Le constructeur de véhicules électriques Tesla, dopé par un nombre record de livraisons au deuxième trimestre, a gagné pour la première fois plus d’un milliard de dollars sur trois mois, mais a prévenu que la pénurie de puces électroniques restait une menace.
La situation du côté des semi-conducteurs continue d’être « assez sérieuse », a souligné Elon Musk, le patron de Tesla, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes. « C’est compliqué de dire combien de temps ça va durer, car on ne peut rien y faire nous-mêmes. »
Le groupe a jusqu’à présent pu contourner une bonne partie du problème en utilisant de nouveaux modèles de puces et en réécrivant les logiciels en conséquence. Mais « pour le reste de l’année, notre croissance dépendra du plus petit élément de notre chaîne d’approvisionnement », a prévenu M. Musk.
Le constructeur automobile, qui avait annoncé en janvier vouloir faire croître ses livraisons de 50% en moyenne par an pendant plusieurs années, n’a toutefois pas officiellement changé ses prévisions. Du côté de ses usines en cours de construction, Tesla estime être toujours « sur la bonne voie pour fabriquer (ses) premiers véhicules Model Y à Berlin et Austin en 2021 ».
Crédits carbone et bitcoin
En revanche, « pour mieux se concentrer sur ces usines, et en raison de la disponibilité limitée des cellules de batterie et des défis de la chaîne d’approvisionnement mondiale », Tesla a décidé de repousser à 2022 le lancement de la production de son camion Semi. M. Musk a aussi indiqué lors de la conférence téléphonique que son pick-up électrique Cybertruck allait prendre du retard.
L’entreprise avait déjà annoncé avoir livré 201 250 véhicules au deuxième trimestre, un niveau inédit malgré cette pénurie de puces électroniques et les problèmes d’approvisionnement qui perturbent le secteur automobile depuis le début de l’année.
Le bénéfice net du groupe a été multiplié par dix sur la période pour atteindre 1,14 milliard de dollars. Son chiffre d’affaires a de son côté presque doublé, pour s’élever à 11,96 milliards de dollars.
Tesla, qui tire habituellement une grosse partie de ses profits de la vente à d’autres entreprises des crédits carbone qui lui sont accordés, car ses voitures n’émettent pas de polluants, voit en revanche cette source commencer à se tarir : les revenus tirés de cette activité ont atteint 354 millions de dollars au deuxième trimestre, contre 518 millions au trimestre précédent.
Le groupe, qui avait par ailleurs retiré 101 millions de dollars de bénéfice opérationnel grâce au bitcoin au premier trimestre, a cette fois-ci dû enregistrer une charge de 23 millions pour le même motif. Tesla avait créé la surprise en début d’année en annonçant avoir acheté pour 1,5 milliard de dollars de la monnaie virtuelle, dont la valeur s’est envolée jusqu’à mi-avril, avant de retomber lourdement.
Vers un partage du réseau de bornes
Le titre du groupe prenait environ 1 % lundi dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York. Il a perdu environ un quart de sa valeur depuis le pic atteint en janvier, après avoir bondi de plus de 700 % en 2020.
Le groupe a pendant longtemps dominé le marché des véhicules électriques, mais fait face à une concurrence croissante, avec par exemple l’arrivée récente sur le marché des SUV Mustang Mach-E de Ford et ID.4 de Volkswagen. Selon le cabinet spécialisé Cox Automotive, Tesla représentait 64% des ventes de véhicules électriques aux États-Unis au deuxième trimestre, contre 71% au trimestre précédent et 83% sur la même période en 2020.
M. Musk est par ailleurs revenu sur son intention, annoncée récemment sur Twitter, d’ouvrir le réseau de bornes de recharge de Tesla aux autres marques de véhicules électriques. Aux États-Unis, il suffira, a-t-il assuré lundi, de télécharger une application Tesla et d’acheter un adaptateur.
« Notre objectif est de soutenir l’avènement de l’énergie durable. Il ne s’agit pas de créer un espace clos et de l’utiliser pour attaquer nos concurrents », a affirmé M. Musk. Augmenter l’utilisation du réseau de Tesla permettra aussi au groupe de faire des économies d’échelle et d’être plus rentable.
LQ/AFP