Fin 2018, une sexagénaire de Longwy tombe sous le charme d’un entrepreneur du Luxembourg. Ils deviennent amants. Elle va lui donner tout son argent pour sa société.
David n’a certainement pas la faconde ni la gestuelle de notre regretté Bébel. Mais il maîtrise les codes de la séduction. Cette sexagénaire n’est pas restée de marbre. L’intéressé approche sur le net ce cœur à prendre. Puis le charnel succède au virtuel. David fait très vite miroiter à sa nouvelle conquête une affaire en or : avec un associé, il a monté une boîte spécialisée dans la fabrication de QR codes. On n’est pas encore au temps du coronavirus : ladite application doit servir aux secours, quand une personne fait par exemple un malaise et qu’il s’agit d’envoyer sa fiche médicale pour informer et aiguiller les pompiers ou le SAMU. C’est du solide, mais encore faut-il continuer à mettre des billes dans la prometteuse société. David, qui est loin d’être un «guignolo» puisqu’il affirme gagner 8 000 euros par mois, demande 20 000 euros à celle de dix ans son aînée. Ancienne femme de ménage, elle s’exécute. La Longovicienne donne 10 000 euros supplémentaires puis 80 000 euros après que son bien-aimé lui a proposé de racheter les parts de son associé.
Des dizaines de milliers d’euros par-ci, d’autres par-là. Mais David se fait de plus en plus distant, voit moins souvent sa généreuse amante. Et au bout de deux ans de relation qui n’en est plus vraiment une, l’ex-technicienne de surface découvre que toutes ses économies ne sont plus que poussière. Soit près de… 160 000 euros alpagués par celui qui lui promettait monts et merveilles!
Il menait la belle vie
Malheureusement, l’intéressé n’est pas là pour s’expliquer. Bien déplorable pour Me Bertrand Mertz, l’avocat thionvillois de la partie civile. Il dit que David n’était pas un solitaire puisqu’il vivait… avec une autre femme : «Il voyageait avec sa famille en 1re classe, ils logeaient dans des quatre étoiles, c’est ça qu’il a fait avec son argent!» Et le plaideur d’appuyer : «Arsène Lupin apportait des fleurs à ses femmes victimes, mais c’étaient des baronnes, pas des femmes de ménage! Aujourd’hui, elle est en dépression…»
De son côté, la magistrate du parquet rappelle que la société fondée par David et son associé a bel et bien existé (elle était basée au Grand-Duché) mais qu’elle a périclité. Néanmoins, aux yeux de Caroline Njoya, le prévenu n’a jamais voulu investir dans son business l’argent prêté. «Il lui a vendu du rêve.» Pour la parquetière, l’abus de confiance est caractérisé. Contre David, condamné jadis pour contrefaçon de chèques, elle veut douze mois de prison ferme. Une peine à laquelle s’oppose Me Thomas Kremser : son client n’est pas malhonnête, il est simplement un professionnel de la tchatche aussi bien dans le monde des affaires que dans les affaires sentimentales. «Il se vend bien. Toutes les femmes qui lui ont prêté de l’argent sont passées dans son lit. Seule la plaignante n’a pas été remboursée. Mais mon client n’est pas un gigolo : c’était une histoire d’amour et de sexe qui s’est transformée en histoire de commerce et d’argent…»
Le jeune quinquagénaire écope tout de même de 18 mois avec sursis probatoire. Naturellement, il devra rembourser sa victime et lui verser près de 3 000 euros d’indemnités. Clap de fin. À moins qu’il ne décide de faire des recours en cascade…
G. I. (Le Républicain lorrain)