Je ne sais pas, dimanche, on a déjà un match piège contre Hamm, une équipe que tout le monde sous-estime et qui ne prend pourtant quatre, cinq ou six buts par match comme en début de saison. Ils viennent de rater de peu le match nul contre le champion et ils ont battu Rosport. Or on ne bat pas Rosport si on est nul.
Pour ceux qui n’ont pas encore vu jouer votre équipe cette saison, à quel point cette place de dauphin est-elle méritée?
Disons que chez nous, tout le monde court pour tout le monde et qu’on a quelques individualités au-dessus du lot. Pour quelqu’un qui n’a pas encore vu jouer l’UNA, disons que… (il hésite), disons que c’est surtout Lutz. Avec lui, on joue plus au foot.
Bon, vous faites partie de ces présidents qui connaissent bien leur sujet. Si on vous demande de nous expliquer, vous?
Bon, et bien déjà, quand tu as un « 6« technique comme Bacconnier, qui ne perd pas le ballon. Le voir jouer, c’est un plaisir. On a aussi Rouffignac, qu’on a trouvé à Steinsel et qui court énormément de kilomètres. Quel volume il a, lui… Derrière, on a aussi trouvé la stabilité aux buts qu’on n’avait plus depuis le départ de Ralph Schon à Wiltz. L’année dernière était catastrophique à cet égard et avec Koray Özcan, un garçon qui sait jouer avec les deux pieds, c’est tout de suite plus simple. Siebenaler m’a même dit que c’était un vrai plaisir d’évoluer avec lui derrière. On fait aussi attention à encaisser un peu moins de buts que la saison passée (NDLR : l’UNA avait encaissé 64 buts la saison passée, ce qui en faisait la deuxième pire défense de l’élite, alors qu’elle est aujourd’hui la 2e meilleur avec 10 buts pris en neuf matches). Christian Lutz a mis l’accent là-dessus. On a eu le déclic à Rosport, un endroit où on ne gagnait jamais avant. Avant ça, ce n’était pas fameux.
« En fait, si on regarde les budgets, même un top 8, ce serait excellent »
(Il explose de rire) Ah non, vous n’allez pas me reparler de ça! Pas cette question! Tout le monde s’était déjà foutu de moi à l’époque. On m’avait appelé au téléphone pour me dire « mais tu n’es pas bien ou quoi?!« Bizarrement, ceux qui m’avaient appelé à l’époque ne me téléphone plus en ce moment. Moi je maintiens ce que j’ai dit : il défend bien, mais il aime le foot et il n’a pas peur de mettre des jeunes sur le terrain.
Finalement, le départ de Manuel Correia, une petite catastrophe au regard du projet que vous mettiez en place, a été mieux digéré que vous ne pensiez?
Oui (il soupire). Mais c’était important qu’il reste au club, à la commission sportive. Pendant le recrutement, il nous a donné son avis sur qui avait du talent, qui on pouvait prendre, quel profil nous manquait… Et c’est un fait que lui n’a jamais eu les joueurs qu’on a maintenant.
Combien Christian Lutz a-t-il « fait« de joueurs sur ce recrutement estival qui vous a tellement réussi?
Deux. Mais bon, on était par exemple déjà en contact avec Perez et il nous a dit « si vous pouvez le faire, n’hésitez pas une seconde« . Il y avait son aval.
Perez, c’est votre meilleur recrutement offensif depuis que vous êtes montés en DN?
Szimayer, l’an passé, c’était plus un combattant par exemple. Mais on n’avait plus de grand buteur comme ça depuis que Jäger nous avait quittés. Là, on sait que même dominé, Nico peut marquer.
Toujours est-il qu’on évite le sujet Europe? Sinon, vous allez nous dire qu’il est trop tôt, non?
Oui, on évite le sujet, ça ne sert à rien. Comparez un peu les budgets de DN. Moi, si vous me dites qu’on termine 5e ou 6e, je vous dis déjà que notre saison est une réussite. En fait, si on regarde les budgets, même top 8 ce serait déjà excellent.
Et vos infractrustures, on en parle? On a l’impression que le club se développe plus vite qu’elles.
J’étais à la commune jeudi. Elle attend des informations du ministère des Sports pour les subventions. Le 11 novembre, ce sera mis au vote et j’espère qu’on aura les appels d’offres en 2022. Si tout va bien, dans trois ans, on pourra jouer dans notre nouveau stade de 500 places assises et presque autant en gradins de face. Quand tout ça sera fini, alors on passera peut-être un cap. Déjà, on aura assez de terrains pour ne plus être obligés de faire des ententes avec nos voisins en catégories jeunes et on pourra peut-être enfin lancé notre équipe dames. Mais pour tout ça, il nous faudra des bénévoles.
Entretien réalisé par Julien Mollereau