La vigneronne Corinne Kox (domaine L&R Kox, à Remich), chimiste et thésarde elle-même, voit dans son métier l’opportunité d’aller de l’avant et d’expérimenter. Elle est la première, par exemple, à traiter une partie de ses vignes au moyen de drones (avec des produits bios).
En collaboration avec plusieurs partenaires (l’Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust – SnT – de l’université du Luxembourg, l’entreprise luxembourgeoise spécialisée dans la collecte de données spatiales par drone Luxsense geodata et le constructeur de drones suisse Aero41), elle vient de mettre en place un projet de recherche sur ce thème. Il a intégré le projet européen Sesame (Secure and Safe Multi-Robot Systems), doté de 7 millions d’euros au total.
Depuis 2019, vous expérimentez l’utilisation de drones pour pulvériser les vignes. Quels sont les avantages ?
Ils peuvent accéder sans problèmes aux terrains compliqués. Ils ne tassent pas la terre, ce qui nuit à la biodiversité et à la structure des sols, et ils sont très flexibles dans leur usage. L’idée est d’aller vers un maximum de précision pour ne donner à la vigne que ce dont elle a besoin.
Que va vous apporter cette participation au projet Sesame ?
Jusqu’à présent, nous avons travaillé avec des drones chinois conçus pour la riziculture et pas la viticulture. Il y avait donc des limites… Le projet nous permet de collaborer avec Aero41, une entreprise suisse qui développe des drones spécifiquement pour la vigne.
Vous envisagez de traiter les vignes avec plusieurs drones volant en même temps ?
Oui, l’objectif est de mettre en place un système multirobot où les drones voleront de manière semi-automatique pour pulvériser les vignes. Nous commençons pratiquement de zéro, il y a beaucoup de travail, mais il faut bien se fixer des objectifs !
Quels sont les enjeux de ces recherches ?
Faire voler les drones ensemble, bien sûr, mais aussi garantir la sécurité des vols, notamment en fonction du terrain et des obstacles prévus ou imprévus. La cybersécurité est un axe essentiel du projet, d’où la présence du SnT de l’université à nos côtés.
Les drones peuvent permettre de repérer des maladies. Est-ce une autre piste de travail ?
Oui, dans un second temps. Nous avons l’objectif de parvenir à détecter les foyers d’oïdium et de peronospora (NDLR : deux maladies causées par les champignons) en étudiant la couleur des feuilles. C’est encore un peu lointain, mais si on n’y parvient pas dans les trois ans, ce sera peut-être l’objet d’un second projet.
Que pensez-vous de cette nouvelle collaboration entre le ministère et le Fonds national de la recherche (FNR) ?
C’est une excellente nouvelle, d’autant que tout est allé très vite ! L’agriculture n’a jamais été vraiment une priorité de la recherche au Luxembourg et je peux comprendre que l’on ne puisse pas tout faire, mais que cela le devienne est très positif pour nous. Le FNR est un garant de sérieux : les projets vont être évalués et suivis par des scientifiques très compétents. Cette initiative va ouvrir des portes et donner de la valeur à l’agriculture mais aussi à la recherche.
Avez-vous l’intention de proposer un autre projet, en plus de celui des drones ?
Ce n’est pas impossible, effectivement (elle rit) !
Recueilli par notre collaborateur Erwan Nonet