Jalal M. a été condamné à 20 ans de réclusion pour avoir attaqué la fille de son ex avec un marteau. Le volet pénal de l’affaire bouclé, restait le volet civil.
Les débats ont repris ce mardi à la Cour d’appel de Luxembourg avec le volet civil de l’affaire de Jalal M. Le quadragénaire qui avait violemment frappé la fille de son ex fin 2018 à la sortie du bus à l’arrêt Terres-Rouges à Esch-sur-Alzette avait été condamné à une peine de 20 ans de prison ferme en première instance. Peine confirmée à l’issue du procès en appel. Pour la partie civile, l’affaire a été refixée à la date de mardi. Ce volet n’avait pas pu être débattu lors du procès début mars, car quelques heures avant l’audience, l’avocat de la famille de la victime avait déposé son mandat. Afin d’évaluer le préjudice de la victime, les premiers juges avaient ordonné une expertise. Cinq membres de sa famille, qui s’étaient également constitués parties civiles, s’étaient vu allouer 46 000 euros au titre du préjudice moral.
La victime, qui suit toujours des soins, a demandé la confirmation du jugement de première instance. Idem pour les membres de sa famille. L’avocat du prévenu s’est rapporté à prudence du tribunal et a demandé la réduction à une juste proportion de la somme accordée en première instance aux parties civiles. Le représentant du parquet s’est, quant à lui, rapporté à la sagesse de la cour. Jalal, sorti de Schrassig où il purge sa peine, s’est excusé. «Je suis prêt à payer chaque mois une partie, mais c’est trop d’argent. Je ne peux pas», indique-t-il, demandant que la somme soit réduite. Le prononcé est fixé au 22 juin.
Au moins huit coups de marteau
Le matin du 2 novembre 2018, une jeune femme de 30 ans s’écroule non loin de l’arrêt de bus Terres-Rouges à Esch-sur-Alzette. Elle vient d’être attaquée par Jalal M. alors qu’elle se rendait à son travail. Suivent trois semaines de coma et de graves blessures dont les séquelles la handicaperaient aujourd’hui encore. Selon les experts, elle saurait été frappée à huit reprises au moins avec un marteau. L’auteur des coups avait pu être rapidement retrouvé par la police grâce à des témoins. Il s’agissait de l’ancien compagnon de la maman de la victime. Le quadragénaire s’était enfui en laissant le marteau sur les lieux de son crime.
Jalal M avait suivi sa victime depuis Luxembourg ou il avait embarqué dans le même bus qu’elle. Il lui avait demandé d’intervenir auprès de sa mère pour qu’elle retire une plainte déposée contre lui pour tentative d’étranglement. La jeune femme avait refusé. Pas très rassurée, elle avait appelé son petit ami avant de monter à bord du bus.
Sous l’empire de la cocaïne au moment des faits, celui qui n’en est pas à son premier séjour en prison aurait très mal pris le refus de la jeune femme et le ton employé pour lui demander de partir. «Je n’ai plus eu envie d’aller au travail. J’ai pris le bus pour Esch pour aller chercher de la drogue. En descendant du bus, elle m’a regardé méchamment. J’ai perdu le contrôle. J’ai pris le marteau et j’ai frappé», avait-il expliqué à la barre de la 13e chambre criminelle en première instance. Le marteau utilisé faisait partie de ses outils de travail.
En première instance, les parties civiles avaient réclamé près de 440 000 euros de dommages et intérêts, dont 305 000 euros pour la victime dont la «vie est complètement ruinée» depuis cette date. «Elle souffre non seulement de maux de tête et de vertiges, mais elle a aussi perdu le goût et l’odorat. Lorsqu’elle mange, elle ne sent pas la différence entre une patate ou une glace», avait indiqué à l’époque son avocat. Pour le parquet, il n’y avait guère de doute possible : non seulement Jalal M. avait l’intention de tuer, mais c’était aussi un «acte prémédité».
Sophie Kieffer