Le Fola a déjà largement pris conscience de la nécessité de gagner contre Etzella. Même avec la fatigue de Linfield.
«Qu’est-ce qu’ils vont faire ? C’est une très bonne question. Même mes joueurs sont venus me la poser et je n’ai pas la réponse.» Neil Pattison est un coach dans l’embarras. Après que le Fola a aligné une équipe totalement renouvelée, gardien compris, à Mondorf, et lâché trois points dès la reprise du championnat, peut-il se permettre de persister dans sa tournante totale ? C’est ce que l’entraîneur d’Etzella paierait cher pour savoir. Sébastien Grandjean avait pourtant déjà coupé court aux spéculations avant même le match retour contre Linfield en affirmant qu’il «n’y a pas deux équipes au Fola. Pas une équipe pour l’Europe et une autre pour le championnat : une seule et même équipe.»
Pour la forme, c’est ce qu’il fallait dire. Mais sur le fond, où va le champion en titre ? Sébastien Grandjean en a remis une couche : «Mes joueurs sont venus me voir tout de suite après Linfield. Ils m’ont dit « on va bien bien, on veut jouer dimanche, on peut jouer dimanche et on va gagne ».» Cette déclaration d’intention vaut ce qu’elle vaut, mais on a du mal à savoir comment le staff eschois fera la part des choses. Il sait d’avance qu’il ne peut pas hypothéquer une partie de sa saison en ne prenant qu’un point sur six (voire zéro) contre deux candidats au maintien, mais il ne peut pas non plus faire comme s’il ne fallait pas préparer son premier match contre Almaty, jeudi. «C’est logique, embraye Pattison, ils ne veulent pas se retrouver d’entrée avec un trop gros écart par rapport au haut de tableau. Moi, je pense qu’ils vont essayer au maximum de rester sur le rythme de l’Europe.» Ce qui sous-entend, de fait, conserver une base de titulaires des récentes confrontations continentales.
Jeudi soir, le Fola a fini sa soirée tard dans un restaurant eschois, fatigué, à refaire le match et à évacuer l’infime part de frustration liée à la manière. Là aussi, l’analyse de son coach a compté et Grandjean n’a pas varié d’un iota de ce qu’il a déclaré immédiatement après la qualification, ne cachant pas la déception relative à la qualité de la prestation, mais recontextualisant assez pour ne pas fragiliser son groupe : «Linfield a mis plus d’impact et plus de vitesse qu’à l’aller. Et nous, on a mal répondu. Alors oui, ils ont eu beaucoup d’occasions, mais c’est nous qui avons été réalistes. Même après leur égalisation, on a su ressortir pour aller chercher le 2-1, sans paniquer, avec l’état d’esprit qu’il fallait. Alors non, on n’est pas bon dans les automatismes et l’animation offensive, mais regardez le parcours de nos recrues : c’est un truc de fou ! On est en barrages avec plein de garçons qui étaient en PH ou ne jouaient même pas la saison dernière à cause du Covid ! Ce sont des joueurs sur lesquels on a fait des paris !»
Pour Etzella, toute la question est de savoir quels seront les paris que prendra le staff eschois. Sachant qu’il ne peut se permettre ni d’hypothéquer l’avenir européen ni de perdre plus de terrain en championnat.
Julien Mollereau